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Bernhardt Sarah

Sarah Bernhardt – Belle Ile en Mer

Biographie de Sarah Bernhardt.

SarahBernhardt

« Il faut haïr très peu, car c’est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup, pardonner souvent, mais ne jamais oublier ».

Henriette Rosine Bernhardt est née le 22 octobre 1844 à Paris. Sa mère, une courtisane d’origine hollandaise, confie très tôt l’enfant à une nurse, en Bretagne. Sarah y reçoit peu de visites de ses parents. A l’âge de sept ans, elle est placée en pension avant d’entrer au couvent des Grands-Champs, à Versailles. L’adolescente apprécie cette existence de recluse et la chaleur de la vie en communauté parmi les religieuses, à tel point qu’elle songe bientôt à prendre le voile. En 1858 cependant, lors de la visite effectuée au couvent par l’archevêque de Paris, son interprétation de l’ange Raphaël dans une pièce de théâtre écrite par une des sœurs en l’honneur du prélat est remarquée.

Le comte de Morny, haut dignitaire du Second Empire et ami de sa mère, lui suggère de décider Sarah à se lancer dans une carrière d’artiste. En 1859, celle-ci entre au Conservatoire après avoir fait le choix incongru, lors de l’épreuve d’admission, de réciterLes Deux Pigeons, une fable de La Fontaine. Cependant, son apprentissage de l’art de la comédie ne s’effectue pas sans heurts avec ses professeurs. Enfin, en 1851, Sarah obtient le second prix de tragédie grâce à son interprétation de Zaïre, une œuvre de Voltaire. L’année suivante, un premier accessit de comédie lui est également décerné.

Avec l’appui de Camille Doucet, ministre des Beaux-Arts à l’époque, Sarah Bernhardt entre en 1862 à la Comédie Française. L’actrice débute sur les planches le 1er septembre lors d’une représentation dIphigénie de Racine. Elle quitte cependant l’institution l’année suivante, après avoir giflé une autre actrice … Sarah Bernhardt s’essaie alors dans des œuvres plus légères de vaudeville au Théâtre du Gymnase. Elle connaît bientôt le succès en 1869 au théâtre de l’Odéon en interprétant le rôle de Zanetto dansLe Passant, une pièce de François Coppée. Les succès se suivent alors. L’actrice brille de nouveau dans une œuvre de Racine, Phèdre, puis dansHernanide Victor Hugo. Ruy Blas du même auteur, joué quelques temps plus tard, lui assure son premier triomphe parisien grâce à sa prestation dans le rôle de la reine d’Espagne.

Les multiples idylles de la comédienne avec les hommes en vue du tout-Paris alimentent alors les chroniques. De ses liaisons amoureuses naît le 22 décembre 1864 un fils unique, Maurice. Afin de préserver son indépendance, Sarah Bernhardt choisit pourtant le célibat et l’indépendance. Pendant le siège de Paris, elle se dévoue auprès des blessés. En 1872, la comédienne quitte l’Odéon et est bientôt de retour au sein de la Comédie française. Elle devient sociétaire de l’institution en 1875. Pourtant Sarah Bernhardt se heurte au directeur de l’époque, Émile Perrin. Celui-ci ne parvient qu’à grand peine à s’imposer auprès de l’actrice qui multiplie les caprices. Son statut de vedette de la scène parisienne lui autorise d’ailleurs quelques excès. Émile Perrin n’accorde bientôt plus à l’actrice que des rôles secondaires. La mort d’une de ses sœurs, Régina, affecte alors profondément Sarah Bernhardt. Elle connaît une crise morale. La comédienne prend l’habitude à cette époque de sommeiller dans un cercueil pour se rappeler la fatalité de son destin de mortel au delà de l’illusion que lui procure la gloire.

