Biographie de Stephane Mallarmé.
« Ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers, c’est avec des mots ».
Stéphane Mallarmé naît le 18 mars 1842 à Paris au sein d’une famille de fonctionnaires dévoués depuis plusieurs générations au service de l’État. Numa Mallarmé est ainsi sous-chef à l’Administration de l’Enregistrement et des Domaines. Le 14 juin 1841, il épouse Élisabeth Desmolins, dont le père est employé dans son service. Le couple aura deux enfants. La sœur de Stéphane, prénommée Maria, naît le 25 mars 1844. Avec le décès accidentel de leur mère, le 2 août 1847, au retour d’un voyage en Italie, les deux enfants sont élevés par leurs grands-parents maternels.
En 1852, Stéphane Mallarmé entre à Auteuil dans une pension religieuse. Il se sent alors marginalisé dans l’institution, fréquentée par les fils de famille. Quelques années plus tard, le 15 avril 1856, l’adolescent est inscrit au Lycée de Sens, ville où réside son père. Il effectuera toute sa scolarité secondaire dans l’établissement. En dehors de ses cours, qui ne le passionnent guère, Stéphane Mallarmé rédige quelques vers. Pendant l’été 1859, il écrit ainsi un long poème en deux parties, « Sa fosse est creusée, Sa fosse est fermée », réminiscence d’une disparition qui le marque profondément, celle de sa sœur Maria au mois d’août 1857.
Enfin reçu bachelier, le 8 novembre 1860, Mallarmé, suivant en cela le cursus familial, entre en tant que surnuméraire à l’Enregistrement, à Sens. Toujours épris de littérature, le jeune homme s’imprègne à cette époque de l’œuvre poétique de Théophile Gautier et surtout des « Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire. Dans les années qui suivent, Mallarmé se lie d’amitié avec un jeune professeur de littérature, Emmanuel des Essarts, nommé récemment au Lycée de Sens. Celui-ci le distrait par sa conversation de cette morne et pesante vie de fonctionnaire provincial.
Alors qu’il commence à publier quelques-unes de ses œuvres dans de modestes revues littéraires, Mallarmé fait la connaissance d’une jeune allemande, Maria Gehard, demoiselle de compagnie dans une riche famille de la bourgeoisie locale. Ensemble, les deux amants effectuent plusieurs séjours en Angleterre, en 1862 puis en 1863, se mariant bientôt dans la capitale londonienne, le 10 août de cette dernière année. Le 17 septembre suivant, Mallarmé obtient son certificat d’aptitude à l’enseignement de l’anglais. Au mois de novembre 1863, il est alors nommé au Lycée de Tournon, en Ardèche, où le couple s’installe, au 19 de la rue Bourbon. Une fille, Geneviève, naît quelques temps plus tard, le 19 novembre 1864.
L’enseignant poursuit son activité littéraire. En 1864, chez des amis communs, il fait bientôt la connaissance de Frédéric Mistral puis de Villiers de l’Isle-Adam. Mallarmé, chahuté pendant la journée par ses élèves, se réfugie le soir venu dans l’écriture. Il s’emploie ainsi à la rédaction « d’Hérodiade ». Le 12 mai 1866, le Parnasse contemporain publie dix de ses poèmes. Nommé au Lycée de Besançon puis à Avignon où il fréquente les représentants du Félibrige, Stéphane Mallarmé entame à cette époque une correspondance avec Paul Verlaine. C’est alors que le poète connaît des problèmes de santé. Son état neurasthénique rend bientôt nécessaire une mise en congé de longue durée qu’il sollicite auprès de ses supérieurs le 20 janvier 1870.
