Biographie de François René de Chateaubriand.

 

« Mes livres ne sont pas des livres, mais des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route de ma vie ».

 

François-René de Chateaubriand naît le 4 septembre 1768 à Saint-Malo, au premier étage d’une maison sise rue des Juifs, l’Hôtel de la Gicquelais. Il est le dixième enfant d’une famille de la noblesse bretonne. Son père est le cadet d’une des plus anciennes baronnies de la province. Après avoir été confié aux bons soins d’une nourrice de Plancoët, aux environs de Dinan, il suit l’enseignement des pères Eudistes du collège de Dol en 1777,  puis, dès 1781, celui des Jésuites du collège de Rennes. En 1783, le jeune homme se présente à Brest à l’examen de garde de la marine, une épreuve ardue qui lui donnerait accès, après quelques années de formation, au prestigieux corps des officiers de la marine royale. Chateaubriand échoue et se décide alors à entrer dans les ordres, au collège de Dinan, projet auquel il renonce bientôt en 1785.

Suivant les vœux de son père, Chateaubriand est ensuite nommé sous-lieutenant au régiment de Navarre, à Cambrai. Il effectue à partir de 1786 de fréquents séjours à Paris et assiste ainsi en observateur attentif aux premiers événements révolutionnaires de 1789. S’effrayant à la vue des violences de la rue, il fréquente également dans la capitale les milieux littéraires et forme le projet d’un voyage en Amérique. Le départ a lieu en avril 1791, après une mise en demi-solde suite à la réorganisation de l’armée. Ce séjour, qui dure cinq mois pendant lesquels il visite Philadelphie, New York, les chutes du Niagara et la région des Grands Lacs, inspirera ses premières productions littéraires.

De retour en France en 1792, Chateaubriand se marie avec Céleste du Buisson de la Vigne, une héritière, amie de sa sœur aînée  Lucille qu’il connaît à peine. En Belgique dès le mois de juillet suivant, l’aristocrate émigre vers Trèves et s’enrôle dans l’armée des Princes pour combattre la République naissante et ses défenseurs. Il est blessé peu après pendant le siège de Thionville. Sa compagnie étant licenciée, Chateaubriand se réfugie en Angleterre. Cette vie de misère le met en contact avec les monarchistes émigrés. Il publie en 1797 un « Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la Révolution française ».

Enfin, après huit années d’émigration, Chateaubriand revient en France avec l’identité d’un « sieur Lassagne, natif de Neufchâtel, en Suisse ». Il obtient à Paris un permis de séjour puis est radié, en 1802, de la liste des émigrés. Auparavant, il publie en 1801 « Atala » puis « René » et un essai d’apologétique, le « Génie du christianisme ». Ces œuvres qui obtiennent un grand succès lui valent la célébrité et feront de son auteur le chantre de la jeune génération romantique. Au mois d’avril 1802, la présentation au Premier Consul grâce à l’appui d’une de ses connaissances, ainsi qu’une dédicace opportune, lui permettent d’obtenir les faveurs de Bonaparte. Celui-ci cependant attendra une année et de multiples demandes de la part de l’écrivain avant de lui confier à un poste de secrétaire d’ambassade à Rome, puis de chargé d’affaires à Sion, dans le Valais.

Cependant, l’exécution du duc d’Enghien au mois de mars 1804 provoque une rupture définitive avec l’Empereur, marquée par une démission rendue publique. Chateaubriand ne se consacrera désormais qu’aux Lettres jusqu’en 1815. Suivant la mode du temps et poussé par son désir d’effectuer le voyage de Jérusalem, il effectue, à partir de juillet 1806, un long voyage oriental autour de la Méditerranée qu’il relate en 1811 dans son « Itinéraire de Paris à Jérusalem ». Il s’en inspirera également pour la rédaction de son épopée en prose, « Les Martyrs », publiée en 1809. Entre temps, dans la presse, l’écrivain s’en prend au  « tyran »  qu’il compare à Sylla, ce qui lui vaut d’être poursuivi par la police impériale.

