Maisons d écrivains

Rimbaud Arthur

Arthur Rimbaud – Charleville Mézières

 

Biographie d’Arthur Rimbaud.

 

 

2668 Oct. 12« Si stupide que soit son existence, l’homme s’y rattache toujours » .

 

Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud naît à Charleville, France, le 20 octobre 1854. Il est le fils cadet de Frédéric Rimbaud, un capitaine d’artillerie qui doit bientôt délaisser sa famille et partir pour la Crimée. L’enfant, son frère aîné et sa sœur cadette, sont élevés par leur mère, Vitalie Cuif, qui rompt définitivement avec son mari en 1860.

Dès l’âge de huit ans, Rimbaud fréquente l’Institut privé Rossat, à Charleville. En 1865, il entre au collège. C’est sur les bancs du collège qu’il rencontre Ernest Delahaye avec qui il noue des liens d’amitié qui se prolongeront toute sa vie. Au collège, Arthur se révèle vite être un excellent élève remarqué et encouragé par ses professeurs, collectionnant les prix d’excellence en littérature, version et thème latins. Le principal du collège Jules Desdouets aurait dit de lui : « Rien d’ordinaire ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou celui du Bien. »

Entré en classe de rhétorique en 1870, il rencontre Georges Izambard. Cet enseignant lui fait lire Victor Hugo, Théodore de Banville, Rabelais et lui ouvre sa bibliothèque. La mère de Rimbaud n’apprécie pas l’amitié entre le jeune garçon et le professeur: elle ne correspond pas à l’éducation stricte qu’elle entend donner à ses enfants. En mai, démangé par le désir de gloire littéraire, le jeune Arthur envoie une lettre à Théodore de Banville pour solliciter une place au Parnasse contemporain.

Au cours des vacances scolaires de 1870, le 29 août, quelques jours avant la bataille de Sedan, Arthur trompe la vigilance de sa mère10 et se sauve avec la ferme intention de se rendre dans la capitale. Contrôlé à son arrivée gare du Nord, il ne peut présenter qu’un billet de transport irrégulier. Les temps troublés n’invitent pas à la clémence. Tandis que les armées prussiennes se préparent à faire le siège de Paris et que la Troisième République est sur le point d’être proclamée, le voilà détenu dans la prison Mazas. De sa cellule, il écrit à Georges Izambard, à Douai, pour lui demander de payer sa dette. Le professeur exécute sa demande et lui paie également le voyage pour se rendre à Douai, lui offrant l’hospitalité avant de le laisser retourner dans son foyer.

 En 1871, il rencontre Auguste Bretagne, employé aux contributions. Passionné de poésie, féru d’occultisme et buveur d’absinthe, Bretagne encourage le jeune poète à écrire à Verlaine. Ce dernier s’enthousiasme pour les textes de Rimbaud et les diffuse dans son cercle d’amis. Il prie Rimbaud de le rejoindre à Paris. À la fin du mois de septembre, « Le Bateau ivre » en poche, Rimbaud débarque dans la capitale et loge chez les parents de Mathilde, la femme de Verlaine. Les beaux-parents de Verlaine font grise mine à ce rustaud qui mange malproprement. Mais Verlaine partout le traîne, au café, aux dîners des écrivains et artistes qui se surnommaient eux-mêmes « Vilains Bonshommes ». Cette amitié va désunir le ménage Verlaine. 

Rimbaud est ensuite hébergé par deux des amis de Verlaine, Charles Cros et Théodore Banville. En leur compagnie, il fréquente le club des Zutistes, un groupe d’artistes de la bohème littéraire. Rimbaud publie également quelques textes dans leur Album. Il se lie bientôt d’une amitié homosexuelle avec Verlaine et connaît, en sa compagnie, ses premières expériences avec le haschisch. Les deux poètes hantent les cafés du Quartier Latin. Ils mènent une vie dissolue, de provocation en beuverie. Mathilde Verlaine, excédée, quitte Paris pour Périgueux avec son fils. Verlaine, troublé par ce départ, écrit à sa femme une lettre suppliante. Mathilde lui fait savoir qu’elle n’acceptera de rentrer que si Rimbaud est renvoyé.

