William Faulkner – Rowan Oak
Biographie de William Faulkner.
« Les mots sont comme les glands… Chacun d’eux ne donne pas un chêne, mais si vous en plantez un nombre suffisant, vous obtiendrez sûrement un chêne tôt ou tard ».
William Faulkner est né le 25 septembre1897, à New Albany, Missisippi. Il est le plus âgé des quatre fils de Murray Charles Falkner et Maud Butler Falkner. La famille cultive la mémoire de son arrière grand père, « The Colonel » qui était écrivain, avocat, homme politique, entrepreneur et militaire. Juste avant le cinquième anniversaire de William Faulkner, la famille déménage à Oxford, Mississippi. William Faulkner démontre un don artistique dès son jeune âge. Il écrit des poèmes au lycée : son style est romantique, influencé par Burns et Swinburne. Pendant sa jeunesse, il fait la connaissance d’Estelle Oldham, dont il tombe amoureux. Mais elle épousera un autre étudiant, Cornell Franklin, en 1918.
En juin 1918 il commence sa formation à la Royal Air Force au Canada. Il avait essayé d’entrer dans l’armée américaine, mais n’y avait pas été admis, étant jugé trop petit. Afin d’entrer dans la RAF, il se présente comme étant britannique, transformant son nom en « Faulkner » pour lui donner une consonance plus anglaise. Il entame juste sa formation lorsque la guerre s’achève, avant même qu’il n’ait l’opportunité de se battre. Malgré tout il écrira plus tard ses histoires de guerre, se vantera de ses exploits, et posera avec fierté sur des photographies dans son uniforme de la RAF.
En 1919 il s’inscrit à l’université de Mississippi sous le statut spécial de vétéran de guerre. Publiant des poèmes et contes dans le journal du campus The Mississipian, il est également l’un des fondateurs du club dramatique « Les marionnettes » pour lequel il écrit une pièce d’un acte non mise en scène à l’époque. Après seulement trois trimestres d’études, il quitte Ole Miss, en 1920.
Il écrit alors de la prose et de la poésie, exerçant en même temps avec insouciance plusieurs métiers alimentaires. Receveur des postes à l’université, il oublie les lettres et passe la plupart du temps à jouer aux cartes avec ses amis. Il consent à donner sa démission en 1924. Son emploi suivant est celui de chef scout pour les Oxford Boy scouts. Encore une fois on lui demande sa démission pour « raisons morales » (probablement l’alcoolisme).
En Décembre 1924, grâce à l’aide de son ami Phil Stone, William Faulkner publie son premier recueil de poésie Le Faune de Marbre, dans une édition de 1000 exemplaires.
En 1925 il déménage à la Nouvelle Orléans : il y côtoie un groupe littéraire lié à la revue The Double Dealer, qui publie des extraits d’Ernest Hemingway, Edmund Wilson et Hart Crane. C’est dans cette revue que Faulkner publie des essais et des sketchs. Il écrit ensuite son premier roman « Monnaie de Singe », qui est accepté par l’éditeur Horace Liverright.
Après cela, Faulkner fait le tour d’Europe en bateau. Il visite l’Italie mais reste essentiellement à Paris, près des Jardins de Luxembourg, où il fait de nombreuses promenades et dont une description se trouve à la fin de Sanctuaire. Il fréquente aussi le même café que James Joyce, bien que sa timidité l’empêche de lui parler. A la fin de l’année il retourne aux Etats-Unis.
Les événements de son deuxième roman, « Les Moustiques », ont lieu à la Nouvelle Orléans, inspirés du milieu littéraire qu’y découvre Faulkner. Le roman est froidement reçu par les critiques. Déçu, William Faulkner imagine ancrer son prochain roman dans un contexte plus familier : sa région natale, son histoire et sa géographie. Il utilise en particulier les exploits du « Colonel » pour enrichir son récit. Ainsi il crée la région et le mythe de « Yoknapatawpha Country ».
« Sartoris » son roman suivant, est mal accueilli. Il parvient à le publier mais au prix de coupes importantes. Ce roman est le premier de ses quinze récits situés à Yoknapatawpha Country. A nouveau découragé par la critique, il commence à reconsidérer sa carrière d’écrivain et débute alors un roman seulement écrit pour son plaisir personnel. Mais, révolutionnaire en forme et en style, empruntant à Shakespeare son thème « A tale told by an idiot », « Le Bruit et La fureur » devient l’un de ses romans les plus connus. Il est publié en 1929.
