Robert Frost – Ripton Vermont
Biographie de Robert Frost.
« Le bonheur compense en intensité ce qui lui manque en durée ».
Les meilleurs critiques américains s’accordent à reconnaître que Robert Frost occupe, aux côtés de T. S. Eliot, une place centrale dans la poésie américaine du XXe siècle. On lui reproche parfois le caractère exclusivement champêtre de son œuvre, qui semble condamner toute notre civilisation. Il n’en est pas moins poète, parce qu’il a tenté de communiquer avec sincérité, d’une manière à la fois lyrique et impersonnelle, l’émerveillement qu’il éprouvait à vivre.
Il est le seul poète américain à obtenir quatre fois le prix Pulitzer.
Ce poète de la Nouvelle-Angleterre est né à San Francisco, le 26 mars 1874, et a passé en Californie les dix premières années de sa vie. À la mort de son père, journaliste politique passionné, il fut ramené par sa mère, qui était institutrice, dans la Nouvelle-Angleterre de ses ancêtres. Il y fit de très bonnes études secondaires et, après avoir enseigné pendant quelque temps dans une école primaire, il suivit des cours de latin, de grec et de philosophie à l’université Harvard. Il en partit sans diplôme au bout de deux ans et essaya alors, sans grand succès, de gagner sa vie comme fermier. Il lui fallut redevenir instituteur, mais sa vocation, depuis son adolescence, était d’être poète. Aussi, en 1912, à trente-huit ans, las d’enseigner, de végéter et d’être incompris dans son pays, il rompit avec son passé et s’installa en Angleterre avec sa femme et ses quatre enfants, dans une petite ferme du Buckinghamshire, puis dans le Gloucestershire. Pour la première fois de sa vie, il y rencontra des poètes tels que Lascelles Abercrombie, W. W. Gibson, Rupert Brooke, Edward Thomas. Encouragé par eux, il publia en 1913 à Londres son premier recueil, « A Boy’s Will » (Ce que veut un garçon), qui fut très favorablement accueilli par les critiques anglais. L’année suivante, « North of Boston » (Au nord de Boston) eut encore plus de succès que le précédent recueil.
La guerre ayant dispersé ses amis anglais, il rentra aux États-Unis au début de 1915. Il en était parti inconnu, faisant même figure de raté aux yeux des siens. Il y revenait célèbre. « North of Boston » était presque devenu un best-seller. Tout autre aurait été grisé et se serait fait une situation à New York : Frost acheta une ferme à Franconia dans le New Hampshire, puis plus tard à Ripton dans le Vermont. Enfin, il partageait son temps entre ses fermes et les universités où on l’invitait à venir lire ses poèmes ou donner des cours de littérature, ce qu’il fit très régulièrement à Amherst et occasionnellement à Dartmouth et à Harvard. Il n’enseignait pas vraiment : sa fonction était de faire sentir aux étudiants ce qu’est la poésie. Il se définissait lui-même comme « une sorte de radiateur poétique » et comme « un professeur d’oisiveté ».
Son éditeur aurait aimé qu’il lui remît chaque année le manuscrit d’un nouveau livre ; mais Frost ne voulait pas être une « usine d’automobiles » et il se contenta de faire paraître un recueil tous les cinq ou six ans : « Mountain Interval » (Entre les monts), 1916, dont le titre évoque sa ferme de Franconia, New Hampshire (1923), « West-Running Brook » (Le Ruisseau qui coule vers l’ouest), 1928, « A Witness Tree » (Un arbre témoin), 1942, « A Masque of Reason » (Masque de la raison), 1945, où il fait dialoguer Dieu, Job et Satan, et qui sera suivi de « A Masque of Mercy » (Masque de la miséricorde), 1947, où il met en scène un libraire, Jonas et saint Paul, enfin « Steeple-Bush » (1947), du nom d’une fleur de Nouvelle-Angleterre qui ressemble à la reine-des-prés. Aux poèmes lyriques et narratifs de ses débuts, qui répondaient à des émotions réellement ressenties, succédèrent peu à peu des œuvres composées et souvent spirituelles. Ce qui ne l’empêche pas d’être inspiré jusqu’au bout, comme en témoigne son dernier recueil, « In the Clearing » (Dans la clairière), 1962.
Poète limpide, apparemment sans mystère, il fut populaire et très fêté. Il devint en quelque sorte le poète lauréat des États-Unis, et, lorsqu’il mourut à Boston, le 29 janvier 1963, il était au comble de la gloire.
