Jules Verne – Nantes
Biographie de Jules Verne.
« Il faut reconnaître que la nature est très artiste. La loi des contrastes, elle la pratique; en grand d’ailleurs, comme tout ce qu’elle fait ».
Jules Verne naît en 1828 au sein d’une famille aisée de la bourgeoisie nantaise. Son père a fait quelques années auparavant l’acquisition d’une étude d’avoué, tandis que sa mère appartient au milieu des armateurs et des navigateurs. A partir de 1840 d’ailleurs, la famille Verne s’installe dans le quartier de l’île Feydeau, près des quais et du port. Cet environnement explique l’attirance précoce de l’enfant pour la mer, les horizons lointains et l’aventure. A 9 ans, après avoir acheté l’engagement d’un mousse, Jules Verne s’embarque sur un long-courrier en partance pour les Indes, la Coralie, avant d’être rattrapé à Paimbeuf. Inscrit en 1844 au Lycée de Nantes, il y fait sa rhétorique et sa philosophie, passant avec succès le baccalauréat. Il entame ensuite des études de droit, celles-ci devant lui permettre de prendre la succession de son père à laquelle il est destiné.
Parallèlement, l’adolescent passionné par les lettres s’essaie à la rédaction de quelques sonnets, de tragédies en vers, voire de pièces de théâtre. Ses pensées se tournent alors vers Paris. En avril 1847, il obtient de son père l’autorisation de se rendre dans la capitale afin de terminer son droit. L’étudiant obtient le grade de licencié en 1849. Il fréquente également les salons parisiens que lui ouvrent les relations familiales. Jules Verne y fait la connaissance d’Alexandre Dumas. En 1850, le grand romancier lui permet de faire représenter au Théâtre Historique une comédie en vers. La même année, Jules Verne passe avec succès sa thèse. Cependant, son existence parisienne est fréquemment à l’origine de conflits avec l’autorité paternelle. Ceux-ci trouvent leur dénouement pendant l’année 1852. L’écrivain naissant repousse alors de façon définitive l’idée d’un retour à Nantes et entame une carrière dans la magistrature.
A Paris, Jules Verne doit désormais donner des cours particuliers pour subvenir à ses besoins. Il fait bientôt publier dans la revue Le Musée des familles une nouvelle intitulée « Martin Paz ». Quelques années plus tard, en 1856, il devient l’associé d’un agent de change à la Bourse, l’entreprise étant financée par un apport d’argent d’origine familiale. Jules Verne se marie le 10 janvier de l’année suivante avec une veuve, Honorine de Viane. Il continue également d’écrire pour le théâtre et voyage en Angleterre et en Écosse en 1859 puis en Scandinavie en 1861.
L’année 1862 décide de son avenir littéraire. Jules Verne présente à l’éditeur Jules Hetzel « Cinq Semaines en ballon ». Publié le 24 décembre en librairie, c’est un franc succès et le début d’une longue et fructueuse collaboration. Jules Verne signe alors un contrat qui l’engage pour vingt années avec Hetzel et participe régulièrement à l’une de ses publications, Le Magasin d’éducation et de récréation, une revue destinée à la jeunesse. L’écrivain s’installe à cette époque à Auteuil avant de céder sa charge d’agent de change.
Les romans qui suivent trouvent également un public de lecteurs passionnés : « Voyage au centre de la Terre » en 1864 puis « De la Terre à la Lune » en 1865. L’écrivain a décidément trouvé sa voie ; il se consacrera jusqu’à la fin de sa vie à la description d’un monde, celui des « Voyages extraordinaires ». Dans ses écrits, Jules Verne se fait l’apologiste de la technique et des sciences, des prouesses de l’homme moderne. S’il décrit certaines réalisations futures en se projetant dans un univers imaginaire, il peut également être considéré comme l’écrivain de son temps et de ses traits les plus visibles (l’industrialisation, la découverte du monde…) ou de ses passions (la foi dans le progrès, le colonialisme…) mais également de son milieu, la bourgeoisie et de ses valeurs (le mérite personnel qui repose sur la réussite individuelle bâtie grâce à l’éducation et au travail, un antisémitisme latent…).