En mars 1872, Rimbaud regagne les Ardennes mais Verlaine parvient à le faire revenir à Paris en mai. Il ne loge plus chez les Verlaine, mais dans une chambre rue Monsieur-le-Prince, puis à l’hôtel de Cluny. Le 7 juillet, les deux vagabonds, « laeti et errabundi », partent pour la Belgique. Début septembre, Rimbaud et Verlaine sont en Angleterre. Leur misère est grande et Verlaine est préoccupé par le procès en séparation de corps que Mathilde vient de lui intenter. En décembre, après des scènes de plus en plus violentes Verlaine abandonne Rimbaud qui retourne dans encore une fois dans les Ardennes

Janvier 1873. Rimbaud reçoit une lettre de Verlaine qui se dit malade et mourant de désespoir à Londres. La mère de Paul, toujours prompte à tout faire pour son fils, se rend à son chevet; elle offre à Rimbaud l’argent du voyage. En avril, Verlaine et Rimbaud passent d’Angleterre en Belgique. Peu après, il rentre à la ferme familiale de Roche. Il commence à rédiger « Une saison en enfer ». Rimbaud s’ennuie à Roche, il y rencontre de temps en temps Delahaye et Verlaine à Bouillon, à la frontière franco-belge. C’est là que Verlaine l’entraîne à nouveau vers l’Angleterre, à la fin du mois de mai. Les deux hommes se querellent et Paul prend au début du mois de juillet l’initiative d’une rupture. Il laisse Rimbaud sans un sou à Londres et gagne la Belgique, espérant renouer avec sa femme. L’échec de cette tentative de réconciliation le conduit à rappeler Rimbaud auprès de lui à Bruxelles, mais les deux hommes se querellent encore. Verlaine tire deux coups de feu sur son ami qu’il blesse au poignet. Rimbaud est conduit par Verlaine et sa mère à l’hôpital Saint-Jean où il est soigné. En vain, Rimbaud renonce-t-il à porter plainte, mais l’affaire est aux mains de la justice belge. On trouve sur Paul Verlaine des lettres et des poèmes qui ne laissent aux magistrats belges que peu de doute sur la nature de l’amitié qui unit les deux poètes. Tandis que Verlaine écope de deux ans de prison Rimbaud rentre chez sa mère et achève le « Livre nègre ». Comme il n’est que légèrement blessé: il sort de l’hôpital le 20 juillet.

En mars 1874, le poète se trouve à Londres en compagnie de Germain Nouveau, un ancien du cercle zutique qui l’aide à copier ses poèmes « Illuminations », mais ce dernier décide bientôt de rentrer à Paris; Rimbaud se retrouve seul et désemparé. Il donne des leçons de français puis se résigne à retourner dans les Ardennes. Puis il part pour l’Allemagne en 1875 et est embauché comme précepteur à Stuttgart. Verlaine vient de sortir de prison. Il voudrait renouer avec lui, mais aussi « sauver son âme ». Irrité par l’attitude catéchisée de Verlaine, Arthur le rosse et le renvoie au bout de deux jours.

Rimbaud parcourt l’Europe en 1877-78, en quête de quoi ? De travail, ou de soi-même ? Il passa par la Hollande, la Suède, Hambourg, la Suisse, le Saint-Gothard, qu’il franchit à pied. Lorsqu’il arrive à Milan, il est malade et doit s’arrêter. Rimbaud reprend en juin sa route vers le sud peut-être pour embarquer vers l’Afrique. Terrassé par une insolation sur la route de Livourne à Sienne, il est rapatrié à Marseille par le consulat français. Il rêve de s’enrôler dans l’armée carliste, mais ne donne pas suite à son projet et remonte à Paris en juillet. Il retrouve Charleville en Octobre. De ce passage dans les Ardennes, on a conservé la dernière manifestation poétique de Rimbaud: « Rêve », un texte inclus dans une lettre à Ernest Delahaye. À la fin de l’année il gagne l’Île de Chypre où il trouve un emploi de surveillant de chantier.

En juin 1879, Rimbaud, épuisé par une fièvre typhoïde, regagne précipitamment la France. Il revient à Roche où il se soigne et travaille à la ferme. A Delahaye qui lui rend visite, Rimbaud dit son détachement de la littérature: « Je ne pense plus à ça ». Il regagne Chypre au printemps 1880 et est embauché dans une entreprise chargée d’édifier un palais destiné au gouverneur britannique. Mais Rimbaud démissionne de son poste et quitte l’île en juillet, s’embarque pour l’Egypte et gagne Aden en août. Il trouve un emploi à la maison Viannay, Mazeran, Bardey et Cie, spécialisée dans le commerce des peaux et du café. Bardey vient d’ouvrir une succursale à Harar: Rimbaud accepte de s’en charger et arrive le 13 décembre à Harar après avoir traversé à cheval le désert somali.

