Maisons d écrivains

Oscar Wilde – Londres

Biographie d’Oscar Wilde.

Oscar_Wilde« Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée »

Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde naît à Dublin le 16 octobre 1854 au sein d’une famille irlandaise et de confession catholique. Oscar a un frère aîné, William, et une sœur cadette, Isola, qui décédera prématurément en 1864. Sa mère, née Jane Francesca Agnes Elgree, est une active militante féministe, qui exerce une grande influence sur l’enfant. Elle rédige également des poèmes nationalistes sous le pseudonyme de Speranza. Son père est un chirurgien célèbre, auteur de traités scientifiques qui font autorité et historien de l’Irlande à ses heures.

A partir de 1864, le jeune Oscar étudie à la Public-school de Portora, à Enniskillen. En 1870, une brillante années scolaire lui vaut un prix en grec. Et l’année suivante, il entre, au Trinity College, l’université anglaise de Dublin, grâce à une bourse. Le 17 octobre 1874, Oscar Wilde s’inscrit ensuite au Magdalen College d’Oxford et gagne Londres.

Au sein de la vénérable institution, il se fait alors remarquer par l’excentricité de ses tenues, par ses premiers sonnets également. Wilde assiste aux cours d’histoire de l’art de John Ruskin et de Walter Pater, tandis que ses poèmes sont publiés dans diverses revues irlandaises et anglaises. L’un d’entre-eux, intitulé « Ravenna », obtient le Newdigate Prize en 1878. L’année précédente, Oscar Wilde est en villégiature en Grèce, à Corfou, quant l’université le somme de presser son retour afin de préparer le greats, le diplôme final en humanités. Il s’attarde néanmoins à Rome afin de se recueillir sur la tombe de John Keats. Au mois de novembre 1878, Oscar Wilde achève ses études et devient Bachelor of Arts.

L’année suivante, Wilde s’installe à Londres, puis dans le quartier chic de Chelsea, au 34, Tite Street. Il fréquente assidûment la bonne société où son allure de dandy, mais aussi l’élégance de sa conversation lui assurent le succès et lui ouvrent les portes des salons. Wilde affirme bien haut ses conceptions esthétiques, celles de « l’art pour l’art » dans les expositions, au théâtre. Il acquiert alors une notoriété suffisante dans le milieu artistique de la capitale londonienne pour être brocardé en 1881 par Gilbert et Sullivan dans Patience, un opéra comique. La même année, le jeune irlandais publie un premier recueil de poèmes puis part aux États-Unis effectuer une série de conférences. En 1883, Oscar Wilde est ensuite à Paris, où il fait la connaissance des principaux représentants du monde des lettres et de la peinture. Une pièce de théâtre, Véra, ou les Nihilistes, est créée à New York, sans grand succès. Le 29 mai 1884, il épouse Constance Mary Lloyd, une amie de jeunesse. Celle-ci lui donnera deux fils : Cyril, qui vient au monde en 1885, et Vyvyan, né l’année suivante. A cette époque, Wilde fait aussi la connaissance de Robert Ross, un jeune étudiant de dix-sept ans, qui sera son premier amant.

En 1885, Oscar Wilde devient critique pour un journal de renom, The Pall Mall Gazette. C’est ensuite la direction de The Lady’s World qui lui propose de devenir rédacteur en chef du populaire magazine féminin. Un essai, « The Portrait of Mr. W. H. »à propos de l’œuvre de Shakespeare, est publié dans la revue Blackwood’s Magazine. Wilde affirme dans ce texte que la plupart des sonnets du grand dramaturge sont en fait adressé à un homme… En 1888, paraissent également ses premières nouvelles réunies dans « The Happy Prince and other tales » (Le Prince heureux et autres contes). Il rédige également deux autres essais, « The Decay of Lying » (Le déclin du mensonge) ainsi que « Pen, Pencil and Poison ».