Les succès se suivent, succès d’édition en France où son public de lecteurs s’élargit, et dans le monde grâce aux traductions de ses œuvres majeures : « Les Enfants du Capitaine Grant » en 1867, « Vingt mille lieues sous les mers » en 1869, « Le Tour du monde en quatre-vingts jours » en 1873, « L’Île mystérieuse » en 1874, « Michel Strogoff » en 1876, « Les Indes Noires » en 1877… Quelques ouvrages d’érudition prennent également place au milieu de cette production littéraire, une « Géographie illustrée de la France et de ses colonies« publiée en 1868 notamment.
En 1866, Jules Verne loue une maison au Crotoy, en baie de Somme. L’année suivante est l’occasion d’un voyage aux États-Unis. Il effectue la traversée sur le transatlantique Great Eastern. La consécration l’attend à son retour. La Légion d’Honneur lui est en effet remise en 1870 tandis que son oeuvre est couronnée par l’Académie française. L’écrivain est mobilisé quelques temps plus tard comme garde-côte pendant le conflit franco-prussien. Il se rend alors dans la capitale où les événements de la Commune parisienne l’horrifie.
En 1872 enfin, Jules Verne s’installe définitivement à Amiens, la ville natale de sa femme, où il fait l’acquisition en octobre 1882 d’un hôtel particulier situé au n°2 de la rue Charles Dubois dans les quartiers en construction par lesquels la ville s’étend en direction du Sud. Il y mène une existence bourgeoise de représentation, de participation à la vie politique locale. Jules Verne est élu au Conseil municipal de la ville en 1888 sur une « liste de protestation patriotique » composée de notables et de représentants des milieux populaires en tête de laquelle figure le nom du général Boulanger. Il s’attachera à la promotion des Beaux-arts, décidant notamment de la construction du Cirque municipal.
Jules Verne ne néglige pas pour autant son travail d’écrivain (« Les Cinq Cents millions de la Bégum » 1879 ; « Robur le Conquérant » 1886 ; « Le Château des Carpates » 1892 ; « L’Ile à hélices » 1895…). Il effectue également quelques croisières à bord de son yacht à voiles et à vapeur le Saint Michel III (en Mer du Nord et en Mer Baltique en 1881, en Méditerranée en 1884).
Affaibli depuis 1897, Jules Verne est terrassé le 16 mars 1905 par une crise de diabète. L’auteur des « Voyages extraordinaires » décède quelques jours plus tard, le 24 mars, à Amiens. Il est inhumé au cimetière de la Madeleine où le sculpteur Albert Roze l’a immortalisé en ornant son tombeau d’un buste représentant l’écrivain la main tendue vers le ciel.
Nantes sa maison.
Pierre Verne, originaire de Provins, acheta en 1826 une charge d’avoué à Nantes, et épousa l’année suivante Sophie Allotte de la Fuÿe. De cette union naquirent cinq enfants : Jules, Paul, Anna, Mathilde et Marie.
L’île Feydeau, où se trouve la maison natale de Jules Verne, était alors vraiment une île, enserrée entre deux bras de Loire. L’immeuble du 2, quai Jean-Bart, où il passa les quatorze premières années de sa vie, dominait le confluent de la Loire et de l’Erdre. De la maison de campagne de Chantenay, on voyait l’activité du port se déployer jusqu’au cœur de la ville.
Jules Verne n’a vu la mer pour la première fois qu’à l’âge de douze ans, mais les îles, les ports et les bateaux, qui seront les thèmes favoris de tant de ses œuvres, étaient depuis longtemps déjà dans sa vie et dans ses rêves.
Dans la famille Verne, on pratiquait volontiers la poésie de circonstance : naissances et mariages étaient l’occasion de célébrer en vers les joies de l’amour et de la famille. Jules Verne a commencé à versifier très jeune : « Dès l’âge de douze ou quatorze ans », devait-il déclarer en 1904 à un journaliste, « j’avais toujours un crayon sur moi et du temps où j’allais à l’école, je n’arrêtais pas d’écrire, travaillant surtout la poésie », à l’adolescence, il commença de remplir les deux cahiers de poésies qui l’ont accompagné toute sa vie et qui, restés inédits à sa mort, ne furent publiés qu’en 1989. Poésie lyrique ou satirique, émois amoureux ou rimes de chansonnier, les genres les plus divers s’y côtoient. Plus tard, il fut aussi parolier, fournissant à son ami le compositeur Aristide Hignard des poèmes à mettre en musique. Ces chansons, réunies en recueil, parurent en 1857, sous le titre de « Rimes et mélodies ».