Installé maintenant à Paris, au 3 de la rue Vivienne, Hôtel des Étrangers, Mallarmé est contraint après quelques mois de repos de reprendre son métier de professeur d’anglais. Le 25 octobre 1871, il est nommé chargé de cours au Lycée Fontanes (actuel Lycée Condorcet). Résidant à présent dans la capitale, le poète ne se mêle que peu à la vie littéraire. Il fait néanmoins la rencontre d’Arthur Rimbaud, que lui présente son ami Verlaine, puis d‘Émile Zola. De nombreux autres écrivains lui témoignent également leur soutien, parmi lesquels Leconte de l’Isle, José Maria de Heredia, Théodore de Banville ou Catulle Mendés. Après sept années de silence, Mallarmé se remet alors à la poésie pendant l’été 1873.
L’année suivante, au mois de septembre, il lance une revue, La Dernière Mode, gazette du monde, qui connaîtra neuf livraisons jusqu’au mois de janvier 1874. Le 15 mars 1875, les Mallarmé s’installent au 87, rue de Rome. En 1876 paraît une édition de « L’Après midi d’un faune », qu’avait refusé deux ans plus tôt l’éditeur Lemerre. Le poète travaille également à traduire les œuvres d’Edgar Allan Poe. Celles-ci paraissent, dans La République des Lettres notamment. Mallarmé est affecté par le décès, le 6 octobre 1879, de son fils Anatole âgé de huit ans. Et au Lycée Fontanes, les rapports d’inspection se font de plus en plus durs à son encontre. En 1880 cependant, commencent les « mardis » de la rue de Rome, des soirées au cours desquelles l’écrivain reçoit chez lui d’autres poètes.
Stéphane Mallarmé se trouve désormais investi d’une nouvelle notoriété. Paul Verlaine lui consacre un chapitre dans son étude sur « Les Poètes maudits », qui prend place dans les colonnes de la revue Lutèce à la fin de l’année 1883. Au mois de septembre 1884, paraît « A Rebours », un roman de Joris-Karl Huysmans, dont le héros, des Esseintes, professe une grande admiration pour Mallarmé. Le 6 août 1885, c’est en malmenant l’œuvre de l’écrivain que le critique Paul Bourde s’en prend aux auteurs dits « décadents » (bientôt nommé « symbolistes » à l’invitation de Jean Moréas), dans un article publié dans le journal Le Temps. Au cours de ces années, Mallarmé, le poète « incompréhensible » fait la connaissance de l’actrice (et courtisane) Méry Laurent, dont il devient bientôt l’intime.
D’avril à octobre 1887, est publié un recueil de ses poèmes, sobrement intitulé « Poésies », qui offre au public un large choix de ses textes. Stéphane Mallarmé occupe maintenant une place importante dans le monde des lettres. Il complète son activité d’écrivain en donnant à La Revue indépendante des articles de critique. Ses « mardis » sont maintenant fréquentés, outre la présence des symbolistes, par les poètes de la jeune génération, Pierre Louys, Paul Valéry ou André Gide entre autres. En 1891, Mallarmé fait paraître « Pages », un volume où est rassemblée la quasi-totalité de ses poèmes en prose. Il préside maintenant à de nombreuses manifestations littéraires, au banquet de La Plume qui réunit les écrivains en vogue notamment.
L’année suivante, le 1er octobre, Mallarmé reçoit enfin à son domicile son arrêté de mise à la retraite. Celle-ci est vécue comme une délivrance par l’enseignant. En 1894, paraît un recueil de morceaux choisis, « Vers et Proses ». Le 22 décembre de la même année a lieu à la Société nationale de musique la première audition du « Prélude à l’après-midi d’un faune », mis en musique par Claude Debussy. Le 27 janvier 1896 enfin, Stéphane Mallarmé est élu prince des poètes. L’année suivante voie la sortie en librairie de « Divagations », qui rassemble l’essentiel de ses articles de critique.
Le 8 septembre 1898, le poète est soudain pris par un accès de suffocation. Le lendemain matin, Stéphane Mallarmé décède à Valvins d’un spasme de la glotte. Son corps est inhumé au cimetière de Samoreau, en Seine-et-Marne.
