Sigmund Freud – Londres
Biographie de Sigmund Freud.
« Les souvenirs oubliés ne sont pas perdus. »
Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie. Il est le fils aîné de Jakob et d’Amalia Freud, sa seconde épouse. Alors qu’il n’est âgé que de trois ans, son père, négociant en laine, fait faillite. Après un séjour à Leipzig, les Freud s’installent à Vienne, en 1860, dans le quartier juif. Entré au lycée en 1865, Sigmund obtient son baccalauréat à l’âge de dix-sept ans. A cette occasion, il traduit « L’Œdipe-Roi » de Sophocle pour son examen de sortie. A l’Université, après une année passée à la faculté de philosophie – où Freud suit notamment les cours de Franz Brentano -, l’étudiant opte finalement pour la physiologie et la médecine.
Après avoir fait son entrée à l’école médicale viennoise, en 1876, il rejoint le laboratoire de Ernst Wilhelm Brücke, se spécialisant dans l’anatomo-physiologie du système nerveux. Diplômé en 1881, il est interne à l’Hôpital général l’année suivante. Déprimé, Freud s’essaie à la cocaïne, une drogue dont il étudiera par la suite les effets, ses propriétés analgésiques. Ayant obtenu une bourse, Freud assiste aux leçons de Jean-Marie Charcot à l’hôpital parisien de la Salpetrière. Après avoir traduit en allemand ses « Leçons sur les maladies du système nerveux », il publie bientôt un ouvrage traitant de l’hystérie masculine et s’inspirant des discours du savant français. De retour à Vienne, le médecin autrichien ouvre son propre cabinet, y pratiquant l’électrothérapie, selon la mode du temps. Le 14 septembre 1886, il se marie à Martha Bernays. De leur union naîtront six enfants.
A cette époque, Sigmund Freud, élu membre de la société médicale de Vienne en 1887, commence à pratiquer l’hypnose, la méthode de la catharsis notamment. Au patient, le médecin, qui se consacre à présent entièrement au traitement des malades, demande de revenir aux circonstances qui étaient celles de l’apparition des premiers symptômes. Peu après la mort de son père, en 1896, Minna, la sœur de sa femme – avec laquelle il vit « désormais dans l’abstinence » – rejoint le domicile des Freud. Après des « Etudes sur l’aphasie« en 1891, l’analyste publie ses « Etudes sur l’hystérie » en 1895, avant de parler pour la première fois l’année suivante de « psycho-analyse » dans un article rédigé en français. Après avoir découvert l’Œdipe, en 1898, « La Sexualité dans l’étiologie des névroses », puis « L’interprétation des rêves » en 1899, précisent sa pensée.
Ainsi, selon le médecin viennois, les causes des maladies névrotiques « sont à trouver dans des facteurs issus de la vie sexuelle ». Quant aux rêves, c’est la « voie royale de l’accès à l’inconscient ». Nommé en 1902 professeur associé à l’université de Vienne, le médecin réunit le mercredi soir dans son appartement un petit cercle de ses proches – la Société du mercredi – , parmi lesquels figurent Otto Rank, Alfred Adler, Paul Federn, Carl Gustav Jung… En 1904, la publication en volume de sa « Psychopathologie de la vie quotidienne » popularise l’approche freudienne des phénomènes psychiques. Selon lui, en effet, le lapsus et l’inconscient sont intimement liés. Peu après « Trois essais sur la théorie de la sexualité » font de la psychanalyse une théorie globale du fonctionnement de l’appareil psychique.
Celle-ci est d’ailleurs discutée par les plus grands psychiatres, tandis qu’en 1908 est fondée la Société psychanalytique de Vienne et celle de Berlin. La même année, un Congrès international est réuni à Salzbourg. Freud étend ses investigations aux enfants (« Analyse d’une phobie d’un garçon de cinq ans » qui paraît 1909), analyse également un texte issu d’un patient qu’il ne connaît pas, avant de publier, de 1911 à 1915, cinq articles définissant le code de conduite de l’analyste. Ceux-ci contredisent ouvertement sa propre pratique. Le freudisme s’étend au continent américain. En 1909, Freud est en effet invité à effectuer un cycle de conférences à l’université Clarck, au Massachusetts, avant que ne soit fondée, deux années plus tard, la Société psychanalytique de New York.