La vie de Jules Verne, c’est vingt ans à Nantes, vingt-trois ans à Paris, et trente-quatre ans à Amiens, 61 063 habitants, comme il l’écrit dans sa « Géographie de la France ».
Nantes, la Loire et ses îles. le port et les bateaux, l’agitation du quai de la Fosse, l’appel vers l’ailleurs. le jardin des Plantes et la richesse exotique du patrimoine végétal nantais. tous ces éléments ont durablement marqué Jules Verne. Nantes a été la source du rêve et le creuset de l’inspiration des Voyages extraordinaires.
« Je suis né à Nantes, où mon enfance, s’est tout entière écoulée. Fils d’un père à demi-parisien et d’une mère tout à fait bretonne, j’ai vécu dans le mouvement maritime d’une grande ville de commerce, point de départ et d’arrivée de nombreux voyages au long cours. Je revois cette Loire, dont une lieue de ponts relie les bras multiples, ses quais encombrés de cargaisons, sous l’ombrage de grands ormes, et que la double voie du chemin de fer, les lignes du tramway ne sillonnaient pas encore. Des navires sont à quai sur deux ou trois rangs ; d’autres remontent ou descendent le fleuve.
Pas de bateaux à vapeur, à cette époque, ou du moins très peu ; mais de ces voiliers dont les Américains ont si heureusement conservé et perfectionné le type avec leurs clippers et leurs trois-mâts goélettes. En ce temps-là, nous n’avions que les lourds bâtiments à voile de la marine marchande. Mais que de souvenirs ils me rappellent ! En imagination, je grimpais à leurs haubans, je me hissais à leurs hunes, je me cramponnais à la pomme de leurs mâts ! Mon plus grand désir eût été de franchir la planche tremblotante qui les rattachait au quai pour mettre le pied sur leur pont !
Mais avec ma timidité d’enfant, je n’osais ! Timide ? Oui, je l’étais, et pourtant, j’avais déjà vu faire une révolution, renverser un régime, fonder une royauté nouvelle, et bien que je n’eusse que 2 ans alors, j’entends encore les coups de fusil de 1830 dans les rues de Nantes où, comme à Paris, la population se battit contre les troupes royales ».
Inauguré en 1978 à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de l’écrivain à Nantes et rénové dans le cadre de l’année du centenaire de la disparition de Jules Verne en 2005, le Musée Jules Verne invite, à travers livres, documents, extraits des oeuvres et illustrations, affiches, jeux et objets, à un « voyage au centre de l’écriture vernienne » : ses sources d’inspiration, ses méthodes de travail et son environnement éditorial ; ses multiples facettes et sa postérité…
La nouvelle scénographie, qui optimise tous les espaces, met en valeur les fac-similés des manuscrits et les différents documents – livres, extraits des œuvres et illustrations, affiches, jeux et objets – par de nouveaux mobiliers et un nouvel éclairage.
Elle s’appuie également sur des objets ayant appartenu à l’écrivain et légués par ses descendants et s’accompagne de supports multimédias pour satisfaire les nouvelles pratiques du public, en particulier du public jeune.
Le parcours muséographique est donc un véritable « voyage au centre de l’écriture vernienne » s’attachant à faire connaître l’œuvre dans sa richesse et sa diversité. Il ménage des temps d’arrêt pour permettre au visiteur un véritable contact avec les collections et crée à chaque fois une ambiance en rapport avec le temps de la salle.
Après le salon où sont accrochés les portraits de Jules Verne et de sa femme Honorine, les salles évoquent successivement l’enfance et l’environnement familial de l’écrivain ainsi que Chantenay avec un télescope tourné vers la Loire ; la mer et la navigation source de « ce long désir du monde » chez Jules Verne selon l’expression de Michel Butor ; le« système Hetzel » dans un décor de librairie du 19e siècle avec affiches, cartonnages, catalogues… ; l’univers romanesque des Mondes connus et inconnus avec le globe de Jules Verne, des maquettes de machines extraordinaires, le Nautilus, l’espace vu de Autour de la Lune ; les adaptations théâtrales de quelques-uns des Voyages extraordinaires. Le parcours se termine par un salon de lecture et une salle audiovisuelle.