Enfin Oscar Wilde accède à la célébrité grâce au succès de son roman, « The Picture of Dorian Gray » (Le Portrait de Dorian Gray), édité dans les colonnes du Lippincott’s Magazine puis en volume au mois de juillet 1891. La critique cependant lui reproche son affiliation au mouvement décadent, que représentent à l’époque en France Paul Bourget et Jorys-Karl Huysmans. L’impudeur qu’il dévoile dans son œuvre choque également l’Angleterre victorienne. Après la publication d’un volume de contes, « Lord Arthur Saville’s Crimes, and Other Stones » (Le Crime de Lord Arthur Saville et autres histoires), l’écrivain poursuit la critique de la société et des mœurs de son temps. Avec des comédies comme « Lady’sWindermere’s Fan » (L’Éventail de Lady Windermere), mise en scène à Londres au mois d’avril 1893 au St. James’s Theatre, ou « A Woman with No Importance » (Une femme sans importance). Oscar Wilde renouvelle ainsi le genre. Enfin « Salomé », une tragédie que l’écrivain achève en français et qui devait être jouée par Sarah Bernhardt, est interdite outre-Manche.

En 1894, paraissent les « Phrases and Philosophies for the Use of the Young » (Sentences philosophiques à l’usage de la jeunesse). L’année suivante, après la création d’« An Ideal Husband » (Un Mari idéal) à l’Haymarket Theatre, a lieu la première de « The Importance of Being Earnest » (Il importe d’être constant) le 14 février 1895, une peinture impitoyable de l’aristocratie anglaise. Au cours de la soirée cependant, éclate le scandale qui amène la déchéance de l’écrivain adulé. En effet, Lord Queensberry, un illustre aristocrate écossais, dénonce publiquement la liaison qu’entretient son fils, Alfred Bruce Douglas, « Bosie », avec Oscar Wilde. Une botte de navets à la main, ce dernier s’écrie au milieu des spectateurs que l’écrivain « was posing as a Sodomite ».

Celui-ci porte plainte en diffamation contre son accusateur et le tout-Londres se passionne pour l’événement. Il est cependant débouté le 5 avril suivant par la justice anglaise, qui se saisit de l’affaire. Refusant d’écouté les conseils de ses amis qui le somme de s’exiler dans la France voisine, Wilde est bientôt arrêté pour ce qui constitue alors un crime, la loi de 1885 interdisant les relations homosexuelles. Il est jugé, déclaré coupable d’ « actes indécents » et condamné à deux ans de travaux forcés, hard labour, la peine maximale prévue , le 27 mai 1895. Pendant le procès, l’opinion se retourne contre Oscar Wilde, tout comme le public qui le conspue. Le jury, invité par le président du tribunal à ne pas se laisser influencer par les journaux, n’apprécie pas le ton hautain adopté par l’écrivain, l’hédonisme qu’il affiche. C’est finalement la revanche d’un monde que l’artiste n’a cessé de tourner en dérision.

Oscar Wilde est placé en détention à la prison de Pentonville dans un premier temps, puis transféré ensuite à Wandsworth au mois de novembre 1895 et enfin à Reading. Malgré la pétition qui circule en Europe à l’initiative de Georges Bernard Shaw, il n’en sort que le 19 mai 1897, avant d’être de nouveau condamné, cette fois-ci pour banqueroute. L’écrivain perdu de réputation ne peut en effet rembourser les frais de son procès. Sa femme se sépare de lui, sans pour autant réclamer le divorce, mais donnant à ses enfants le nom de Holland. Wilde lui-même se réfugie en Bretagne, à Berneval, sous le nom de Sebastian Melmoth. Il rédige alors « The Ballad of Reading Gaol » (La Ballade de la geôle de Reading), qui paraît à Londres au mois de février 1898. Après avoir rejoint son amant Douglas à Naples au mois d’août suivant, il s’installe à Paris et demeure à l’hôtel d’Alsace, rue des Beaux-Arts. Vivant à présent dans la solitude, Oscar Wilde décède des suites d’une méningite cérébrale, le 30 novembre 1900, après avoir reçu l’absolution des mains d’un prêtre catholique. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

A noter que le « De Profundis », son testament spirituel, à l’origine une lettre écrite en prison à Lord Alfred Douglas, ne sera publié dans une version expurgée que cinq années après son décès, et enfin dans sa totalité en 1962 ! Si André Gide consacre une biographie à Oscar Wilde dès 1910, seule la permissive society permet au sulfureux écrivain de sortir de son purgatoire…