La Comédie française commence alors une tournée outre-Manche. Celle-ci connaît un franc succès. Sarah Bernhardt est plébiscitée par le public anglais. De retour à Paris, elle doit pourtant subir à nouveau les assauts de la critique. Celle-ci atteint son paroxysme au moment où Sarah doit interpréter Clorinde dans L’Aventurière d’Émile Augier. Ce rôle antipathique ne lui convient guère et la prestation de l’actrice lors de la première est décevante. Elle décide, le 17 avril 1880, de quitter définitivement l’institution. Le 15 octobre suivant, Sarah Bernhardt part pour une nouvelle tournée à l’étranger, aux États-Unis cette fois-ci puis en Russie et dans le reste de l’Europe l’année suivante. A son retour en 1882, elle se marie avec un aristocrate grec, Ambroise Aristide Ramala. Le couple se séparera l’année suivante.

Libérée alors des contraintes précédentes, elle se lance dans l’interprétation de rôles tels que La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils ou Adrienne Lecouvreurd’Augustin Eugène. Ceux-ci lui permettent d’affirmer son jeu d’actrice. Ils laissent place à davantage de féminité et de fantaisie. La sensualité de sa voix et la grâce de son jeu de scène fascine alors les foules. Sarah Bernhardt, adulée, devient une star. Dans les années qui suivent, la comédienne collabore avec un écrivain, Victorien Sardou. Le duo multiplie les drames historiques à succès :Fédora en 1882 au Vaudeville, Théodora en 1884 puisLa Tosca en 1887 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin dont elle prend la direction. Jeanne d’Arcde Jules Barbier en 1890 puis Cléopâtreégalement de Victorien Sardou lui apportent également le succès.

En 1893, Sarah Bernhardt devient la directrice du Théâtre de la Renaissance. Elle crée alors La Princesse lointaine d’Edmond Rostand en 1895 puis Lorenzaccio d’Alfred de Musset, La Samaritaine également d’Edmond Rostand en 1897 et enfin La Ville morte de Gabriele d’Annunzio en 1898. La même année, la comédienne obtient de la mairie de Paris le bail du théâtre des Nations, auquel elle donne bientôt son nom. Elle y joue Hamlet de Shakespeare en 1899. Sarah Bernhardt créée aussi L’Aiglon le 15 mars 1900, une pièce écrite pour elle par Edmond Rostand et pour laquelle elle sacrifie sa chevelure afin de jouer le rôle du duc de Reichstadt. Elle reprend ensuiteAngelo en 1905 puisLucrèce Borgia de Victor Hugo en 1911.

Depuis quelques années, la comédienne participe à l’aventure nouvelle du cinéma muet en reprenant quelques uns de ses succès devant la caméra. L’actrice reçoit la Légion d’honneur le 14 janvier 1914. Elle est amputée d’une jambe en février 1915. Sarah Bernhardt décède à Paris le 26 mars 1923. Celle qui fut la première des stars n’est pas jugée digne des funérailles nationales. Cependant 30.000 Parisiens viennent se recueillir devant son cercueil dans son hôtel du boulevard Pereire. De nombreuses personnalités se retrouvent dans le cortège funèbre qui parcourt les rues de la capitale trois jours plus tard. Celle que l’on surnomme « la Divine » était parvenue grâce à son talent et malgré les frasques de son existence à donner de la respectabilité à la profession de comédienne.

Sa maison à Belle Ile en Mer.

Merci à Nathalie pour cette photographie illustrant parfaitement la beauté du lieu.

Belle-Ile-en-Mer, la pointe des Poulains, son phare. Ce lieu magique fait le bonheur de bien des photographes et d’amoureux. Sauvage, il semble indomptable.

Tombée amoureuse de Belle-Île , Sarah Bernhardt a passé vingt-neuf étés à l’extrême nord-ouest de l’île dans un ancien fort militaire qu’elle a réaménagé.

Réhabilités, le fort et la maison proposent un voyage poignant et drôle dans la vie de la tragédienne. Une évocation unique en France.

 

« La première fois que je vis Belle-Île, je la vis comme un havre, un paradis, un refuge. J’y découvris à l’extrémité la plus venteuse un fort, un endroit spécialement inaccessible, spécialement inhabitable, spécialement inconfortable. et qui, par conséquent, m’enchanta ».

1894, Sarah Bernhardt a le coup de foudre pour la pointe des Poulains, site sauvage à la proue de Belle-Ile-en-Mer, dans le Morbihan. La tragédienne achète en une heure le sombre fortin qui s’y trouve. Dès 1896, elle y passe ses étés, entourée de sa famille, de ses amis et de ses animaux.