Après ce succès, William Faulkner, initié à l’argent, écrit « Sanctuaire », selon lui dans le seul but de s’enrichir. En 1930 il épouse Estelle Oldham, son amour d’enfance, qui a déjà deux enfants de son précédent mariage. Faulkner travaille alors la nuit dans une centrale, mais écrit « Tandis que j’agonise », qu’il décrit comme un tour de force en six semaines, sans y changer un seul mot. Le roman est indubitablement une oeuvre puissante et poétique au style très moderniste.
Il est publié en 1930, une année particulièrement importante pour Faulkner, notamment parce qu’il acquiert sa propriété d’Oxford. Il nomme cette maison délabrée, bâtie en 1844, Rowan Oak. L’achat de la maison le plonge dans une dette énorme, mais elle sera son refuge pour le reste de sa vie. 1930 voit la première publication d’un de ses contes dans une revue nationale, « A Rose for Emily » dans le magazine Forum. Contes qui deviendront une régulière source de revenu pour l’auteur.
En 1931 Estelle Faulkner donne naissance à une fille, Alabama, qui décède quelques jours plus tard.
En 1932 William Faulkner part à Hollywood se lancer dans une carrière de scénariste. Il signe un contrat avec Metro Goldwyn Mayer en 1931. Séjournant à New York, il y rencontre notamment la comédienne Talulah Bankhead. A Los Angeles il fait la connaissance du réalisateur Howard Hawks, avec lequel il partage un goût pour la chasse et l’aviation. Pendant les années suivantes William Faulkner écrira cinq films pour Hawks.
Quand son père meurt soudainement en août, Faulkner retourne à Oxford, mais se rend rapidement compte qu’il a besoin d’argent. Il revient à Hollywood, vend les droits de « Sanctuaire » qui devient un film intitulé « The Story of Temple Drake » en 1933. Cette année est marquée par le bonheur et la tragédie. Sa seule fille Jill est née, mais son frère meurt cruellement dans un accident de Waco Monoplane que William lui avait offert.
Son prochain projet est encore hollywoodien, cette fois pour la 20th Century Fox, toujours avec Howard Hawks.
La vie de William Faulkner est marquée par alcoolisme. Il boit avec frénésie et se rend périodiquement en cure au Wrights Sanatorium, à Byhalia, Mississippi. Cette fois-ci, sa crise d’alcoolisme coïncide avec la fin du manuscrit du roman intitulé originellement Dark House, qui devient « Absalon Absalon ». Ce roman parle d’histoire, de famille et de race.
En 1939 William Faulkner est élu au National Institute of Arts and Letters et Les Palmiers Sauvages est publié. En 1940 il introduit la famille des Snopes dans le roman « Le Hameau » publié par Random House. Les Snopes représentent pour Faulkner une classe ouvrière « redneck » essayant de monter l’échelle sociale sans respect pour leur patrimoine ou leur lignage du Sud.
Durant cette période les ventes de ses romans baissent. Il évite la précarité du monde littéraire en retournant à Hollywood pour écrire plusieurs scénarios, cette fois-ci pour la Warner Bros. Il écrit en 1943 « To Have and Have Not », le premier film réunissant Lauren Bacall et Humphrey Bogart. En 1944 il porte à l’écran le roman de Raymond Chandler, « The Big Sleep« , avec encore Bacall et Bogart. Il collabore enfin avec Jean Renoir sur le film « The Southerner » qui sort en 1945. Ces trois films représentent l’apogée de sa carrière de scénariste.
Vers 1945, William Faulkner n’est plus particulièrement connu pour son oeuvre littéraire, et son public disparaît. Il correspond cependant avec Malcolm Cowley, qui publie The Portable Hemingway pour Viking Press. Cowley suggère à Faulkner de publier une édition semblable. « The Portable Faulkner » contient des romans et des fragments qui représentent à peu près la chronologie de la saga de Yoknapatawpha County. Publié en 1946, « The Portable Faulkner » ressuscite l’intérêt populaire et critique pour ses livres.