En 1881, Rimbaud est acheteur pour la maison Bardey. Après une période d’enthousiasme, il commence à s’ennuyer, se plaint du climat, se heurte à la jalousie des négociants. Il charge sa mère de lui faire parvenir des ouvrages techniques, des instruments, un appareil photographique. Il rêve de culture scientifique. Il étudie l’arabe et divers parlers indigènes, la géographie, les arts de l’ingénieur et de l’explorateur. En juin-juillet, expédition à Bubassa, qui le fatigue et le rend malade. Rimbaud se lasse de Harar, s’exaspère des retards du courrier, a des ennuis avec ses patrons. Il quitte la ville pour Aden en décembre.

En 1883, Rimbaud repart d’Aden pour Harar où Bardey le charge d’entreprendre des explorations dans le Somali et le pays Galla. Rimbaud décide alors de reconnaître l’Ogaden qui est encore mal connu. Il y pénètre en août et rédige peu après un rapport d’ensemble sur la région. Cette étude sera publiée l’année suivante dans le bulletin de la Société de Géographie La fortune tarde à venir: Rimbaud se voit découvreur, explorateur, bâtisseur. Il continue à commander dans ses lettres à sa famille (et surtout à sa mère) des manuels et du matériel technique tout en donnant des instructions sur le placement de ses économies. Le poète devenu commerçant sans succès semble, tout en se plaignant de sa situation à ses employeurs, se plaire à imaginer une vie de rentier, il pense même à se marier.

En janvier 1885, Rimbaud signe en janvier un nouveau contrat d’un an avec Bardey. Lorsque, en octobre, il entend parler d’une affaire d’importation d’armes dans le Choa, il dénonce son contrat et s’engage dans l’aventure. Il s’agit de revendre cinq fois plus cher à Ménélik, roi du Choa, des fusils d’un modèle devenu obsolète en Europe, achetés à Liège. Parti en novembre pour Tadjourah prendre livraison des fusils et organiser une caravane qui les acheminera jusqu’au roi, Rimbaud est bloqué plusieurs mois par une grève des chameliers. Rimbaud arrive à Ankober le 6 février 1887, mais le roi est absent. Il doit gagner Antotto à 120 kilomètres de là. Le roi l’y reçoit, accepte les fusils mais fait des difficultés au moment de payer; il entend déduire de la facture les sommes que Labatut mort récemment d’un cancer lui devait, et invite Rimbaud à se faire régler le reste par Makonen, le nouveau gouverneur de Harar. Rimbaud fait donc route vers Harar, avec l’explorateur Jules Borelli. Il parvient à se faire payer par Makonen, mais il n’a rien gagné sinon, comme il l’écrit au vice-consul de France à Aden le 30 juillet, « vingt et un mois de fatigues atroces ». Financièrement, l’expédition est un échec. Rimbaud ignore que, pendant ce temps, La Vogue publie en France des vers de lui et une grande partie des « Illuminations ». À la fin du mois de juillet 1887, il part au Caire pour se reposer; Rimbaud est épuisé, vieilli, malade. « J’ai les cheveux absolument gris. Je me figure que mon existence périclite », écrit-il à sa famille dans une lettre du 23 août. Dans une lettre au directeur d’un journal local, le Bosphore égyptien, il raconte son voyage en Abyssinie et au Harar.

De 1888 à 1891, Rimbaud se résout à reprendre son ancien métier: gérant au Harar d’une factorerie, pour le compte de la maison Tian. En février 1891, une douleur au genou droit commence à l’empêcher de marcher. L’état de sa jambe ne faisant qu’empirer, il ferme l’agence. A l’aide d’une civière recouverte d’une toile, il se fait transporter à dos d’homme, la traversée des 300 km de désert jusqu’au port de Zeïlah est un véritable supplice. À Aden, le médecin de l’hôpital européen diagnostique une synovite, à un stade si avancé que l’amputation est nécessaire. Du fait de l’état d’épuisement et de sous-alimentation d’Arthur, la synovite va rapidement dégénérer en tumeur cancéreuse. C’est aussi, héréditairement, le point faible de tous les enfants Rimbaud, puisque c’est une synovite compliquée de tuberculose qui a déjà emporté Vitalie, la jeune soeur d’Arthur, et qu’Isabelle mourra d’une affection similaire en 1922.