Sa présence et l’empreinte profonde qu’elle laissa revivent depuis l’été 2007 grâce au musée qui a ouvert ses portes. Une initiative du Conservatoire du littoral, qui a acquis le site en 2001 pour le protéger. Victime de sa notoriété, la pointe des Poulains souffrait de la surfréquentation: 18 000 visiteurs par an, dont 50 % en été. Raviné, défiguré par les cars qui venaient y stationner, le site se dégradait, s’érodait tandis que les villas de la comédienne, fermées au public, se délabraient.

« Dès qu’on a acheté les 12 hectares, on s’est engagé à allier restauration du site naturel et valorisation du patrimoine culturel »,explique Denis Bredin, délégué Bretagne du Conservatoire. Pour ce chantier entre culture et nature, une équipe pluridisciplinaire est missionnée dès 2002, avec le muséographe Guy Brun, le paysagiste Alain Freytet et la sociologue Hélène Dubois de Montreynaud. Résultat, en 2007: un cheminement dramaturgique sur l’extraordinaire scène naturelle des Poulains, un musée qui se fond dans la nature.

Le parking, situé initialement sur une terrasse de bitume, au plus près du phare, défigurait le site. Désormais repoussé de 250 mètres à l’intérieur des terres, il s’incruste entre des tamaris. De là, on accède à la villa Lysiane, que la comédienne fit bâtir pour ses proches. Une demeure discrète qui accueille le visiteur avec une petite exposition. Les travaux menés pour revitaliser le site y sont retracés, l’incroyable personnalité de celle qui fut surnommée « la Dame des Poulains » est esquissée avec finesse. « Nous n’avions pas d’objets lui ayant appartenu », précise Guy Brun.« Tout ici est reconstitué d’après les photos et les livres ».Une robe longue et blanche, une brassée de camélias pour évoquer celle qui incarna l’héroïne de Dumas.

Dès qu’on émerge du bosquet de tamaris, on est happé par le panorama : la lande à perte de vue, avec au loin le phare, la côte très découpée, le gris acier de l’eau, le noir des rochers. La houle frappe sans relâche les rochers.

La villa des Cinq parties du monde. Lovée dans le relief, elle ne perturbe pas la ligne d’horizon. Elle aussi a été bâtie pour les parents et amis de l’actrice. A l’intérieur, c’est Lysiane, la petite fille chérie de Sarah Bernhardt, qui prend la parole pour guider le visiteur. Un texte librement composé à partir du livre de souvenirs de Lysiane, publié en 1945, ainsi que de ceux du compositeur Reynaldo Hahn, grand ami de Sarah Bernhard, et dit par Fanny Ardant.

Douze scènes composent un petit spectacle, qui témoigne de la vie de la divine à Belle-Ile, du coup de foudre de 1894 jusqu’à la vente en 1922, quelques mois avant sa mort, avec notamment l’arrivée en grande pompe chaque mois de juin : après plusieurs heures de train et de traversée, l’équipée débarquait à Palais ou directement à la pointe des Poulains. Sarah, sa robe blanche et son grand chapeau ; près d’elle, son secrétaire, Georges Pitou ; sa dame de compagnie Suzanne Seylor ; ses amis, artistes, peintres ; sa famille bien sûr. Dans ses bagages, des compagnons des plus étranges : un singe, un boa, et le crocodile qui dévora Hamlet, l’un des chiens et finit empaillé au-dessus de sa chambre.

La vie à Belle-Ile est douce et animée. On y pêche, on y cuisine, on se dore au soleil. On reçoit, beaucoup. Des invités prestigieux, parmi lesquels le roi Édouard VII d’Angleterre. Excentrique, elle fit creuser des bassins et apporter des grenouilles du continent pour les entendre croasser à la nuit tombée. Mais ne croyez pas que Sarah Bernhardt et les siens s’isolent des Belle-Ilois. La « Bonne dame de Penhoët », comme l’appelle affectueusement la population, est sensible aux difficultés des habitants. Elle finance même une boulangerie coopérative.