En 1949 l’Académie suédoise lui décerne le Prix Nobel. Il refuse tout d’abord de se rendre à Stockholm, mais après la pression de l’US State Department, de l’ambassadeur suédois des Etats-Unis, et de sa propre famille, il accepte d’y aller. Il boit considérablement avant son discours d’acceptation. Un membre de sa famille essaye même de lui mentir sur la date afin de prévenir quelque excès d’alcoolisme, mais Faulkner s’en aperçoit. Il prononce le discours d’un ton marmonnant, à peine audible. Le lendemain quand celui-ci est publié, est reconnue très rapidement la teneur de ses mots. Aujourd’hui ce discours d’acceptation est considéré comme l’un des meilleurs qui soient.
Les années 1950 offrent à Faulkner plus de succès et de reconnaissance sur le plan international. En novembre 1953, l’agent d’Albert Camus lui écrit pour obtenir le droit d’adapter « Requiem pour une nonne » au théâtre : en 1956 la pièce a sa première au Théâtre des Mathurins. En 1954 Faulkner assiste à une conférence internationale d’écrivains. En même temps il commence à parler plus publiquement de politique et surtout de ségrégation. En 1955 il voyage au Japon, à Manille et en Italie. A Rome il écrit un article condamnant le meurtre d’Emmett Till, adolescent noir originaire de Chicago brutalement assassiné au Mississippi. Bien que Faulkner marque son opposition à la ségrégation, il est contre l’idée d’une intervention fédérale. Pour cette raison, il est critiqué par le mouvement pour les droits civils et par les conservateurs du sud. En 1957 il part en résidence à l’université de Virginia, à laquelle il lègue ses manuscrits.
En juin 1961 Faulkner se blesse en tombant de cheval. Il demande à être emmené au Wright’s Sanatorium, pour la première fois de sa propre volonté. Le 6 juillet (date anniversaire du Colonel), il meurt d’une crise cardiaque.
Rowan Oak sa maison.
Rowan Oak: c’est ici que bat le cœur du Mississippi. Et d’une partie de l’Amérique, celle qui lit. Dans cette demeure coloniale faite de bardeaux peints en blanc, vécut pendant trente-deux ans William Faulkner, le génie du Sud. La vieille propriété, silencieuse et spartiate, garde les secrets de la vie solitaire de Faulkner, le souvenir des soirées où le Prix Nobel de littérature buvait en costume à martingale jusqu’à l’autre bout de la nuit.
Rien n’a changé. Les murs conservent encore, tracés de la main de Faulkner, les plans de « Parabole ». La vieille machine à écrire est à sa place, sur le bureau de bois où furent écrits la trentaine de chefs-d’œuvre qui composent l’une des œuvres les plus singulières du XXe siècle. Sur les rayonnages de la bibliothèque, intacte, on retrouve les « Mémoires » de Saint-Simon (en édition française) achetés lors d’un séjour à Paris, à côté de « Don Quichotte », des tragédies de Shakespeare et de dizaines de romans policiers, les seuls livres que Faulkner, à la fin de sa vie, lisait avec plaisir.
En pénétrant ici, on a l’impression de fouler un sanctuaire. Peut-être les colonnes doriques et l’architecture « Greek Revival », si prisée aux Etats-Unis à la fin des années 1860, y sont-elles pour quelque chose. A moins que cette étrange puissance ne vienne de l’ombre, écrasante, du maître des lieux.
William Faulkner s’est porté acquéreur en 1930 pour la somme de 6000 $, d’une maison construite en 1844. Il l’a rénovée, l’à entourée de cornouillers et d’azalées et lui a donné un nom : Rowan Oak, en hommage à la légende de l’arbre Rowan, perçu par les peuples celtiques comme ayant des pouvoirs magiques.
Jamais bien accepté et toujours mal aimé et mal compris de son vivant, Faulkner vit sa gloire de manière posthume. Depuis 1962, il repose au magnifique cimetière d’Oxford où ses lecteurs viennent nombreux se rfecueillir devant sa pierre tombale. Ils y jettent des pièces de monnaies pour permettre à l’auteur dont l’inspiration se trouvait souvent mêlée aux vapeurs de l’alcool, de s’acheter un petit « drink ».
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