La visite du musée pas à pas :
Le salon de Jules Verne.
Le vieillard à barbe blanche passé à la postérité tel que l’a représenté Wertheimer, “avec un visage qui rappelle celui de Victor Hugo”, accueille le visiteur aux côtés de sa femme Honorine de Viane portraiturée par De Coninck. Les sièges et la pendule provenant de son salon, la vaisselle, offerts à la Ville de Nantes par ses descendants évoquent le décor – “la pièce d’un homme aisé et qui a des loisirs, mais sans ostentation” – où furent reçus les journalistes venus d’Amérique, d’Angleterre, d’Italie, d’Allemagne ou plus simplement de France pour s’entretenir avec le déjà très célèbre romancier.
Aux sources du rêve.
Rédigeant à la demande du Youth’s Companion de Boston le seul texte autobiographique qu’il ait jamais écrit afin d’expliquer comment lui “vint cette vocation d’écrire”, Jules Verne se tourne vers son “enfance très heureuse”,
cette “famille aussi nombreuse qu’unie”, où l’on tenait “en grand honneur
les lettres et arts”.
Auprès d’un père féru de littérature et curieux de science, et d’une mère à l’imagination débordante – “l’imagination Allotte ! Il n’y a pas de locomotive Crampton, d’étincelle électrique qui puisse lutter de vitesse avec elle !”, écrira-t-il à vingt ans – les dispositions artistiques du jeune homme s’épanouissent dans un environnement propice au rêve : “dès l’âge de douze ou quatorze ans, j’avais toujours un crayon sur moi et du temps où j’allais à l’école, je n’arrêtais pas d’écrire, travaillant surtout la poésie”.
Sous les fenêtres de la famille Verne se déploie l’activité portuaire. A Chantenay, il robinsonne d’île en île de Loire, et ne manque pas une occasion de visiter les arsenaux de la marine à Indret, fasciné par le fonctionnement des machines. Toutes les composantes du rêve sont en place. Les premiers souvenirs transmis intacts à l’adulte par un enfant rêveur sont bien le creuset de l’œuvre à venir.
La mer toujours renouvelée.
Première expression de ce “long désir du monde” dont a si bien parlé Michel Butor pour caractériser l’œuvre de Jules Verne, la mer et la navigation resteront cet horizon inaccessible et toujours poursuivi, appel enivrant de l’aventure plus fort que la réalité même, espace onirique, lieu idéal de merveilleux mondes imaginaires. S’il n’avait pas été l’heureux propriétaire de trois bateaux successifs, jusqu’au Saint-Michel III, “charmant yacht à vapeur, long de trente-trois mètres” acheté 55.000 francs or à Nantes en 1877 sur un coup de cœur, Jules Verne serait-il devenu le romancier des sept mers qui décrit des voyages maritimes dans plus de la moitié des Voyages extraordinaires et dans quatre d’entre eux – Vingt mille lieues sous les mers, Les Enfants du capitaine Grant, Le Tour du monde en quatre-vingts jours et Mirifiques aventures de maître Antifer – en fait le principal vecteur d’un tour du monde ?
Les deux Jules.
Lorsque Jules Verne part poursuivre ses études à Paris en 1847, les jeux sont faits : “La littérature avant tout, puisque là seulement je puis réussir, puisque mon esprit est invariablement fixé sur ce point !” Inébranlable dans sa détermination même quand il semble y renoncer pour une charge d’agent de change et un mariage de convenance, soutenu par des parents inquiets mais compréhensifs, il mettra quinze ans à trouver sa voie, alliant formes littéraires conventionnelles et recherche de “systèmes nouveaux” dans une stratégie d’écriture dont il ne se départira plus.
En 1862 il propose à l’éditeur Pierre-Jules Hetzel, que son engagement dans les événements de 1848 avait contraint à l’exil et qui venait tout juste de rentrer à Paris, le récit d’Un voyage dans les airs. Publié l’année suivante sous le titre de Cinq semaines en ballon, le roman connaît un succès immédiat, et lance la série des Voyages extraordinaires, à laquelle Jules Verne lié à la maison Hetzel par cinq contrats successifs va consacrer le reste de sa vie.
