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Apollinaire Guillaume

Guillaume Apollinaire – Le Vesinet

Biographie de Guillaume Apollinaire.

 

apollinaire

« Je veux vivre inhumain, puissant et orgueilleux,puisque je fus créé à l’image de Dieu ».

 

Guglielmo Alberto Kostrowitzky naît à Rome, le 26 août 1880. Sa famille cependant est d’origine polonaise. Son grand-père, Apollinaire Kostrowitzky, d’illustre ascendance aristocratique, quitte le domaine familial, aux environs de Minsk, pour participer à la guerre de Crimée. Blessé en 1855 lors du siège de Sébastopol, l’officier, pensionné désormais par le tsar, se marie à une jeune italienne, Julia Floriani. Celle-ci lui donne une fille prénommée Angelina Alexandrina, en 1858. Commence à cette époque pour les Kostrowitzky une longue période d’errance, de dénuement, de mésentente conjugale, en Europe.

Apollinaire Kostrowitzky échoue dans la ville des Papes, avec sa fille, en 1866. Celle-ci entre au couvent des Dames françaises du Sacré-Cœur. Après y avoir reçu une éducation religieuse, la jeune femme quitte l’institution en 1874, à l’âge de vingt ans, pour indiscipline. Quelques années plus tard, en 1880, un enfant lui naît, fruit d’une liaison avec un officier, Francesco Flugi d’Aspermont. Le petit Guglielmo aura un frère, prénommé Alberto, en 1882. Ensemble, ils passent leur petite enfance en Italie.


En 1887 cependant, Angelina Kostrowitzky et ses deux fils s’installent à Monaco. Guillaume effectue ses études au collège Saint-Charles, de 1887 à 1895, année de sa fermeture, puis au collège Stanislas de Cannes au cours des deux années qui suivent, et enfin au lycée de Nice en 1897. Pieux – il effectue sa première communion en 1892 – et studieux, l’étudiant montre des dispositions pour la littérature et les arts. Cependant, il n’obtiendra pas le Baccalauréat.


Au printemps 1899, les Kostrowitzky, couverts de dettes, arrivent à Paris. Angelina, qui se fait appeler Olga à présent, ne bénéficie plus des subsides que lui versait son père, devenu Camérier – Officier de la Chambre – du Pape. Dans la capitale, Guillaume Kostrowitzky mène une vie laborieuse, prêtant sa plume à divers écrivaillons, avant de faire ses débuts journalistiques à Tabarin, une feuille politico-satyrique. A partir du mois d’août 1901, il effectue un long voyage en Allemagne, qui le mène jusqu’à Berlin. Le jeune homme a en effet été engagé par Madame de Milhau, pour être le précepteur de sa jeune fille. Le périple se poursuit au cours du printemps 1902, époque pendant laquelle le jeune homme découvre Prague, Munich, Vienne.


Son contrat achevé, Guillaume Kostrowitzky est de retour en France. Quelques-uns de ses contes sont alors publiés par La Revue blanche : « L’Hérésiarque » en mars, « Le Passant de Prague » en juin. Celui qui prend à cette époque le pseudonyme de Guillaume Apollinaire collabore également à La Grande France, à L’Européen, une revue de politique internationale, ainsi qu’à La Revue d’art dramatique. Dans cette dernière feuille, il assure une chronique des publications périodiques. Au mois de novembre 1902, Apollinaire fonde sa propre revue, Le Festin d’Ésope, toute entière consacrée à la poésie. Celle-ci aura neuf livraisons. Grâce à Max Jacob, il fait à cette époque la connaissance de Picasso, Vlaminck, Derain. En ces années 1903 et 1904, Apollinaire rejoint aussi fréquemment à Londres Annie Playden, une jeune anglaise rencontrée alors qu’il était auprès de Madame de Milhau. Sans grand succès amoureux cependant.


Résidant au Vésinet, le poète fréquente de plus en plus Montmartre, où il s’installe en 1907, abandonnant au passage son emploi dans une banque pour vivre de sa plume. La même année, Guillaume Apollinaire fait la rencontre de Marie Laurencin, à qui l’unira au cours des cinq années suivantes une liaison orageuse et discontinue. Le poète publie beaucoup à présent, dans diverses revues, et en particulier dans les pages de La Phalange, dédiée au mouvement néo-symboliste, en 1908. Son premier livre, « L’Enchanteur pourrissant », parait l’année suivante, qui fait néanmoins suite aux « Onze Mille Verges », un roman érotique qui circule sous le manteau dans Paris. Vient ensuite « L’Hérésiarque et Cie », un recueil de contes, en 1910, le « Bestiaire ou cortège d’Orphée » en 1911.