 

« En 1900, ce sont les anonymes, les bonnes gens de la rue des Beaux-Arts, qui suivent le cercueil d’Oscar Wilde jusqu’au Père-Lachaise. Nul écrivain dans le cortège, aucun de ses anciens amis qui appréciaient l’homme et encensaient l’artiste. Cinq ans plus tôt, refusant de fuir en France, comme ses amis le lui demandent, Oscar Wilde affronte la justice de son pays. Un second procès le voit condamné à deux ans de travaux forcés pour corruption de mineurs. Depuis la prison de Reading, ses amis tentent d’alerter l’opinion publique : Wilde est malade,ne mange plus, ne dort plus, ses conditions de détention sont terribles. Stuart Merrill, poète anarchiste installé à Paris et qui connaît Wilde depuis 1890, a l’idée de récolter les signatures des grands noms de la littérature française et de faire parvenir cette pétition à la reine Victoria. La revue Plume coordonne la campagne de soutien à l’auteur du Portrait de Dorian Gray. Émile Zola, Alphonse Daudet, les frères Goncourt, Heredia sont sollicités parmi tant d’autres. Bien peu signeront, chacun y allant de ses bonnes raisons pour ne pas venir en aide à Oscar Wilde. Seuls quelques écrivains isolés, Octave Mirbeau, le plus connu, Henry Bauër, Paul Adam, Hugues Rebell apporteront leur soutien. Octave Mirbeau, l’auteur du Journal d’une femme de chambre, termine ainsi l’article consacré à la défense de Wilde : « Il n’y a que de la pourriture et du fumier, il n’y a que de l’impureté à l’origine de toute vie. Étalée, dans le chemin, sous le soleil, la charogne se gonfle de vie splendide ; les fientes, dans l’herbage desséché, recèlent des réalisations futures, merveilleuses. C’est dans l’infection du pus et le venin du sang corrompu qu’éclosent les formes par qui notre rêve chante et s’enchante. Ne nous demandons pas d’où elles viennent et pourquoi la fleur est si belle qui plonge ses racines dans l’abject purin ». Faute de signatures prestigieuses la pétition ne parviendra jamais à Londres.

Les Goncourt la ressentent comme une intimidation certaine, Jules Renard fait du mauvais esprit – « Je veux bien signer la pétition pour Oscar Wilde, à condition qu’il prenne l’engagement d’honneur de ne plus jamais… écrire ». Gide est gêné, quand, quelques années plus tard, il croise l’écrivain dans la misère. Quant à Jean Lorrain, il traite par le mépris celui qui a eu le courage d’affronter la justice de son pays. Si l’expression « silence des intellectuels » naît avec l’affaire Dreyfus, elle aurait tout autant convenu pour l’affaire Wilde. Notre histoire commence par une lâcheté ».

Article de Tetu.

The Beautiful House sa maison à Londres.

250654599_0f174e7803Le 29 mai 1884, Constance Lloyd, une jeune femme belle, intelligente, sensible, maîtrisant plusieurs langues européennes et dotée d’un sens aigu de la justice, épouse Oscar Wilde. Ils s’aiment, partagent la même passion pour la littérature et se découvrent un point de vue commun sur l’art et la beauté. Ils s’installent dans la « maison merveilleuse » à la décoration subtile, lumineuse et raffinée qui tranche avec la mode victorienne en vigueur.

Cette maison est le point d’ancrage de sa vie d’adulte, située dans Tite Street cette « House Beautiful » est décorée par l’architecte à la mode Edward Godwin dans le plus pur style esthétique, mâtiné d’influences whitleriennes et japonisantes, située dans Chelsea, quartier de Londres à la fois chic et bohème. Au 16 Tite Street, s’élève la demeure cossue d’un homme rangé en apparence, bien établi dans la société, le mariage et la paternité, la maison prospère, gracieuse et raffinée qui couronne la réussite d’un artiste dont la renommée et la fortune ne cessent de croître. Tite Street est indissociable du bonheur familial de Wilde, de ses fulgurants succès. Quand le malheur le frappera en même temps que la ruine, il en sera chassé comme Adam de l’Eden après la chute.