Chateaubriand est élu à l’Académie Française en 1811. Il contribue néanmoins au retour de Louis XVIII au pouvoir en publiant au mois de mars 1814 un pamphlet intitulé « De Buonaparte et des Bourbons ». L’écrivain joue désormais un rôle dans la vie politique de la Restauration en soutenant la droite légitimiste par son action dans la presse parisienne. Au mois d’octobre 1818, aux côtés de Louis de Bonald et Félicité de Lamennais, il fonde ainsi un journal semi- périodique, Le Conservateur. Cette feuille politique, au tirage modeste (7.000 à 8.000 exemplaires), a néanmoins une grande influence sur l’opinion. Elle paraîtra pendant les deux années qui suivent. Nommé pair de France, Chateaubriand effectue de fréquents séjours à l’étranger comme ministre plénipotentiaire à Berlin en 1820, puis en tant qu’ambassadeur à Londres en 1822.

L’année 1823 constitue l’apogée de sa carrière politique. Nommé Ministre des Affaires Étrangères, le 8 décembre 1822, il organise l’année suivante une expédition de l’armée française en Espagne, destinée à restaurer le roi Alphonse VII dans ses droits face à la poussée libérale. Chateaubriand contribue ainsi, suivant ses convictions politiques, à la réaction absolutiste dans l’Europe du Congrès de Vienne. Déchu de ses fonctions le 6 juin 1824 « tel un laquais », il se place à la tête des opposants de droite au ministère Villèle. L’écrivain mène alors dans Le Journal des Débats une inlassable campagne d’opposition à sa politique trop mesquinement financière, à sa volonté de limiter la liberté de la presse. L’écrivain se consacre également à la publication de ses œuvres complètes. Nommé ambassadeur à Rome par Charles X en 1828, il démissionne l’année suivante pour s’opposer à la formation du ministère Polignac.

Après la chute de Charles X en 1830, Chateaubriand refuse de se rallier à Louis-Philippe Ier et à l’orléanisme, pour rester fidèle à la légitimité. Il publie ainsi quelques opuscules politiques, « De la Restauration et de la monarchie élective » en 1831 notamment. Inquiété lors de l’équipée de la duchesse de Berry à qui il apporte son soutien, Chateaubriand est accusé de complot contre l’État au mois de juin 1832. Il effectue d’ailleurs un court séjour en prison  quelques mois plus tard à la suite de la publication de son « Mémoire sur la captivité de la Duchesse de Berry ». L’écrivain se rend ensuite à plusieurs reprises en Bohème auprès de Charles X exilé. Cette activité légitimiste se poursuit en 1843 et en 1845, lorsqu’il rejoint le Comte de Chambord à Londres, puis à Venise. Cette période est également celle de la publication de ses dernières œuvres : « les Mémoires d’outre-tombe » (1841) auxquelles il travaille depuis plus de trente ans et une « Vie de Rancé » (1844).

 
François-René de Chateaubriand décède à Paris le 4 juillet 1848 après avoir vu la chute du dernier des rois de France et l’avènement de la Seconde République. Solitaire et symbolique, sa tombe se dresse conformément à ses vœux près de Saint Malo, dans l’îlot du Grand Bé, face à la mer. Son épitaphe est le suivant : « Un grand écrivain français a voulu reposer ici, pour n’entendre que la mer et le vent. Passant, respecte sa dernière volonté ».

 

Le Château de Combourg sa demeure.

 

Combourg est une ville d’Ille et Vilaine en Bretagne. Dès l’époque gallo-romaine, Combourg occupa une position stratégique et fut un village à l’activité artisanale intense. Jusqu’à l’an mille, la ville subit les assauts dévastateurs des Vikings.

La seigneurie de Combourg fut créée par l’archevêque de Dol Ginguéné en faveur de son frère cadet Riwallon de Dol. L’archevêque qui souhaitait donner à son église un protecteur laïque tout en dotant sa famille, comme s’était alors l’usage, fit bâtir à quatre lieues de Dol le château de Combourg qu’il confia à son frère avec de vastes domaines sous sa mouvance, soit une quinzaine de paroisses et douze fiefs de chevalerie. En revanche il lui imposa, ainsi qu’à ses successeurs, l’obligation de défendre les terres et sujets de l’église de Dol et de commander son ost.

C’est pour cette raison que le sire de Combourg prit dans ses chartres le titre de signifier Sancti Samsonis (porte-enseigne de Saint Samson). La seigneurie de Combourg resta en possession des descendants de Riwallon jusqu’à la mort d’Yseult de Dol en 1197. Toutefois le fils qu’elle avait eu de son union avec Harsculf de Soligné (mort également en 1197) releva le nom de sa mère en devenant Jean III de Dol.