Celui, qui a servi de modèle au Douanier Rousseau en 1910, se fait critique d’art dans L’Intransigeant, ce qui lui assure quelques revenus réguliers. Dès le 1er avril 1911, Apollinaire anime également la rubrique « La Vie anecdotique » dans le Mercure de France. A l’automne cependant le poète est incarcéré une semaine durant à la Santé. Il est en effet accusé de complicité de vol pour avoir restitué des statuettes dérobées au Louvre par Géry Pieret, qu’il hébergeait jusque là. Après la disparition de La Joconde dans le même musée, l’opinion cherchait en effet un coupable. Au mois de février 1912, paraît le premier numéro des Soirées de Paris, consacrées à l’art moderne. Seize autres suivront jusqu’au mois de juin 1913, année où paraît « Alcools », le premier grand recueil du poète.


Guillaume Apollinaire effectue quelques séjours en Normandie, à La Baule puis à Deauville. Il est de retour à Paris à l’annonce de l’imminence d’une mobilisation générale, et y rencontre Louise de Coligny-Chatillon, « Lou ». Désireux de s’engager, Guglielmo Kostrowitzky passe le conseil de révision à fin du mois de novembre. Le 5 décembre 1914, le poète est incorporé au 38ème régiment d’artillerie de campagne à Nîmes. Deuxième cannonier-conducteur, il est admis à un peloton d’élève-officiers créé à l’intérieur du régiment. Le 2 janvier 1915, de retour d’une permission passée à Nice, le poète rencontre dans le train Madeleine Pagès, une nouvelle liaison commence pour le poète. Au mois d’août 1915, la jeune femme deviendra sa fiancée.


Le 4 avril 1915 enfin, c’est le grand départ pour le front. Deux jours plus tard, il est à Mourmelon-le-Grand. Brigadier, Apollinaire est désigné comme agent de liaison. Son régiment est ensuite transféré aux Hurlus, puis près de Perthes. Nommé maréchal des logis, il occupe à présent les fonctions de chef de pièce. Le 1er novembre 1915 cependant, pour pallier au manque d’officiers dû aux pertes, Apollinaire est transféré dans l’infanterie comme sous-lieutenant et est affecté, le 20 novembre, au 96ème Régiment de ligne. En première ligne, il connaît à présent la vie des Poilus, dans la tranchée, face à l’ennemi. Ayant obtenu une permission, l’officier est à Oran, chez Madeleine Pagès depuis le 26 décembre jusqu’au 11 janvier 1916. De retour sur le front, Apollinaire est à Damery, en seconde ligne, quand, le 9 mars, il prend connaissance de la publication de son décret de naturalisation.


Quelques jours plus tard, le 14 mars 1916, l’officier monte en ligne avec son unité au Bois-des-Buttes, dans le secteur de la vallée de l’Aisne, au nord-ouest de Reims. Le 17, il est blessé à la tête d’un éclat d’obus qui perce son casque. Alors qu’il est évacué vers le Val-de-Grâce, un abcès provoque des paralysies partielles, son état nécessitant une trépanation. L’opération est un succès, mais suit une longue convalescence à l’hôpital du Gouvernement italien du quai d’Orsay. Au cours de cette période difficile, Apollinaire s’éloigne de Madeleine Pagès. Au mois d’octobre 1916, le « Poète assassiné » est publié, Avec ce recueil de nouvelles, le poète fait sa rentrée littéraire, ses amis profitant de l’évènement pour organiser un banquet en son honneur, le 31 décembre suivant.


L’année 1917 est particulièrement féconde. Les « Mamelles de Tirésias » paraissent le 24 juin, puis, en novembre, « Vitam impendere amori ». Apollinaire prépare également une édition de ses « Calligrammes », auxquels il travaillait déjà avant la déclaration de guerre, et qui parait au mois d’avril 1918. Toujours tenu par ses obligations militaires, le poète est affecté au Bureau de Censure, jusqu’en avril 1918, moment où le ministre des Colonies Henri Simon le prend à son service dans son cabinet. Le 1er janvier 1918, Apollinaire est atteint d’une congestion pulmonaire. Hospitalisé à la villa Molière, transformé en hôpital, le poète y demeurera deux mois. Quelques temps plus tard, le 2 mai, il se marie à Louise Emma Kolb.