Il trouve la force de liquider ses affaires, et le 9 mai, reprend le bateau pour la France. Le 27 mai, il est amputé de la jambe droite à l’hôpital de la Conception à Marseille. Il tente de réapprendre à marcher avec des béquilles, puis une jambe de bois. Pour ce grand marcheur, c’est un drame absolu. Le 23 juillet, il retourne à Roche en wagon spécial, soigné par sa soeur Isabelle. Un mois plus tard, il repart à Marseille avec elle en pensant être mieux soigné. À sa descente du train il est transporté à l’hôpital. Le cancer s’est généralisé. Son état ne faisant qu’empirer, il commence à délirer ( il l’appelle parfois Djami, son serviteur resté là-bas au Harar). 

Rimbaud meurt à trente-sept ans, le 10 novembre 1891, au moment même où les lettrés s’arrachent les exemplaires du « Reliquaire », le recueil de ses premiers poèmes. Depuis sept ans on parlait beaucoup de lui, grâce à Verlaine qui le lança dans les « Poètes maudits », et publia les « Illuminations » dans la Vogue.

Arthur Rimbaud est inhumé dans le caveau familial auprès de son grand-père, Jean Nicolas Cuif et de sa sœur Vitalie. Sa mère, morte à Roche le 1er août 1907, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, les rejoindra. Son frère Frédéric mourra à cinquante-huit ans (des suites d’une fracture d’une jambe), le 2 juillet 1911, à Vouziers ; sa sœur Isabelle se marie en 1897 avec Paterne Berrichon — tous deux se voudront les gardiens de la mémoire du poète. Elle mourra à cinquante-sept ans (d’un cancer), le 20 juin 1917, à Neuilly-sur-Seine.

 

 

Charleville Mézières sa maison.

 

 

294748375_cb8f550b52Le 20 octobre 2004, jour du 150 ème anniversaire de la naissance d’Arthur Rimbaud, la ville de Charleville Mézières a rendu un hommage particulier à son enfant rebelle. A cette occasion a été inaugurée la maison Rimbaud, où l’adolescent fugueur vécut de 1869 à 1875, entre deux voyages à Paris, Londres et Bruxelles (pour ne citer qu’elles). La demeure de Rimbaud se propose de conter les différents voyages du poète, à la fois réels et imaginaires.

En 1869, la famille Rimbaud emménage au premier étage d’un petit immeuble sur les quais de la Meuse, aujourd’hui le 7 quai Arthur Rimbaud, où elle vivra jusqu’en 1875. En 1869, Arthur Rimbaud a 15 ans, il compose des vers latins avec une virtuosité qui stupéfie ses professeurs. Il écrit ses premiers vers en français « Les Etrennes des orphelins ». Quatre ans plus tard, après la publication « d’une saison en enfer », il renonce à la littérature. Il n’écrira plus.

Cette maison d’un style « second Empire » est élevée en pierres de tailles, agrémentée d’une corniche à consoles, de baies moulurées dont le linteau est orné d’agrafes et de crossettes, la façade du rez-de-chaussée présente un décor à refends, les deux balcons soutenus par des consoles se parent de rambardes en fer forgé très ouvragées.

C’est dans cette maison qu’il vécut « ses fugues d’enfer » jusqu’en 1875, ne cessant d’en partir, toujours plus loin,  et d’y revenir, alors qu’il composait l’essentiel de son oeuvre. La vieille bâtisse familiale et ses neuf pièces, ont été aménagées en une originale « Maison des Ailleurs ». Cette maison d’écrivain, « absolument moderne » n’offre pas au public ce qu’on s’attend habituellement à trouver dans un musée, à savoir, portraits, meubles, reliques, manuscrits et autres objets cultes figeant généralement l’auteur dans son époque. La Maison des Ailleurs offre elle, seulement des ambiances, des nappes d’images et de sons, embarquant les visiteurs dans un imaginaire et un univers poétique rimbaldien plutôt que dans des reconstitutions matérielles trop concrètes. Chaque pièce, oeuvre scénographique de plusieurs compositeurs, écrivains, plasticiens et vidéastes contemporains sous la houlette de l’agence Gulliver Design, se veut station d’un voyage sensoriel, à Londres, à Stuttgart, à Bruxelles, à Marseille, à Harar. Plans, couleurs, bruits de villes, paroles, poèmes, le parcours n’immobilise pas le visiteur à Charleville Mézières, mais l’emmène ailleurs, en rimbaldie.

