Biographie de George Orwell.
« Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante »
Eric Arthur Blair est né le 25 juin 1903, à Motihari au Bengale, où Richard Walmesley Blair, et son épouse, née Ida Mabel Limouzin sont installés depuis plusieurs années. Son père travaille au département opium du gouvernement indien, et sa mère, beaucoup plus jeune que son mari, élève Marjorie, la sœur aîné d’Eric. En Inde, la vie est agréable, mais la famille ne vit pas dans l’opulence et quand en 1907, Ida rentre avec ses deux enfants en Angleterre, elle laisse sur place son mari qui ne les rejoindra qu’en 1912, au moment de sa retraite.
A leur retour, la famille s’installe à Henley-on-Thames, dans le comté d’Oxford, et Eric est inscrit à Sunnylands, une école anglicane du Sussex qu’il fréquente de 1908 à 1911. Il entre ensuite comme pensionnaire à St Cyprian, une école préparatoire d’Eastbourne où il restera jusqu’en 1916. Les moyens de sa famille restant limités, le gain d’une bourse pour Wellington, puis pour Eton, est providentiel. Eric, qui a publié son premier poème en 1914, est atterré quand il intègre Eton, du peu d’intérêt manifesté par ses condisciples pour la littérature. Il reste à Eton, jusqu’en 1921 et sort 138 eme sur une promotion de 167. Il aura découvert seul pendant cette période, Jonathan Swift, Jack London et autre Sterne.
Son père ne souhaitant pas qu’il poursuive ses études à l’université d’Oxford, il prépare de janvier à juin 1922 à Southwold, les examens pour entrer dans la police impériale indienne. Fin 1922, il rejoint la police indienne à Burma, où il passe 5 longues années solitaires.
A l’issue de cette période, il est revenu du colonialisme et profite d’un séjour en Angleterre pour démissionner et se lancer dans la carrière d’écrivain. Il s’installe dans une petite chambre de Portebello Road, où il partage la vie des plus pauvres tout en apprenant son métier d’écrivain. Il passe également quelques mois à Paris où il travaille comme plongeur tout en accumulant du vécu qu’il utilise pour écrire « Down and out in Paris and London ». En février 1929, une pneumonie nécessite son hospitalisation. Quelques mois supplémentaires le conduisent dans une quasi misère et entraînent son retour au domicile familial pour les fêtes de Noël 1929.
Durant plusieurs années, il alterne enseignement, écriture et documentation sur le terrain. « Down and out …« est publié en 1933, en utilisant comme pour « A hanging » paru en 1931, son nom de naissance. A partir de cette date, il adopte le pseudonyme de George Orwell qu’il utilisera dès 1934 pour la publication de « Burmese day » qui relate son expérience indienne. En 1934, il travaille dans une librairie « the booklover’s corner » d’Hampstead à Londres, se frotte aux idées socialistes et rencontre Eileen Maud O’Shaughnessy, diplômé d’Oxford et psychologue. En 1936, il travaille dans la boutique du village de Wallington, mène des investigations sur les conditions de vie et de chomage des ouvriers du Lancashire et du Yorkshire qui lui permettront d’écrire « The road to Wigan Pier » et le 9 juin épouse Eileen Maud O’Shaughnessy.
Dès cette époque, ce qui fera la force d’Orwell est présente dans son œuvre : la recherche de la justice et l’amour de la vérité. La pensée d’Orwell est encore aujourd’hui d’une actualité brûlante, et pose de façon complexe, les dilemmes auxquels nous sommes toujours confrontés. Orwell plaidait pour une société juste, refusant de tout détruire pour la construire et en affirmant la nécessité de limites ordinaires (common decency). Orwell faisait de la politique pour préserver des valeurs non politiques. Il n’hésite pas pour ce faire à pourfendre les baudruches pensantes, qui tel Sartre, cautionnaient des totalitarismes qui au delà des atrocités que l’histoire a retenues, cherchent à détruire la notion de vérité objective en prétendant contrôler aussi bien le passé que l’avenir.