C’est au moment où naît l’Association internationale de psychanalyse qu’apparaissent les premières dissensions au sein de la communauté d’initiés. Steckel, Adler, puis Jung lui-même, pourtant nommément désigné par Freud comme son successeur, sont expulsés du petit cercle des intimes du maître. Peu après la parution de « Totem et Tabou », qui contient la notion de « narcissisme », Freud n’a pas renoncé à populariser ses idées et rédige en 1916 ses « Leçons d’introduction à la psychanalyse ». S’il s’intéresse à l’impact émotionnel de la guerre en cours sur les combattants, le docteur Freud lui-même, au cours de la première Guerre mondiale, ne verra aucun de ceux qui affluent pourtant dans les hôpitaux de Vienne. En 1921, avec « La Psychanalyse et les névroses de guerre », il affirmera que ces symptômes particuliers « sont de nature sexuelle ».
Dans « Au-delà du principe de plaisir », publié l’année précédente, Freud expose sa découverte de ce qu’il désigne comme les pulsions de vie et de mort, « l’instinct de mort », mais aussi le Moi, le Ça et le Surmoi. Au mois d’avril 1923, apparaissent les premiers symptômes d’un cancer de la bouche qui l’atteint. A la suite d’une opération maladroite, il doit porter une prothèse de la mâchoire supérieure pour pouvoir parler, manger… Alors que le mouvement psychanalytique bénéficie à présent du soutien financier de Marie Bonaparte, une riche française, Freud et la psychanalyse obtiennent un succès de mode – s’allonger sur le divan du médecin à New York, lors de son séjour en 1925 est très en vue. Ce dernier reçoit un prestigieux prix littéraire en 1930, le prix Goethe, avant que Stephan Zweig ne dresse un portrait flatteur du psychanalyste avec « La Guérison par l’esprit » l’année suivante.
Au mois de mai 1933, peu après l’accession d’Adolf Hitler et du parti nazi au pouvoir, les livres de Sigmund Freud, le médecin juif, sont brûlés à Berlin. La même année, il correspond avec Albert Einstein. Ensemble, les deux hommes se demandent « Pourquoi la guerre ? » A cette époque, Freud entend d’ailleurs donner davantage d’ampleur à sa pensée. En 1927, il dénonce, avec « L’avenir d’une illusion », l’assujettion des « masses paresseuses et inintelligentes » au fait religieux, la croyance en Dieu n’étant, selon lui, qu’une projection psychologique de la figure du père. Avec « Malaise d’une civilisation » en 1929, Freud met en avant la fonction de culpabilité et met en garde contre le progrès qui n’est pas forcément source de bonheur.
En 1938, un groupe de militants nazi pénètre dans la maison viennoise de Freud. Sa fille Anna est arrêtée, puis relâchée, par la Gestapo. L’année suivante, grâce à l’intervention du président américain Roosevelt, le fondateur de la psychanalyse obtient des autorités allemandes de pouvoir émigrer vers l’Angleterre. Au cours des ans cependant, sa maladie s’est aggravée. Alors qu’il est opéré de nouveau et à plusieurs reprises en 1936, celle-ci le fait à présent atrocement souffrir. A tel point qu’il demande à son médecin, Max Schur, d’abréger son calvaire. Ce dernier lui injecte alors deux centigrammes de morphine, une dose mortelle, qui le plonge dans le coma. La mort survient deux jours plus tard. Sigmund Freud décède à Londres, le 23 septembre 1939.
Sa maison à Londres
La gloire touchera Freud en même temps que la peine avec la montée du nazisme en Allemagne: « C’est en 1929 que Thomas Mann, l’un des auteurs qui avait le plus vocation à être le porte-parole du peuple allemand, m’assigna une place dans l’histoire de l’Esprit moderne, en des phrases tout aussi riches de contenu que bienveillantes. Peu de temps après, ma fille Anna fut fêtée à l’Hôtel de ville de Francfort-sur-le Main, lorsqu’elle y apparut à ma place pour y recueillir le prix Gœthe qui m’avait été conféré en 1930. Ce fut le point culminant de ma vie sociale; peu de temps après, notre patrie s’était confinée dans l’étroitesse, et la nation ne voulait plus rien savoir de nous. »
En 1933 à la prise du pouvoir par Hitler les livres de Freud sont brûlés à Berlin. En quelques années, la psychanalyse « juive » va disparaître d’Allemagne au profit d’une psychanalyse aryenne dont Jung deviendra (jusqu’en 1940) le représentant officiel.