* au rez-de-chaussée, dans les pièces consacrées à l’attente, à Marseille et à la mort de Rimbaud, le compositeur Frédéric Minière qui a réalisé de nombreuses musiques de scène, propose deux bandes sonores, la première étant une invitation au voyage et la deuxième évoquant le retour et la mort de Rimbaud.

* au premier étage, dans la chambre de Rimbaud, lieu de gestation de l’écriture et des colères contre la famille et la société, le cinéaste Yann Beauvais, connu pour son travail expérimental et engagé, a conçu une installation vidéo qui met en espace des fragments mouvants de poèmes.

* dans la pièce consacrée à Paris et à la Commune, l’écrivain Emmanuel Adely dont l’engagement personnel, intime et social, détermine une écriture tendue et radicale, a écrit deux bandes-son qui évoquent, l’une, l’irruption de Rimbaud dans la société parisienne, l’autre sa rencontre avec Verlaine et sa plongée dans la poésie.

* dans la pièce consacrée à Londres, Jean-Michel Espitallier, poète iconoclaste au large champ d’investigation, a conçu une bande-son qui utilise la scansion d’un poème tiré des Illuminations, mêlé à des sons mécaniques, pour évoquer la découverte et le rythme de la ville industrielle, et son influence sur l’écriture du poète.

* pour la pièce de Bruxelles, l’écrivain et plasticien Frédéric Dumond, qui remet en cause la structure même de la langue et la décompose pour recomposer du sens, a réalisé deux bandes-son qui font dialoguer son écriture avec Une Saison en enfer, et qui interrogent la prose rimbaldienne dans sa contemporanéité.

* au deuxième étage, sur le palier consacré à Roche comme lieu de départ et de retour, le vidéaste Patrick André, dont le travail s’ancre dans un rejet viscéral de l’ordre social, familial, et de tout dogmatisme, projette une vidéo qui interprète, autour du mur de la maison, le refus rimbaldien de tout carcan.

* pour la pièce consacrée à l’errance de Rimbaud en Europe, la vidéaste Sabine Massenet, qui dans ses films questionne l’image dans ce qu’elle impose et dans ce qu’elle prétend, a réalisé une installation vidéo qui met en scène les ailleurs fantasmés, tels qu’on les rêve sans jamais les atteindre.

* dans la pièce consacrée à la quête de l’Afrique, le vidéaste Nicolas Barrié, qui expérimente le réel, le décompose, et l’utilise comme sujet de son travail, propose une installation vidéo qui, partant d’une image évoquant la marche, aborde le temps où Rimbaud tente des ailleurs.

* pour la pièce dédiée à Aden, le vidéaste et plasticien Roland Schär qui travaille sur l’étirement du temps et le corps dans ses apparitions fantomatiques, projette une vidéo construite autour d’images de marche dans le désert, de fragments de lettres de Rimbaud, de paysages asséchés, qui disent l’ennui, et le temps qui passe.

* dans la pièce consacrée à Harar, le vidéaste Christian Barani, qui recherche la réalité des êtres qu’il rencontre et des lieux qu’il traverse, propose une installation vidéo dont les images sont tournées dans le Harar d’aujourd’hui, et qui évoquent le destin de Rimbaud sur place dans son exil volontaire de la poésie.

* pour les pièces du 2e étage ainsi que pour la chambre de Rimbaud, l’artiste sonore Thomas Köner, qui structure ses compositions en couches sonores, a écrit un ensemble de bandes-son en nappes progressives, qui mêlent fragments de poèmes et compositions chromatiques personnelles dans un ensemble à l’image du poète, polymorphique.

 

 

 

 

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Merci à Lucille Cottin pour les photographies du voyage dans la maison des ailleurs 

Musée Arthur Rimbaud 

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