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Barbey d’Aurevilly Jules

Jules Barbey d’Aurevilly – Saint Sauveur le Vicomte

Biographie de Jules Barbey d’Aurevilly.

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« Il y aura toujours de la solitude pour ceux qui en sont dignes ».

Jules Amédee Barbey d’Aurevilly naît le 2. novembre 1808, lors d’une partie de whist à l’hôtel particulier de son grand-oncle le chevalier de Montressel à Saint Sauveur-le-Vicomte. L’aîné de quatre frères, il est élevé dans un milieu familial austère, où seuls le salon de sa grand-mère et les contes normands de la servante Jeanne Roussel frappent l’imagination du jeune Jules, le romancier s’en souviendra plus tard. A dix-neuf ans, il part à Paris pour terminer ses études secondaires au Collège Stanislas, où il rencontre le poète Maurice de Guérin, avec qui il se lie d’une grande amitié qui sera brisée en 1839 par la mort de ce dernier.

Reçu bachelier, Jules Barbey  poursuit ses études à la Faculté de droit de Caen. C’est là en 1832 qu’il fait ses premiers pas dans le journalisme avec la Revue de Caen, fondée avec son cousin et le bibliothécaire Trébutien. L’amitié entre Jules Barbey et Trébutien dure, à une intérruption près, jusqu’en 1858, et donne lieu à une importante correspondance littéraire. Dans la Revue de Caen, il publie« Léa »,sa première nouvelle. « Le Cachet d’onyx », écrit à la même époque suite à sa déception amoureuse auprès de Louise Cantru des Costils, ne paraîtra que plus tard.

En août 1833, ayant achevé ses études de droit, il s’installe à Paris grâce à l’héritage du chevalier de Montressel. Il écrit beaucoup, mais ne parvient pas à se faire éditer. Vers 1836, l’évolution politique de Jules Barbey le décide à adopter la particule nobiliaire d’Aurevilly dont sa famille dispose. Reçu dans des salons tels que celui de Madame de Fayet et celui de Madame de Vallon, Jules Barbey d’Aurevilly brille par l’esprit de sa conversation. A l’époque où son frère Ernest se marie et son frère Léon prend la robe,  lui, se façonne un personnage de dandy, inspiré du modèle anglais incarné par Lord Byron et surtout par George Brummell, à qui il consacrera une étude publiée par Trébutien en 1844.

L’écrivain collabore à plusieurs revues, telles que le Nouvelliste et le Globe, et pendant un an, il est rédacteur de la Revue du monde Catholique. Paraissent dans divers périodiques « l’Amour impossible », « la Bague d’Annibal », « les Prophètes du Passé », et « le Dessous de cartes d’une partie de whist », la première « Diabolique ». Dès sa publication en feuilleton, « Une vieille maîtresse »connaît un succès et suscite une polémique qui tous deux étonnent l’écrivain, désormais, il connaîtra rarement l’un sans l’autre.

En 1851, Jules Barbey d’Aurevilly fait la rencontre de la Baronne de Bouglon, qu’il surnomme son « Ange blanc ». Le dandy s’adoucit sous son influence, se réconciliant avec ses parents ainsi qu’avec la pratique religieuse. Le mariage projeté n’aura jamais lieu, mais jusque dans ses vieux jours, Barbey démultipliera les déclarations d’amour à son « éternelle fiancée ».

« L’Ensorcelée », publiée en 1852, affirme de nouveau le caractère régionaliste du romancier. En 1860 parait le premier volume des « Œuvres et des Hommes », la série dans laquelle seront édités, pendant près de cinquante ans, les 1.300 articles de critique historique, politique et littéraire écrits par Jules Barbey d’Aurevilly. « Le Chevalier Des Touches », préparé depuis dix ans sur la demande de Madame de Bouglon, paraît en volume en 1864, suivi de près« d’Un Prêtre Marié », qui attirera la colère de l’Eglise.