C’est dans cet état d’esprit militant qu’il gagne en décembre 1936, l’Espagne. Il s’enrôle dans les milices du POUM (d’obédience marxiste) où après une brève formation militaire, il est envoyé sur le front près de Saragosse. Il passe deux mois sur place avant d’être blessé à la gorge et d’être rapatrié sur Barcelone qu’il retrouve en proie aux luttes intestines. Il quitte alors l’Espagne au mois de juin, ayant accumulé la matière de ce qu’il intitule « Hommage à la Catalogne » qui paraît en 1938.
A ce moment, il est dans un sanatorium du Kent pour soigner une tuberculose, il passe ensuite sa convalescence au Maroc en septembre. Il regagne l’Angleterre en mars, et alors que la guerre éclate, il perd son père.
Il tente alors de s’engager, mais son état de santé le fait réformer. Installé à Londres, il travaille pour la tribune et commence à écrire « La ferme des animaux » qui est, autant que « 1984 » un chef d’œuvre. Satire du communisme, qu’il ne condamne toutefois pas, ce livre est une fable dans laquelle Orwell démontre de façon implacable que les meilleurs idées, émises au nom de la justice, se pervertissent jusqu’à la tyrannie quand elles sont confrontées au pouvoir et à ses attraits.
Dans la même période, il travaille également à la BBC, en charge de la diffusion sur l’Inde et L’Asie du Sud. Sa mère meurt en 1943.
En 1944, le couple Blair adopte un enfant d’un mois, Horatio Eric Blair, l’année suivante alors que « La ferme des animaux » est publié et connaît un certain succès, il est correspondant de guerre à Paris et Cologne. C’est pendant l’un de ses déplacements en Allemagne qu’il apprend le décès de sa femme, le 29 mars, lors d’une intervention chirurgicale sous anesthésie.
Il déménage à plusieurs reprises, fait la connaissance de Sonia Brownell, surnommée « la Venus d’Euston Road » en hommage à sa beauté et commence à écrire « 1984 » en 1948. Malheureusement à partir de 1947, il passe d’hôpital en sanatorium, sans jamais retrouver une santé correcte ce qui ne manque pas d’affecter son moral.
En juin 1949, « 1984 » est publié, le succès est immense et plus de 400 000 exemplaires sont vendus en moins d’un an. Le thème de « 1984 » fait aujourd’hui partie du patrimoine littéraire de l’humanité : Ce monde de 1984 où le héros Winston Smith, modeste employé au Ministère de la vérité, réécrit l’histoire pour que Big Brother apparaisse comme un dirigeant qui n’a pas fait d’erreur, où l’individu est nié, la langue (la novlangue) standardisée, l’amour interdit et où Big Brother vous regarde où que vous soyez, est celui d’un totalitarisme qui fait froid dans le dos, mais qui par certains aspects pouvait sembler prophétique à court terme. Terry Gilliam s’est largement inspiré de ce livre pour écrire le scénario de « Brazil », chef d’œuvre absolu du cinéma.
« 1984 » est un livre essentiel, il importe peu qu’il relève ou non de la science-fiction, tant ce qu’il nous dit, résonne dans nos têtes et nous avertit de ce que peut être une dérive totalitaire. Tout ce qu’utilise Orwell dans son roman, est, malheureusement, possible. Il ne faut pas grand chose pour qu’ici ou là, une des caractéristiques de « 1984 » cherche à s’épanouir. Orwell nous appelle à un devoir de vigilance.
Son succès lui apporte la sécurité financière, mais pas la guérison. En septembre 1949, il est transféré du comté de Gloucester à l’university college hospital de Londres. C’est là qu’il épouse Sonia Brownell, le 13 octobre. Le 21 janvier, sans avoir quitté l’hôpital, il meurt soudainement d’une hémorragie. Il est incinéré dans le cimetière de All Saints de Sutton Courtney.
Londres sa maison.
George Orwell a vécu de nombreuses années à Notting Hill, célèbre quartier de Londres riche et aseptisé (au niveau de Westbourne), mais où l’on trouve aussi la trépidante et populaire Portobello Road. La spécialité de cette très longue rue est la brocante, tout ici rappelle les Indes. Passé Colville Terrace, Portobello se fait plus dense, plus colorée aussi. Les brocanteurs se mélangent aux maraîchers. C’est au numéro 22 que se trouve la maison de l’écrivain. Elle ne se visite pas, seule une plaque rappelle la présence de George Orwell au début du XXème siècle.