« Le monde se transforme en une énorme prison. L’Allemagne est la pire de ses cellules. (…) Ils ont commencé avec le bolchevisme comme leur pire ennemi mortel, et ils termineront avec quelque chose qui ne s’en distinguera pas – sauf que le bolchevisme a après tout adapté des idéaux révolutionnaires alors que ceux de l’hitlérisme sont purement médiévaux et réactionnaires. » (Lettre à Marie Bonaparte, 22 juin 1933).
En 1933, est publié simultanément en allemand, en anglais et en français par l’Institut International de Coopération Intellectuelle, l’une des nombreuses émanations de la Société des Nations, « Pourquoi la guerre ? » composé de deux longues lettres – l’une d’Albert Einstein et l’autre de Sigmund Freud.
En 1936, Freud célèbre ses noces d’or avec Martha. Son état de santé s’aggrave : un cancer manifeste est de nouveau décelé.
Le samedi 12 mars 1938, les troupes allemandes entrent en Autriche sans opposition. Freud note dans son journal : « Finis Austriae » – fin de l’Autriche, fin de la Vienne de Wittgenstein, de Karl Kraus, de Robert Musil, d’Adolf Loos, d’Arnold Schoenberg… Bientôt, ce sera la fin du monde. Freud ne voulait pas partir. Tandis que les nazis arpentaient les rues de Vienne, vieux et malade, il « travaillait une heure par jour à son Moïse,un livre dont il espérait qu’il s’intégrerait à ses vingt ans d’analyse de la forme abâtardie d’autorité que représentait Hitler ».
Quelques jours plus tard, la maison de Freud est fouillée par les SA, Anna Freud, arrêtée par la Gestapo, est relâchée le soir même. Devant l’insistance de Jones et de Marie Bonaparte, Freud se décide à quitter Vienne pour s’installer à Londres.
Grâce à de multiples interventions, en particulier celle de l’ambassadeur américain W.C. Bullitt et avec l’aide financière de sa patiente et amie Marie Bonaparte, Freud peut enfin quitter Vienne avec sa femme et sa fille. Deux de ses enfants et Minna Bernays l’ont déjà précédé à Londres où il reçoit un accueil enthousiaste. C’est le lundi 6 juin 1938, que Sigmund Freud arrive à la gare Victoria.
Dès l’été, malgré son état de santé toujours plus précaire, Freud continue à traiter quelques patients, notamment Salvador Dali, sur recommandation de Stefan Zweig.
Puis installation définitive à Maresfield Gardens, sur les hauteurs de Hampstead, c’est là que se trouve de nos jours le Musée Freud.
En 1939, le cancer de Freud est devenu inopérable. Son dernier ouvrage « Moïse et le monothéisme » paraît en anglais.
« Le lendemain, 21 septembre, tandis que j’étais à son chevet, Freud me prit la main et me dit : « Mon cher Schur, vous vous souvenez de notre première conversation. Vous m’avez promis alors de ne pas m’abandonner lorsque mon temps serait venu. Maintenant ce n’est plus qu’une torture et cela n’a plus de sens. » Je lui fis signe que je n’avais pas oublié ma promesse. Soulagé, il soupira et, gardant ma main dans la sienne, il me dit : « Je vous remercie. » Puis il ajouta après un moment d’hésitation « Parlez de cela à Anna. » Il n’y avait dans tout cela pas la moindre trace de sentimentalisme ou de pitié envers lui-même, rien qu’une pleine conscience de la réalité. Selon le désir de Freud, je mis Anna au courant de notre conversation. Lorsque la souffrance redevint insupportable, je lui fis une injection sous-cutanée de deux centigrammes de morphine. Il se sentit bientôt soulagé et s’endormit d’un sommeil paisible. L’expression de souffrance avait disparu de son visage. Je répétais la dose environ douze heures plus tard. Il entra dans le coma et ne se réveilla plus. Il mourut le 23 septembre 1939, à trois heures du matin. » (Schur).
C’est donc au 20 Maresfield Gardens que se trouve le Musée Freud de Londres, cette maison est restée familiale jusqu’au décès d’Anna en 1982. Le bureau de Freud est tel qu’il était de son vivant. On peut également y admirer une remarquable collection d’antiquités égyptiennes, grecques, romaines et orientales. Plus de 2000 objets remplissent la pièce dont plusieurs rangées sur son bureau, là où Freud écrivait tard dans la nuit jusqu’au petit matin bien souvent, et les murs sont tapissés d’étagères contenant les livres de Freud.
La maison est également emplie de la mémoire d’Anna, sa fille qui y a vécu et travaillé 44 ans. C’est elle qui a souhaité que cette demeure devienne un Musée à la mémoire de son père.
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