 


Atteint par la grippe espagnole, le poète décède le 9 novembre 1918. Il est inhumé le 13, au Père-Lachaise, alors que dans les rues de la capitale, les Parisiens fêtent l’armistice et la victoire sur l’Allemagne de Guillaume II.

 

 

Sa maison au Vesinet.

 

La commune du Vésinet se trouve au milieu d’un méandre de la Seine, sans accès au fleuve, à 19 kilomètres à l’ouest de Paris et à quatre kilomètres à l’est de Saint-Germain-en-Laye. Guillaume Apollinaire y a résidé, de 1904 à 1907, au 8, boulevard Carnot. Né à Rome en mai 1880, il avait alors vingt-quatre ans.

En fait, il était hébergé par sa mère, la comtesse polonaise de Kostrowitzky, qui avait loué au début de l’été 1904 une villa appartenant à un artiste lyrique, Charles-André Royer, et y vivait avec son ami du moment, Jules Weil, employé à la Banque de l’Ouest, place du Havre, face à la gare St-Lazare et son plus jeune fils, Albert, né, lui aussi, à Rome. Etranger à la vie des lettres, ce jeune homme devait s’embarquer en 1912 pour le Mexique où, sans avoir fait parler de lui, il mourrait du typhus, quelques mois après son frère Guillaume et leur mère. La location de la villa du 8, boulevard Carnot était faite au nom de celle-ci qui y vécut jusqu’à sa mort en 1919.

 

« Au Vésinet, écrit Pierre-Marcel Adéma, Madame de Kostrowitzky donna toute la mesure de son original caractère et de ses humeurs fantasques. La villa qu’elle occupe est spacieuse, deux étages, atelier vitré, terrasse sur le boulevard, vastes communs, parc garni de beaux arbres, avec un bassin surmonté d’un petit pont rustique. Bientôt, elle fera combler le bassin, brûler le ponceau dans le calorifère, abattre un grand chêne dont elle trouva l’ombre excessive, envoyant promener le propriétaire qui s’est permis quelques observations« .

Il s’agit d’une construction brique et pierre assez soignée, à peu près abandonnée aujourd’hui semble-t-il, cernée par des pavillons élevés plus récemment aux dépens de son parc, réduit, en façade, à quelques mètres. Plus de soixante ans ont passé et s’il leur était donné de revivre, ni le propriétaire ni l’irascible locataire ne s’y retrouveraient.

 

« Selon son état de fortune, le couple engage une domestique ou la renvoie, à moins que les subits emportements, facilement suivis de voies de fait de Madame de Kostrowitzky ne provoquent le départ prématuré de la servante. Si le caractère paisible de son frère s’accommode de l’humeur de leur mère, Guillaume ne réagit pas de même et, déjà très indépendant, il ne séjourne au Vésinet que le strict nécessaire. En semaine, il ne s’y rend que le soir fort tard s’il n’a pas trouvé asile chez l’un ou l’autre de ses amis. Le dimanche, il s’échappe vers la campagne environnante…« 

La campagne environnante, c’est la boucle de la Seine, le pont de Chatou, la Grenouillère, rendez-vous de peintres et de canotiers. Joyeux compagnon, le jeune Guillaume s’y fait des amis, lesquels ont nom André Derain et Maurice de Vlaminck. D’autre part, ses allées et venues ferroviaires du Vésinet à Paris lui valent (la fréquentation des cafés des environs de la gare St-Lazare lui plaisant davantage que celle des salles d’attente) de faire la connaissance de Pablo Picasso et de l’écrivain Max Jacob.

On peut penser que c’est grâce à son séjour au Vésinet que ce fils naturel d’une aventurière russo-polonaise et d’un brillant militaire italien qui ne l’a pas reconnu, a vu sa carrière littéraire prendre son orientation définitive, orientation dont Montmartre d’abord, Montparnasse ensuite confirmeront le caractère ultra fantaisiste et feront de lui le chantre de toutes les avant-gardes artistiques.

 

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Site officiel Guillaume Apollinaire.

Page de Jean Michel Maulpoix.

 

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