Paul Féval – Rennes
Biographie de Paul Féval.
« Qui que tu sois, ta main gardera ma marque. Je te reconnaîtrai. Et si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ».
Paul-Henri-Corentin Féval naît le 29 septembre 1816, à Rennes, dans l’hôtel de Blossac, une demeure cossue édifiée au siècle précédent. Son père, originaire de Troyes et conseiller à la Cour d’Appel, est membre de la petite magistrature locale. La famille Féval, nombreuse – Paul a trois sœurs et deux frères – connaît la gène quand le père de Paul décède en 1827. A l’âge de dix ans, l’enfant entre au collège royal de la ville, en tant que qu’interne et boursier, sa mère bénéficiant même à l’occasion des libéralités de la Dauphine.
Suivant les idées familiales – sa mère, Jeanne-Joséphine-Renée Le Baron, est de noblesse bretonne – Paul Féval affirme au Lycée ses sympathies légitimistes. En 1830, lors de la révolution de Juillet, il arbore ainsi la cocarde blanche, contrairement aux idées républicaines en cours. Retiré du lycée, Paul Féval fait alors retraite chez un oncle maternel, au château de Cournon, près de Redon, un lieu qu’il connaît bien pour y avoir passé de nombreux séjours durant ses années d’enfance.
Enfin Bachelier en 1833, le jeune homme s’inscrit à la Faculté de Droit. Licencié trois années plus tard, il entre dans la magistrature. Inscrit au barreau, Paul Féval prête serment en qualité d’avocat. La première affaire qu’il plaide cependant, le cas d’un voleur de poules, dénommé Planchon, le couvre de ridicule, ce dernier décidant de prendre sa propre défense devant les bégaiements de Féval. Ces débuts maladroits l’incitent à monter à Paris au mois d’août 1837.
Il s’installe chez un oncle banquier et devient son commis, un emploi qui ne lui convient guère. Jusqu’en 1843, Paul Féval va mener une existence tourmentée, connaître la misère et exercer toutes sortes de petits métiers : secrétaire d’un couple d’écrivains, amis de sa famille, les Duverdieux, inspecteur dans une compagnie d’affichage, correcteur d’épreuves au Nouvelliste, employé d’un spéculateur immobilier peu scrupuleux qu’il croquera dans « Madame Gil Blas ».
Dès cette époque cependant, Paul Féval s’essaie à la littérature, rédigeant quelques textes dans La Législature, Le Parisien, La Quotidienne, La Lecture. En 1841, « Le Club des phoques », son premier texte publié, le fait remarquer par un patron de presse, Anténor Joly, directeur de L’Epoque. Ce dernier, au moment où naît la vogue du roman-feuilleton, lui demande d’achever l’oeuvre d’un auteur anglais, « Les Aventures d’un émigré ». Après un court séjour à Londres, Paul Féval rédige, sous le pseudonyme de Sir Francis Trolopp, un ouvrage pittoresque sur le modèle du succès d’Eugène Sue, « Les Mystères de Londres », qui paraît en feuilletons dans L’Epoque en 1843.
Après une vingtaine de réédition, Paul Féval, désormais célèbre, adopte le train de vie d’un dandy. Il se fait journaliste et fonde un périodique au mois de février 1848. Dans les colonnes du Bon sens du peuple et des honnêtes gens, il milite alors pour l’instauration de l’instruction primaire, gratuite et obligatoire. Plus tard, les événements se précipitant dans la capitale, l’écrivain se demandera alors s’il n’a pas contribué à réveiller la conscience populaire et donc amené la révolution dans la rue. Le conservateur qu’il demeure ne peut supporter cette coupable interrogation.
Dans les années qui suivent, l’écrivain s’essaie à tous les genres littéraires : le roman historique (« Le Bossu » en 1857), le roman policier (« Les Compagnons du silence » en 1857, « Jean Diable » en 1863), le roman fantastique (« Les Revenants » en 1853, « Le Chevalier ténèbre » en 1862) et même le roman régionaliste et bretonnant (« La Forêt de Rennes » en 1851, « Le Loup blanc » en 1856). Il s’oblige ainsi à se mettre régulièrement à sa table de travail pour fournir aux quotidiens parisiens deux à trois œuvres romanesques dans l’année. Un travail harassant digne de Balzac.
Ces excès de labeur, des déboires amoureux, tout se conjugue pour précipiter Paul Féval vers une dépression nerveuse. Bientôt guéri, l’écrivain se marie à la propre fille de son médecin, Marie Pénoyée. Il a trente-huit ans et la jeune femme vingt-quatre. Le couple Féval aura huit enfants, dont Paul-Auguste-Jean-Nicolas Féval, né en 1860, qui continuera l’œuvre de son père. Celui-ci est un auteur en vogue sous le Second Empire, ce qui le conduit au château de Compiègne. Invité en compagnie d’autres familiers de la cour impériale, Mérimée et Offenbach notamment, il est bientôt convié aux réunions littéraires et artistiques de l’Impératrice Eugénie.
Paul Féval est même chargé d’un « Rapport sur le progrès des lettres » en France, publié par l’Imprimerie impériale en 1868. Mais l’écrivain populaire ne sera jamais élu à l’Académie française. Il préside à cinq reprises aux destinées de la Société des Gens de Lettres, à trois reprises à celles de la Société des Auteurs dramatiques. Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur en 1865, sous l’Empire, l’écrivain sera promu officier quatre années plus tard.