La seigneurie de Combourg fut ensuite transmise par héritage aux familles : de Châteaugiron dit de Malestroit de Rieux, du Châtel, de Montjean, d’Acigné et enfin de Coëtquen, ces derniers obtinrent que la seigneurie soit érigée en Comté en 1575. L’ultime héritière de cette famille vendit le comté aux parents de Chateaubriand par contrat du 3 mai 1761.

« Nous découvrîmes une vallée au fond de laquelle s’élevait, non loin d’un étang, la flèche de l’église d’une bourgade ; les tours d’un château féodal montaient dans les arbres d’une futaie éclairée par le soleil couchant.

Descendus de la colline, nous guéâmes un ruisseau ; après avoir cheminé une demi-heure, nous quittâmes la grande route, et la voiture roula au bord d’un quinconce, dans une allée de charmilles dont les cimes s’entrelaçaient au-dessus de nos têtes : je me souviens encore du moment où j’entrai sous cet ombrage et de la joie effrayée que j’éprouvai.

En sortant de l’obscurité du bois, nous franchîmes une avant-cour plantée de noyers, attenante au jardin et à la maison du régisseur ; de là nous débouchâmes par une porte bâtie dans une cour de gazon, appelée la Cour Verte. A droite étaient de longues écuries et un bouquet de marronniers ; à gauche, un autre bouquet de marronniers. Au fond de la cour, dont le terrain s’élevait insensiblement, le château se montrait entre deux groupes d’arbres…

Sa triste et sévère façade présentait une courtine portant une galerie à mâchicoulis, denticulée et couverte. Cette courtine liait ensemble deux tours inégales en âge, en matériaux, en hauteur et en grosseur, lesquelles tours se terminaient par des créneaux surmontés d’un toit pointu, comme un bonnet posé sur une couronne gothique.

Quelques fenêtres grillées apparaissaient çà et là sur la nudité des murs. Un large perron, raide et droit, de vingt deux marches, sans rampes, sans garde-fou, replaçait sur les fossés comblés l’ancien pont-levis. Il atteignait la porte du château percée au milieu de la courtine. Au-dessus de cette porte, on voyait les armes des seigneurs de Combourg et les taillades à travers lesquelles sortaient jadis les bras et les chaînes du pont-levis.

Nous montâmes le perron ; nous pénétrâmes dans un vestibule sonore, à voûte ogive, et de ce vestibule dans une petite cour intérieure. De cette cour, nous entrâmes dans le bâtiment regardant au midi sur l’étang et jointif de deux petites tours. Le château entier avait la figure d’un char à quatre roues.

Dans les diverses parties de l’édifice, des passages et des escaliers secrets, des cachots et des donjons, un labyrinthe de galeries couvertes et découvertes, des souterrains murés dont les ramifications étaient inconnues ; partout silence, obscurité et visage de pierre : voilà le château de Combourg. »

C’est aussi dans « Les Mémoires d’Outre-Tombe » que Chateaubriand évoque les « deux années de délire » qu’il a passé à Combourg entre 16 et 18 ans après avoir fini ses études à Dol, Dinan et Rennes et hésitant entre la carrière ecclésiastique et militaire. Pendant ces deux années, sa personnalité va continuer d’y mûrir, encouragée par l’amitié exaltée qui l’unit à sa dernière sœur, Lucile, une jeune fille inspirée sinon un peu déséquilibrée, la seule qui soit demeurée dans la maison familiale, entre les bizarreries d’un père malade et la tristesse d’une mère qui se morfond : « Je me composai donc une femme des traits divers de toutes les femmes que j’avais vues. Elle avait le génie et l’innocence de ma soeur, la tendresse de ma mère, la taille, les cheveux et le sourire de la charmante étrangère qui m’avait pressé contre son sein… « .

Bientôt le désespoir d’être sans amour et sans avenir s’empare de l’adolescent. Tentative de suicide, maladie. On précipite son départ vers la vie active, et il est expédié en garnison à Cambrai, puis à Dieppe.

Cette période de sa vie est décisive dans la formation du caractère de Chateaubriand et il dira plus tard « C’est du bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis, que j’ai commencé à sentir la première atteinte du mal que j’ai porté le reste de ma vie, de cette vague tristesse qui a fait à la fois mon tourment et ma félicité, c’est là que j’ai cherché un cœur qui pût entendre le mien… « 

 

 

Châteaubriand l’indompté.

 

 Procurez vous des ouvrages de François René de Chateaubriand 

 

 LOCALISATION DE LA MAISON :

 


Afficher une carte plus grande