Site très complet sur George Orwell.
Je vous donne les liens pour un magnifique documentaire réalisé par la BBC sur la vie et l’oeuvre de George Orwell, malheureusement cette émission est en 17 parties, mais elle est excellente !
Procurez vous des ouvrages de George Orwell
LOCALISATION DE LA MAISON :
Un auteur marquant pour ma part. 1984 fut une douloureuse expérience de lecture car tout est dit, énoncé et prémédité. Qu’apprendre de plus sur nos destins après ça ? Je conseille la biographie de Bernard Crick sur Orwell (lien : http://www.priceminister.com/offer/buy/1519029/Crick-Bernard-George-Orwell-Une-Vie-Livre.html) pour mieux appréhender la vie de cet écrivain incroyable.
Oui la découverte de « 1984 » a été un choc pour moi. C’est un ouvrage très profond, très marquant.
Dans ma pile de livre à (re)lire j’ai « La ferme des animaux » que je n’avais pas trop aimé à l’époque. Je suis peut-être passé à côté d’un livre important. Je verrai bien.
Hé bin à quelques mois près 1984 n’aurait pas été écrit !
Ha oui dis donc, Brazil est un film génial aux multiples fins. J’ai le DVD et il va falloir que je le regarde de nouveau… 🙂
1984 nous a tous marqué !
Ah la fameuse chambre 101, après des semaines de tortures, le conditionnement de Winston s’achève par un passage dans la chambre 101, il sera mis face à face avec la chose qui lui fait le plus peur au monde. Plus que l’hyper technologie, plus que la buraucratie et la surveillance continuelle, la base du pouvoir c’est la peur. Il est impossible d’échapper à Big Brother parce qu’il sait tout de vos peurs…
« Il faut s’entraider, c’est la loi de la Nature. » Jean de la Fontaine
« Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de « Bateau-livre »
n’ait dissipé. » Anonyme.
Reçu hier cette lettre de Frédéric Ferney animateur du « Bateau–Livre » Sur France 5.
Je vous laisse juge de réagir et surtout de soutenir cette belle cause….
N’hésitez pas à laisser vos commentaires et vos messages de soutien que nous ferons parvenir à Frédéric FERNEY.
Une émission littéraire qui disparaît, contrairement au train, n’en cache pas forcément une autre.
Alors restons vigilants et continuons de soutenir ceux qui donnent envie de lire ailleurs que sur les autoroutes culturelles…
MERCI DE RELAYER L’INFORMATION ET DE LAISSER UN MESSAGE SUR CE BLOG :
http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites
Votre dévoué,
Eric Poindron
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Paris, le 4 juin 2008
Monsieur le Président et cher Nicolas Sarkozy,
La direction de France-Télévisions vient de m’annoncer que « Le Bateau-Livre », l’émission littéraire que j’anime sur France 5 depuis février 1996, est supprimée de la grille de rentrée. Aucune explication ne m’a encore été donnée.
Si j’ose vous écrire, c’est que l’enjeu de cette décision dépasse mon cas personnel. C’est aussi par fidélité à la mémoire d’un ami commun : Jean-Michel Gaillard, qui a été pour moi jusqu’à sa mort un proche conseiller et qui a été aussi le vôtre.
Jean-Michel, qui a entre autres dirigé Antenne 2, était un homme courageux et lucide. Il pensait que le service public faisait fausse route en imitant les modèles de la télévision commerciale et en voulant rivaliser avec eux. Il aimait à citer cette prédiction : « Ils vendront jusqu’à la corde qui servira à les pendre » et s’amusait qu’elle soit si actuelle, étant de Karl Marx. Nous avions en tous cas la même conviction : si l’audience est un résultat, ce n’est pas un objectif. Pas le seul en tous cas, pas à n’importe quel prix. Pas plus que le succès d’un écrivain ne se limite au nombre de livres vendus, ni celui d’un chef d’état aux sondages qui lui sont favorables.