En 1870, l’écrivain est mobilisé en tant que capitaine de la Garde nationale, à Rennes. Ceci le tient éloigné des événements parisiens, le siège de la capitale par les Prussiens comme la Commune. Pendant l’année terrible, il pêche à la ligne, se consacre à l’avancement de son immense cycle romanesque, « Les Habits noirs », quatorze volumes faisant pièce à « Rocambole ». Le succès aidant, il est à la tête d’une coquette fortune qu’il va perdre en 1875 dans le gouffre de l’Empire ottoman.
Ruiné, il est fortement influencé à cette période de sa vie par sa femme, fervente catholique, et se convertit, allant jusqu’à vouloir racheter et expurger ses romans pour qu’ils puissent être lus par des enfants. Il s’ensuit un procès avec Dentu, l’un de ses éditeurs, procès qu’il perd. Le romancier entreprend même la rédaction de brochures destinées à l’édification spirituelle, fait construire chez lui un oratoire, participe financièrement à l’élévation du Sacré-Cœur. En 1880, alors qu’il a reconstitué sa fortune, il connaît un nouveau désastre financier. Son voisin, censé faire fructifier ses économies, s’est enfui avec elles.
Ses amis écrivains s’émeuvent de sa situation. Un comité d’aide, composé notamment d’Alphonse Daudet, Alexandre Dumas fils, Charles Gounod, Hector Malot, Victorien Sardou, et présidé par Edmond About, de l’Académie française, recueille des souscriptions. Sa femme meurt en 1884 et la santé de l’écrivain décline. Atteint de crises d’hémiplégie, il se retire chez les frères de Saint Jean de Dieu, à Paris, et meurt le 8 mars 1887. Ses obsèques sont célébrées en l’église Saint François Xavier et il est inhumé au cimetière de Montparnasse. De son œuvre, le cinéma au siècle suivant, réssucite « le Bossu » qui devient un grand succès populaire.
Sa maison à Rennes.
En 1728, La Bourdonnaye de Blossac, président à mortier au parlement de Bretagne, fait édifier un hôtel particulier sur une parcelle en L qui jouxte l’hôtel de Brie, construit en 1624.
Le mur qui le sépare de la rue est dans son parti médian percé d’un portail à deux vantaux sculptés et comprend une imposte percée d’une ouverture ovale au monogramme du propriétaire. Bordé par deux pilastres à chapiteau ionique, il est surmonté d’un fronton triangulé dans lequel sont inscrites les armes et la couronne du marquis L. G. de La Bourdonnaye de Blossac.
L’hôtel particulier est placé entre la cour flanquée du porche et le jardin. La parcelle en L fait que la façade est alignée sur cour et sur jardin. Une grille de fer séparait autrefois ces deux fonctions.
La première bâtisse est rythmée par le granit au rez-de-chaussée, le tuffeau à l’étage et un toit à la Mansart. Elle compte sept travées. La seconde, toute en tuffeau, comporte un avant-corps central et deux ailes comptant neuf travées également réparties. Le travail en bossage du calcaire, en chaînage d’angle du pavillon médian, se retrouve aux extrémités des deux ailes. Sur les balcons du premier niveau, figure le monogramme du maître des lieux.
C’est le 30 septembre 1816 au second étage de cet hôtel, rue du Four du Chapitre à Rennes, que naît Paul Féval. Son père est conseiller à la Cour Royale de la ville, mais cette charge ne procure pas des revenus suffisants pour faire vivre une femme et cinq enfants, d’autant plus que Féval-père décède en 1827.
À la suite d’une première expérience peu encourageante comme avocat, il avait été diplômé à Rennes en 1836, il part pour Paris l’année suivante. A partir de ce moment là, on lui connaît de nombreuses adresses, mais aucune à l’heure actuelle, n’est restée en l’état ou accueille un musée en sa mémoire. Citons en quelques unes : rue de la Cerisaie, près de la Bastille, 138 rue du Faubourg Saint-Denis (1854), le 7 rue d’Orléans à Saint-Cloud (1858), le 69 boulevard Beaumarchais (1860), le 80 rue Saint-Maur (1863), en 1868, il emménage 88 avenue des Ternes, puis 129 rue Marcadet. En 1870, il s’exile à Rennes. Six ans plus tard, mal remis de la défaite de 1870, de deux échecs à l’Académie Française, d’une baisse de popularité et d’une débâcle financière qui met sa famille aux abois, il broie du noir et se relève en se reconvertissant haut et fort à la religion catholique. Ses dernières années, à partir de 1882, se déroulent dans la maladie. Il est accueilli aux Incurables, chez les frères Saint-Jean de Dieu, 19 rue Oudinot à Paris, où il meurt le 8 mars 1887.
« Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi… « La fameuse réplique du Bossu résonne encore dans nos imaginaires d’enfant. C’est que le roman de cape et d’épée, dix fois porté à l’écran par d’illustres réalisateurs, a traversé son siècle et demi sans défaillir. N’oublions pas que Paul Féval qui fut plus lu que Balzac de son vivant et le rival incontesté d’Alexandre Dumas, est encore abonné au box-office.
Merci à Terres d’écrivains, pour les adresses de Paul Féval à Paris.
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