Sa maison à Vulaines sur Seine.
C’est à quelques kilomètres de Fontainebleau, au Pont de Valvins, sur la commune de Vulaines que se trouve le musée départemental Stéphane Mallarmé. Il a ouvert ses portes au public en 1992.
Professeur d’anglais enseignant à Paris à partir de 1871, Stéphane Mallarmé découvre cette maison en 1874. Il la loue pour y séjourner régulièrement à Pâques, l’été et à la Toussaint… Très attaché à ce lieu, il effectue même d’importants travaux après sa retraite en 1893, afin de s’y installer définitivement. Il y meurt le 9 septembre 1898. Inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1946, la maison reste la propriété des héritiers du poète jusqu’en 1985, date à laquelle elle est achetée, avec son mobilier et sa bibliothèque, par le Département de Seine-et-Marne.
Entièrement rénovée par l’architecte Bruno Donzet, la maison comporte aujourd’hui deux espaces ouverts au public : au premier étage, on visite les appartements de Mallarmé, sa chambre, avec sa bibliothèque anglaise, différents objets et photographies, son châle, et la vue sur la Seine à laquelle il tenait tant. La salle à manger montre la « table des mardis littéraires », autour de laquelle s’assirent des artistes célèbres, ainsi que la pendule de Saxe. La chambre de Madame Mallarmé, le cabinet japonais du poète, complètent cette atmosphère intime et sereine.
Au rez-de-chaussée, une bibliothèque et des expositions temporaires. Lieu de mémoire rassemblant des souvenirs du grand poète symboliste, ce musée restitue l’atmosphère et l’ambiance qui régnaient à son époque. Les décors, les lumières et les meubles sont ceux de Mallarmé et les pièces dans lesquelles il vécut ont été reconstituées à l’identique ainsi que son jardin, conçu à partir des tracés au sol, qui comprend un espace consacré aux fleurs (nombreuses variétés de roses, clématites,…)et un verger de plein vent. L’on peut s’y reposer et en rapporter, en septembre, des pommes.
Outre l’univers de Mallarmé, ce musée présente les oeuvres de ses amis peintres et sculpteurs ainsi que des expositions temporaires.
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LOCALISATION DE LA MAISON :
Comme Mallarmé, Fantasio fait également –et fréquemment– des spasmes de la glotte ! Surtout des spasmes orvaliens ! 😉
« Ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers, c’est avec des mots ». Voila une affirmation bien stupide ! Il faut les deux mon général.
Bon, à part ça j’ai de lointain souvenirs de la poésie de Mallarmé… et ils sont plutôt bons.
La maison est assez quelconque. 😉
Que je parle ou me taise cela ne tiens qu’à toi:
Ami n’entre pas sans désir !
Eh bien, la maison quelconque, j’en veux bien! Quelques meubles rustiques à la place des meubles-musée et hop, voici un vrai coin de paradis!
J’aime beaucoup Mallarmé, je continue à aimer me promener dans ces maisons d’écrivains et rêver à les voir là en train de vivre…
Il suffit d’enlever le figé du côté musée, et les balades commencent;
bonne journée
Claude
Le lieu reste émouvant pour les amis du poète. Le petit portail, le jardin, la façade, tout ça n’a pas changé. Ni le banc de pierre où Stéphane s’asseyait à côté de Julie Manet (la fille de Berthe Morisot), de ses cousines Paule et Jeannie (qui allait épouser Paul Valéry).
Une rareté depuis peu sur le Net, un extrait de mise en scène d’Hérodiade. Mallarmé a travaillé ce poème, qu’il avait commencé dans sa jeunesse, jusqu’à ses derniers jours mais sans pouvoir l’achever. Nous voyons ici la scène du miroir. La mise en scène est signée « Louis Latourre » mais les acteurs ne sont pas nommés (?).
Bonne surprise, après Hérodiade le Faune :
Merci pour ces belles découvertes 🙂