La culture qui, en France, forme un lien plus solide que la race ou la religion, est en crise. Le service public doit répondre à cette crise qui menace la démocratie. C’est pourquoi, moi qui n’ai pas voté pour vous, j’ai aimé votre discours radical sur la nécessaire redéfinition des missions du service public, lors de l’installation de la « Commission Copé ».
Avec Jean-Michel Gaillard, nous pensions qu’une émission littéraire ne doit pas être un numéro de cirque : il faut à la fois respecter les auteurs et plaire au public ; il faut informer et instruire, transmettre des plaisirs et des valeurs, sans exclure personne, notamment les plus jeunes. Je le pense toujours. Si la télévision s’adresse à tout le monde, pourquoi faudrait-il renoncer à cette exigence et abandonner les téléspectateurs les plus ardents parce qu’ils sont minoritaires? Mon ambition : faire découvrir de nouveaux auteurs en leur donnant la parole. Notre combat, car c’en est un : ne pas céder à la facilité du divertissement pur et du »people ». (Un écrivain ne se réduit pas à son personnage). Eviter la parodie et le style guignol qui prolifèrent. Donner l’envie de lire, car rien n’est plus utile à l’accomplissement de l’individu et du citoyen.
Certains m’accusent d’être trop élitaire. J’assume : « Elitaire pour tous ». Une valeur, ce n’est pas ce qui est ; c’est ce qui doit être. Cela signifie qu’on est prêt à se battre pour la défendre sans être sûr de gagner : seul le combat existe. La télévision publique est-elle encore le lieu de ce combat ? Y a-t-il encore une place pour la littérature à l’antenne ? Ou bien sommes-nous condamnés à ces émissions dites « culturelles » où le livre n’est qu’un prétexte et un alibi ? C’est la question qui est posée aujourd’hui et que je vous pose, Monsieur le Président.
Beaucoup de gens pensent que ce combat est désespéré. Peut-être. Ce n’est pas une raison pour ne pas le mener avec courage jusqu’au bout, à rebours de la mode du temps et sans céder à la dictature de l’audimat. Est-ce encore possible sur France-Télévisions ?
En espérant que j’aurai réussi à vous alerter sur une question qui encore une fois excède largement celle de mon avenir personnel, et en sachant que nous sommes à la veille de grands bouleversements, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.
Frédéric Ferney
P.S. « Le Bateau-Livre » réunit environ 180 000 fidèles qui sont devant leur poste le dimanche matin à 8h45 ( ! ) sur France 5, sans compter les audiences du câble, de l’ADSL et de la TNT ( le jeudi soir) ni celles des rediffusions sur TV5. C’est aussi l’une des émissions les moins chères du PAF.
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POUR EN APPRENDRE D’AVANTAGE, MERCI DE LAISSER UN MESSAGE DE SOUTIEN SUR
LE BLOG DE ERIC POINDRON
http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites
Je suis en pleine lecture de « Une fille de pasteur ». Roman resté inédit très longtemps en France. C’est un roman parfait qui rappelle le ton de « Un Quai de Wigan » ou encore « Dans la dèche à Paris et à Londres ».
Par contre, ce serait bien si tu pouvais mettre les commentaires visibles sur ton bloc de droite, on ne louperait pas les critiques ou compliments des visiteurs ! Et pis ce serait un confort de lecture appréciable, hein ? 😉
Souhait réalisé Oggy 🙂 et tu as raison, il n’y a que moi qui pouvait suivre correctement 😉
Je n’ai pas lu « Une fille de pasteur », encore des frais je sens !!! J’attends ton billet sur le sujet 🙂
Pas la peine d’attendre mon billet, achète, achète, achète !!! Pour 19 euros : http://www.priceminister.com/offer/buy/51876003/Une-Fille-De-Pasteur-Livre.html
Merci pour les commentaires à droite.
Orwell était un nomade, étonnant de lui trouver une maison 🙂
Mon ouvrage préféré de lui demeure Hommage à la Catalogne, truffé d’humour et vraiment très riche.
Passionante Histoire , Merci de la partager avec nous
GEORGE ORWELL a dit :
La façon la plus rapide de mettre fin à une guerre est de la perdre.
Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air.
Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent.
J’ai enfin trouvé ma route 🙂