Cette relation entre l’auteur et son éditeur, «probablement sans autre exemple dans la littérature française”, est toujours abondamment commentée. Certes Hetzel est continûment intervenu dans le processus rédactionnel, corrigeant le style, donnant son avis sur l’intrigue et les personnages, refusant des situations qui seraient venues à l’encontre de son programme idéologique ou de ses intérêts commerciaux. Mais entre eux c’est en fait un véritable rapport dialectique qui s’instaure. Le talent de Jules Verne, qui résista d’ailleurs à bien des demandes, est stimulé par les “colères au crayon” de son éditeur. Celui-ci, en assumant les charges de la maison d’édition et le travail commercial, assure en outre à l’auteur les conditions d’un travail régulier et continu, c’est-à-dire d’une création sereine en lui permettant de vivre de sa plume. Sa politique commerciale avisée, son sens remarquable du marketing contribuent largement au succès de l’auteur. Affiches et cartonnages d’Etrennes constituent en effet de formidables outils promotionnels. On lui est enfin redevable des illustrations qui accompagnent les romans et en renforcent si bien la force d’évocation : fonctionnant comme autant de fenêtres directement ouvertes sur le rêve, elles en sont devenues le complément indispensable.
Les mondes connus et inconnus.
Sur et sous la terre, sur et sous les mers, dans l’air et à travers l’espace, va ainsi peu à peu s’élaborer l’encyclopédie romanesque des “mondes connus et inconnus” que constituent Les Voyages extraordinaires. Exact contemporain des grandes découvertes de la deuxième moitié du 19e siècle, Jules Verne effectue “un parcours systématique du globe”, que l’on peut suivre sur la surface usée de son globe terrestre. Déplacement, aventure, connaissance et quête de soi-même sont les quatre sens de l’écriture vernienne. Exerçant son regard au moment où se dessinent les contours de notre monde actuel, où se mettent en place le village mondial et les problématiques qui y sont liées, il est un témoin essentiel qui nous aide à mieux comprendre ce que nous sommes devenus.
Pour mener à bien un tel projet Jules Verne s’est appuyé sur une sensibilité lyrique qui peut aller jusqu’à l’exaltation, aussi bien que sur un sens de l’humour pratiqué depuis l’enfance, qui résiste mal à l’esprit potache mais fait le plus souvent mouche, et sur l’habileté de l’auteur dramatique qu’il est toujours resté. Le fantastique, d’autant plus fort qu’il est contenu par le souci de vraisemblance, est toujours sous-jacent et omniprésent. Il surgit de la description des machines extraordinaires imaginées par Jules Verne pour servir de véhicules à ses voyages : chambre des machines “nettement éclairée” du Nautilus, grand vaisseau “en papier de paille, devenu métal sous la pression” de l’Albatros. Un grand souffle tellurique traverse l’œuvre, en s’appuyant en permanence sur les quatre éléments – air, eau, feu et terre – et les mythes fondateurs qui y sont liés.
Les Voyages au théâtre.
Publié en feuilleton dans le journal Le temps en 1872, Le tour du monde en quatre-vingts jours fut le best-seller de Jules Verne. A la première édition vendue à 108.000 exemplaires succédèrent éditions illustrées, rééditions, traductions, adaptations cinématographiques et télévisées, dessins animés… La première de ces adaptations fut l’œuvre de Jules Verne lui-même, qui, renouant avec sa première vocation, transforma le roman en pièce de théâtre à grand spectacle en collaboration avec Adolphe Dennery. Les représentations triomphales qui remplirent le théâtre de la Porte Saint-Martin, puis celui du Châtelet, augmentèrent la célébrité de Jules Verne et lui apportèrent l’aisance financière. Les nombreux “produits dérivés” inspirés du roman et de la pièce (jeux de société, puzzles, plaques de lanterne magique …) témoignent aussi de ce succès, et ne sont que le début d’une longue série qui se poursuit toujours.
L’expérience sera renouvelée, avec le même succès, pour Michel Strogoff et Les enfants du capitaine Grant.
Un salon de lecture.
Un salon de lecture, une salle audiovisuelle et le monde des jeux inspirés par les romans complètent la visite.
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