La mort, en 1868, de Théophile Barbey, père de Jules, met au jour des dettes qui aboutissent à la vente des propriétés familiales à Saint Sauveur-le-Vicomte. Si Barbey, vieillissant, retourne plus souvent dans son pays natal, il préfère désormais séjourner à Valognes.

L’édition des « Diaboliques » en 1874 entraîne l’auteur dans un procès pour outrage à la morale publique. Le procès qui, selon Barbey, est un prétexte à« faire payer au Romancier la rigueur du Critique »,terminera en un non-lieu, mais Jules Barbey d’Aurevilly attendra huit ans avant de rééditer l’Œuvre.

A près de soixante-dix ans, Barbey est toujours le causeur étincelant, le dandy superbe d’antan et accueille dans son modeste appartement parisien de jeunes admirateurs tels que Léon Bloy et François Coppée. S’il est moins solitaire qu’autrefois, il se montre néanmoins soucieux d’éloigner ceux qui cherchent uniquement à profiter de la renommée dont il dispose maintenant.

En 1879, il rencontre Louise Read, qui deviendra sa secrétaire et qui se consacrera à l’écrivain dans les dernières années de sa vie. C’est elle, légataire universelle de Barbey, qui mènera à terme la publication des« Œuvres et des Hommes ». L’année 1882 voit la publication de la dernière Œuvre romanesque de l’écrivain, « Une Histoire sans nom ». « Ce qui ne meurt pas », publié en 1883, représente la version définitive de« Germaine », écrit en 1835.

Jules Barbey d’Aurevilly, dont la santé s’affaiblit depuis quelques années, s’éteint à Paris le 23 avril 1889, suite à une grave hémorragie. Il a 80 ans.

Saint Sauveur le Vicomte son musée.

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A la mort de Jules Barbey d’Aurevilly en 1889, Louise Read, sa secrétaire, reste en contact avec les amis de l’écrivain normand disparu et conserve son appartement au 25 rue Rousselet à Paris.

En 1909, Louise Read et Georges Lecomte, devenu Président de la Société des gens de Lettres, prennent l’initiative de constituer un Comité pour ériger un monument à la mémoire de Jules Barbey d’Aurevilly à Saint-Sauveur-le-Vicomte. Un buste en bronze réalisé par Auguste Rodin et soutenu par un piédestal en granit dessiné par l’architect Nénot est inauguré le 28 novembre 1909 en présence de Frédéric Masson, membre de l’Académie Française. Un autre buste de Barbey d’Aurevilly réalisé par Louis Alix sera inauguré à Valognes en 1938.

Au début des années 1920, le propriétaire de l’appartement de la rue Rousselet à Paris donne congé à Louise Read et elle se trouve dans l’impossibilité de conserver plus longtemps les manuscrits, le mobilier et tous les souvenirs de Jules Barbey d’Aurevilly. Elle s’adresse alors à Pierre Le Marinel, maire de Saint-Sauveur-le-Vicomte et en fait don à la Ville. Un musée est constitué en 1925. Ce premier musée aménagé à l’étage d’un bâtiment qui se trouve dans la cour basse du Vieux Château est confié à Louis Yver qui sera le premier conservateur du musée. Constitué de deux pièces, ce musée est conçu comme une maison d’écrivain et reprend l’agencement de l’appartement parisien.

L’inauguration du musée donne lieu le 28 juin 1925 à des cérémonies où Henri Bordeaux, représentant de l’Académie Française, célébre « le Walter Scott normand ».

L’année suivante, le 23 avril 1926, les cendres de Barbey d’Aurevilly sont transférées du cimetière Montparnasse au pied du Vieux Château à Saint Sauveur le Vicomte dans un petit cimetière où repose Léon Barbey d’Aurevilly, le frère de Jules.

 Le 1er août 1937, une plaque commémorative est apposée sur la façade de la maison natale de Jules Barbey d’Aurevilly, place du Fruitier. L’inauguration de cette plaque se fera en présence de Georges Lecomte, membre de l’Académie Française et de Léo Larguier de l’Académie Goncourt.