L’origine du mouvement esthétique était une réaction au poids et à l’image du style victorien, et contre les marchandises produites en série. Ce mouvement a favorisé la notion de l’art dans l’intérêt de l’art, il reposait fortement sur des traditions moyen orientales et orientales, plus particulièrement japonaises.  L’enthousiasme pour la simplicité de la conception orientale s’est exprimé avec un déferlement de porcelaines bleues et blanches de 1870 à 1880 et par la conception géométrique des meubles de Godwin.

L’intérieur esthétique était éclectique, reposant sur différentes cultures et périodes, l’architecture « Queen Ann », les mosaïques mauresques, les draperies de la Renaissance. La « House Beautiful », reflet de cet art nouveau,  comportait des cheminées aux manteaux décorés avec raffinement, de magnifiques collections de porcelaines. Les couleurs principalement utilisées étaient le vert olive, le bleu paon et l’or. Les plumes de paon, les tournesols et les lys étaient utilisés à foison pour les décors des papiers peints, textiles et décors en terracotta, mosaïques et verreries.

Dans la maison de Wilde, la peinture blanche à haute brillance était partout, ce qui contrastait fortement avec les intérieurs victoriens de l’époque plutôt sombres. Seule la bibliothèque, où Wilde écrivait, était de style mauresque et de couleur bleu foncé et or.

Ce courant esthétique s’est propagé rapidement en Angleterre, grâce notamment à la notoriété de Wilde et à sa publicité dans la presse populaire, ainsi que grâce aux catalogues richement illustrés des fournisseurs de meubles, la classe moyenne aisée s’est ruée sur ce courant. Parmi les fournisseurs les plus influents se trouvaient Morris and Co, dont les papiers peints et les textiles ont été particulièrement utilisés dans ces intérieurs artistiques.

A l’heure actuelle, l’intérieur de la « House Beautiful » de Wilde n’existe malheureusement plus. Tout a été dispersé et vendu aux enchères lors de son emprisonnement.

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Site officiel Oscar Wilde.

 Société des Amis d’Oscar Wilde

 

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LOCALISATION DE LA MAISON :

 

4 Commentaires

  1. Léopold

    Ah superbe maison!!! J’en cherche une dans le même genre. On y fait naître des chefs d’oeuvre malheureusement cela ne me concerne pas. Wilde a aussi voyagé, aux US, en France où il a logé chez Gide je crois.

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  2. pfck (Auteur de l'article)

    un article au sujet des rencvontres entre Wilde et Gide ici :
    http://www.oscholars.com/RBA/sixteen/16.13/rencontres.htm

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  3. Danielle Guérin

    Puis-je, en toute amitié, vous signaler quelques petites erreurs ? Constance n’était pas une amie d’enfance. Il l’a rencontrée à Dublin dans le salon que tenait sa mère, Speranza. Le marquis de Queenberry s’est bien présenté à la porte du théâtre où était créé « The importance of being Earnest » avec un bouquet de légumes, mais il a été refoulé par la police. C’est quatre jours plus tard qu’il s’est rendu au club de Wilde pour y déposer une carte où il l’accusait de « poser au sodo(m)domite » (avec une faute d’orthographe). Il ne l’a donc pas accusé publiquement. Ce n’est pas George Bernard Shaw qui a lancé la pétition en faveur de Wilde, même s’il avait avec lui une relation amicale. Pour répondre à un de vos correspondants, Wilde n’a jamais logé chez Gide à Paris. Quant à l’article de Tétu, il comporte aussi des erreurs, quant à l’enterrement de Wilde. Certains de ses amis ont bien suivi le convoi, en particulier Robert Ross et Lord Alfred Douglas », et ce n’est pas au Père Lachaise que le corps fut emmené, mais au cimetière de Bagneux. Wilde n’a été transféré au Père Lachaise que neuf ans plus tard. Merci en tout cas pour cet article intéressant.

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  4. pfck (Auteur de l'article)

    Mille mercis pour votre message et toute vos précisions. Il faut toujours rétablir la vérité et pour cela rien ne vaut un(e) spécialiste 🙂
    Il est souvent difficile de faire la part des choses sur la masse d’informations que l’on peut trouver.

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