Poète de la Nouvelle-Angleterre, et non pas de tous les États-Unis, il a chanté la vie rude de cette région, les hivers interminables et la solitude oppressante des fermes perdues dans la montagne, mais aussi le soudain réveil de la nature au printemps et les joies que procurent les travaux des champs. Sans tomber cependant dans le régionalisme : il s’est lui-même proclamé « universalist »; son sujet n’est pas le fermier de Nouvelle-Angleterre, mais l’homme face au monde. Ses poèmes sont des métaphores, ou des « synecdoques », disait-il. Chacun d’eux est « une partie prise pour le tout », un fragment du puzzle universel dont le poète essaie de reconstituer le dessin.
Il n’écrivait pas par jeu, mais pour voir plus clair en lui-même et dans le chaos du monde. « Tout poème clarifie quelque chose ». Par « clarifier », il entendait « faire prendre conscience » d’horizons infinis sans donner pour autant dans le mysticisme ou la sentimentalité. Il ne s’apitoie jamais sur l’homme ni ne se lamente sur son insignifiance. Mais son stoïcisme n’exclut pas l’angoisse. Pour lui, comme pour les plus désespérés des poètes, la vie peut-être débouche sur le néant ou l’absurde plutôt que sur Dieu et l’harmonie, mais ironie et humour à tout moment freinent ses envolées lyriques et l’empêchent de sombrer dans le désespoir. Toute son œuvre mériterait le titre d’un de ses poèmes : « Feu et Glace ». Un feu caché y couve ; la glace de son scepticisme ne l’empêche pas de promener sur le monde un regard curieux et de décrire avec amour le décor dans lequel évoluent ces étranges créatures qu’on appelle les hommes et qui ne savent pas très bien ce qu’elles font là. Ses poèmes commencent par l’émotion (begin in delight) et s’achèvent par la sagesse (end in wisdom).
Homer Noble Farm sa maison à Ripton dans le Vermont.
Robert Frost a acheté cette ferme un an avant le décès de sa femme en 1938, afin d’avoir un pied à terre dans le Vermont car il enseignait la poésie à la « Bread Loaf School of English of Middlebury College ».
La propriété est composée d’un large corps de ferme et d’une grange.
De nos jours, la propriété appartient au Middlebury College, le corps de ferme est utilisé par les enseignants.
Robert Frost utilisait la petite grange située sur une petite colline un peu à l’écart du bâtiment principal. C’est là qu’il écrivait. Il aimait aussi recevoir dans cette grange, ses amis et ses admirateurs pour de longues discussions qui finissaient tard dans la nuit. Plusieurs de ses amis, dont Peter Stanlis, Reginald Cook et Larry Thompson, ont mentionné cette grange dans leurs écrits.
Cet endroit fragile, n’est ouvert que pour de grandes occasions.
Les conférences de la Bread Loaf Writter’s qui ont commencé dans les années 20, ont toujours lieu de nos jours. En 1999, à l’occasion du 125ème anniversaire du poète, un grand rassemblement d’universitaires, d’amis de Robert Frost a eu lieu pendant trois jours à la Homer Noble Farm.
Ce lieu de mémoire a été saccagé le 31 décembre 2007 :
« Le sergent Lee Hodsen a déclaré qu’une cinquantaine de personnes devait se trouver sur les lieux durant cette soirée improvisée.
Ayant fracturé un carreau pour entrer, tables et chaises ont été brisées pour faire le ménage par le chaos. Appareils ménagers, plats, meubles en osier et buffets ont subi également les foudres des jeunes frigorifiés, qui auront mis le feu à tout ce bois pour se réchauffer, le bâtiment n’étant pas chauffé.
Autre détail fort agréable, des bouteilles de bière et des canettes vides, autant que des gobelets en plastiques jonchaient le sol. On appréciera leur degré d’alcoolémie en notant qu’ils ont vomi dans le salon…
Aucune arrestation à ce jour, même si la traque s’est organisée. Les dégâts n’ont de fait été constatés que plusieurs jours après par un randonneur. Il a ensuite averti la police de Middlebury College, chargée de la surveillance du site ».
Le 18 janvier 2008, vingt-huit personnes ont été interpellées et reconnues coupable d’avoir participé à ce saccage.
Dégats causés par une surpise partie sauvage le 31 décembre 2007
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LOCALISATION DE LA MAISON :