Pendant la Seconde guerre mondiale, le baron Jean de Beaulieu, fondateur de la Société Barbey d’Aurevilly, intervient auprès des autorités allemandes pour éviter la fonte du buste de Barbey d’Aurevilly. Dans les mois qui précédent le débarquement de 1944, le vieux Château devient un lieu d’hébergement pour les prisonniers russes et le musée est réquisitionné par l’occupant. Le maire de l’époque, Ernest Legrand déplace alors les collections du musée dans les combles d’un des immeubles de l’Hospice, bâtiment accolé au donjon et qui ne sera pas épargné par les bombardements. Il ne restera pas grand chose des collections du musée : le mobilier est broyé, les portraits détruits à l’exception de celui de Théophile Barbey, le père de l’écrivain, retrouvé intact. Pierre Leberruyer, manifestant très tôt son intérêt pour la cause aurevillienne, sauvera des décombres des valises contenant des livres, des manuscrits et quelques vêtements et petits objets. Ainsi, les deux volumes reliés des lettres autographes de Barbey d’Aurevilly à Louise Read, les copies manuscrites de la correspondance avec Trébutien et des ouvrages portant des dédicaces de la main de Barbey d’Aurevilly sont sauvés de la destruction.

En 1951, Monsieur Seguin, bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale, est chargé par la Direction des Musées de France de dresser un inventaire de ce qui reste des collections. Puis, en 1953, Auguste Cousin, successeur d’Ernest Legrand, forme un Comité en vue de reconstituer un second musée Barbey d’Aurevilly à Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Après une interruption de douze années, le musée Barbey d’Aurevilly rouvre ses portes le 22 avril 1956 au logis Robessard. L’inauguration est présidée par Henri Larrieu, préfet de la Manche en présence d’éminents représentants des Lettres, en particulier de Jacques de Lacretelle de l’Académie Française. A l’occasion de cette inauguration, Louis Beuve déclame une Ode à Barbey d’Aurevilly en patois normand.

A partir de cette époque apparaît le souci de valoriser le patrimoine touché par les destructions de la guerre. Une attention particulière est portée aux sites aurevilliens et les différents conservateurs qui se succèdent au musée, notamment Roger Marie et Pierre Leberruyer, expriment leur volonté d’enrichir les collections du musée. Louis Yver fait ainsi don au musée de quelques pièces encore en sa possession. En 1959, le buste de Barbey d’Aurevilly réalisé par Zacharie Astruc, pièce de collection du Louvre, est mis en dépôt au musée Barbey d’Aurevilly. En 1961, le précieux manuscrit des « Disjecta Membra »entre au Musée. En 1963, 77 lettres autographes inédites de Barbey d’Aurevilly à Hector de Saint-Maur sont acquises. En 1966, la copie du portrait de Barbey d’Aurevilly réalisé par Emile Lévy et dont l’original est conservé au Musée de Versailles intègre les collections du musée.

En 1989, lors de la commémoration du Centenaire de la mort de Jules Barbey d’Aurevilly, le musée est transféré. En effet, la maison familiale de l’écrivain est acquise à la fin des années 1980. Le 3ème et actuel musée ouvre donc ses portes au 1er étage de la maison familiale située au 64 rue Bottin Desylles à Saint-Sauveur-le-Vicomte.

En 2008, à l’occasion du Bicentenaire de la naissance de Jules Barbey d’Aurevilly, le musée double son espace d’exposition en récupérant le rez-de-chaussée de la maison familiale utilisé jusqu’en 2007 par la Communauté de communes. Les collections sont en cours de numérisation aux Archives départementales de la Manche à Saint-Lô et le musée fermé pour travaux de rénovation et réaménagement complet proposera à partir de juin 2008 une interprétation originale de la vie et des oeuvres de Barbey d’Aurevilly tout en respectant l’historique du musée. 

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Crédit photographique : certaines images utilisées pour illustrer ce billet sont la propriété du blog Photograff réalisé par Miss Yves.

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