En 1944, les Allemands raseront le manoir de Penhoët qu’elle avait acquis. Les uns disent que c’est parce qu’il constituait un point stratégique par rapport à la poche de Lorient. Les autres penchent plutôt pour une vengeance, car la dame affichait sa germanophobie et se prétendait juive, bien qu’ayant été baptisée dans la religion catholique.

La tragédienne, qui a marqué l’histoire du théâtre par ses interprétations et sa forte personnalité, aimait « venir chaque année dans cette île pittoresque, goûter tout le charme de sa beauté sauvage et grandiose ». Elle y puisait, « sous son ciel vivifiant et reposant, de nouvelles forces artistiques ». Malgré la souffrance et l’amputation d’une jambe, en 1915.

La visite terminée, on ouvre la porte. Dans le cadre s’encastre le phare des Poulains.

Le sentier conduit jusqu’au fortin, ce bâtiment dont Sarah Bernhardt s’éprit et où elle fit entrer la lumière en creusant de vastes baies et qu’elle transforma en une chaleureuse résidence. « Le fort de Belle-Ile fut un des endroits les plus exquis de mon existence. Et un des plus confortables, moralement parlant », disait-elle. Vestibule, salon, bureau, chambres, l’intimité des lieux a été minutieusement recréée, à partir de neuf photos seulement. « Sarah Bernhardt a inventé la notion de star, avec son excentricité, ses colères, ses caprices, sa générosité, mais aussi l’attention portée à la maîtrise de son image, les tournées internationales »,commente Guy Brun.

Du fort, le chemin des Poulains mène jusqu’au phare blanc. La route a été remplacée par un chemin, et les zones dégradées par le piétinement ont été revégétalisées. « Les graines sont venues d’elles-mêmes », précise Denis Bredin. « Aujourd’hui, armérie, oeillet maritime et bruyère colorent à nouveau les falaises ». Autour du phare, la cabane du gardien et la boutique de souvenirs ont été rasées, la ligne électrique enlevée au profit de panneaux photovoltaïques. Le site a retrouvé sa pureté, le visiteur peut s’adonner à une contemplation ventée. Car pour expliquer sa passion pour la pointe des Poulains, Sarah Bernhardt la décrivait ainsi: « De l’horizon à perte de vue, et du ciel à perte de vue ».

Elle voulait reposer dans sa chère île, face à la mer comme Chateaubriand sur son Grand Bé, mais c’est au Père Lachaise qu’elle est enterrée depuis 1923. Mais sans nul doute son âme flotte à jamais sur Belle-Ile et la pointe des Poulains.

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Un grand merci à mon ami Oggy pour les photographies de ce lieu remarquable !

La pointe des Poulains.

La jambe de Sarah Bernhardt.


Sarah Bernhardt, surnommée « la voix d’or » par Victor Hugo, ou « la divine » mais aussi « la scandaleuse », considérée par beaucoup comme une des plus grandes tragédiennes française du XIXème siècle fut la première comédienne à avoir fait des tournées triomphales sur les cinq continents, Jean Cocteau inventant pour elle le terme de « Monstre sacré ».


George Sand, femme de lettres française, a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu’elle adopte dès 1829 et dont elle lance aussi la mode. Malgré de nombreux détracteurs elle était au centre de la vie intellectuelle de son époque, accueillant au domaine de Nohant ou à Palaiseau des personnalités aussi différentes que Liszt, Chopin, Marie d’Agoult, Balzac, Flaubert, Delacroix, et Victor Hugo, conseillant les uns, encourageant les autres.


Imaginez une relation épistolaire entre ces deux femmes, où l’on suit avec bonheur l’évolution de leur amitié où chacune livre, parfois avec émotion, souvent avec humour, ses états d’âme.C’est ce qu’a fait Maguy Gallet Villechange, dans cette double biographie maquillée en correspondance, extrêmement fidèle et parfaitement documentée.Un splendide hommage à deux artistes talentueuses, mais surtout à deux femmes pleines de vie.

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Livre disponible à la vente sur le site de la « Société des écrivains » ou en librairie.

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