Maisons d écrivains

Fenelon

Fenelon – Sainte-Mondane

Biographie de Fenelon

 

1406« L’ennui, qui dévore les autres hommes au milieu même des délices, est inconnu à ceux qui savent s’occuper par quelque lecture. Heureux ceux qui aiment lire ».

 

Fénelon, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane, était issu d’une famille noble du Périgord, ancienne mais appauvrie. Plusieurs des ancêtres de Fénelon s’étaient occupés de politique, et sur plusieurs générations certains avaient servi comme évêques de Sarlat. Comme il était un cadet, le deuxième des quatorze enfants que son père, Pons de Salignac, comte de La Mothe-Fénelon, avait eu de deux mariages (dont trois enfants de son mariage avec Louise de La Cropte), il fut destiné de bonne heure à une carrière ecclésiastique.

Dans son enfance Fénelon reçut l’enseignement d’un tuteur au château de Fénelon, qui lui donna une solide connaissance du grec ancien et des classiques. En 1667, à l’âge de douze ans, on l’envoya à l’université de Cahors où il étudia la rhétorique et la philosophie. Quand le jeune homme exprima son attirance pour une carrière dans l’Église, son oncle, le marquis Antoine de Fénelon (un ami de Jean-Jacques Olier et de saint Vincent de Paul) l’envoya étudier au collège du Plessis, dont les étudiants en théologie recevaient le même enseignement que ceux de la Sorbonne. Il s’y lia avec Louis Antoine de Noailles, qui plus tard devint cardinal et archevêque de Paris. Fénelon montra un tel talent au collège du Plessis qu’il y prêcha avec succès dès l’âge de quinze ans.

Après avoir, à partir de 1672, étudié au séminaire Saint-Sulpice, également proche des jésuites et qu’il eut en tant que jeune prêtre attiré l’attention sur lui par de belles prédications, il fut nommé en 1678 par l’archevêque de Paris directeur de l’Institut des Nouvelles Catholiques, un internat parisien consacré à la rééducation de jeunes filles de bonne famille dont les parents, d’abord protestants, avaient été convertis au catholicisme.

Ses fonctions l’inspirèrent et dès 1681 il consigna son expérience pédagogique dans son Traité de l’éducation des filles (qui ne fut publié qu’en 1687). À la fin de 1685, après la révocation de l’Édit de Nantes de 1598, sur la recommandation de Bossuet, Louis XIV lui confia la direction d’une mission. Pendant ces années-là il faisait partie du cercle qui entourait Bossuet, le fougueux porte-parole de l’épiscopat français. En 1688 il fut présenté à Madame de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV. Celle-ci sympathisait à l’époque avec Madame Guyon, femme mystique et pieuse, et avec son quiétisme. Elle l’impressionna profondément quand ils firent connaissance .

Saint-Simon le décrit ainsi :
« Plus cocquet que toutes les femmes, mais en solide, et non a misères, sa passion étoit de plaire, et il avoit autant de soin de captiver les valets que les maîtres, et les plus petites gens que les personnages. Il avoit pour cela des talents faits exprès: une douceur, une insinuation, des grâces naturelles et qui couloient de source, un esprit facile, ingénieux, fleuri, agréable, dont il tenoit, pour ainsi dire, le robinet pour en verser la qualité et la quantité exactement convenable à chaque chose et à chaque personne; il se proportionnoit et se faisoit tout à tous. « 

Dans l’été 1689, sur la proposition de Madame de Maintenon dont il était entre temps devenu le conseiller spirituel, il fut nommé précepteur du duc de Bourgogne, âgé de sept ans, petit-fils de Louis XIV et son éventuel héritier. Il sut enseigner à son élève toutes les vertus d’un chrétien et d’un prince, et lui inspira pour sa personne une affection qui ne se démentit jamais.

Il acquit ainsi une position influente à la cour et fut admis à l’Académie française (1693) comme les autres précepteurs princiers. Cependant, il fut écarté de l’éducation princière d’abord par un éloignement temporaire à l’archevêché de Cambrai (1695)avant d’être disgrâcié. Il fut alors nommé « le Cygne de Cambrai ».

Pour son élève royal (qui cependant devait mourir en 1712 sans être devenu roi, pas plus que son père mort l’année précédente), Fénelon écrivit plusieurs œuvres amusantes et en même temps instructives : d’abord une suite de fables, les Aventures d’Astinoüs et les Dialogues des morts modernes, mais surtout, en 1694-1696, un roman éducatif d’aventures et de voyages Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse.

Dans ce roman à la fois pseudo-historique et utopique, il conduit le jeune Télémaque, fils d’Ulysse, flanqué de son précepteur Mentor (manifestement le porte-parole de Fénelon) à travers différents États de l’Antiquité, qui la plupart du temps, par la faute des mauvais conseillers qui entourent les dirigeants, connaissent des problèmes semblables à ceux de la France des années 1690, plongée dans des guerres qui l’appauvrissent, problèmes qui cependant peuvent se résoudre (au moins dans le roman) grâce aux conseils de Mentor par le moyen d’une entente pacifique avec les voisins, de réformes économiques qui permettraient la croissance, et surtout de la promotion de l’agriculture et l’arrêt de la production d’objets de luxe.

Le plus grand adversaire de Fénelon à la cour fut Bossuet, qui l’avait d’abord soutenu. Déjà en 1694 il s’était opposé à lui dans l’affaire du quiétisme, querelle théologique, et en 1697 il avait essayé de le faire condamner par le Pape pour son Explication des maximes des saints sur la vie intérieure, où il prenait la défense de Madame Guyon (celle-ci avait fini par être presque considérée comme une ennemie publique, au point qu’elle avait été arrêtée en 1698).

Fénelon se soumit avec humilité et abjura publiquement ses erreurs. À partir de 1698 Télémaque commença à circuler à la cour sous forme de copies, et on y vit tout de suite une critique à peine voilée contre la manière autoritaire du gouvernement de Louis XIV, contre sa politique étrangère agressive et belliqueuse et contre sa politique économique mercantiliste, orientée vers l’exportation. Cet ouvrage, que Fénelon n’avait pas voulu rendre public, lui avait été soustrait par un domestique infidèle.

Au début de 1699, Fénelon perdit son poste de précepteur et quand, en avril, son Télémaque fut publié (d’abord anonymement et sans son autorisation), Louis XIV y vit une satire de son règne, arrêta l’impression et disgracia l’auteur : Fénelon fut banni de la cour.

Vers 1700, il habita alors quelque temps en Belgique dans une demeure, longtemps appelée « la Belle Maison », se trouvant aux limites des communes de Pâturages et d’Eugies, puis il se retira dans son archevêché de Cambrai où, cessant toute activité en théologie et en politique, il essaya de se conduire de façon exemplaire, conformément aux enseignements de son personnage de Mentor (qui, dans le roman, n’était autre que Minerve alias Athéna, déesse de la Sagesse qui s’était ainsi déguisée). Retiré dans son diocèse, Fénelon ne s’occupa que du bonheur de ses fidèles; il prit soin lui-même de l’instruction religieuse du peuple et des enfants, et se fit universellement chérir par sa bienfaisance.

Pendant le cruel hiver de 1709, il se dépouilla de tout pour nourrir l’armée française qui campait près de lui. La réputation de ses vertus attira à Cambrai nombre d’étrangers de distinction, entre autres Andrew Michael Ramsay qu’il convertit et qui ne le quitta plus. Il mourut en 1715 à l’âge de 64 ans.

Un chapitre des mémoires de Saint-Simon est consacré à sa mort, en des termes plutôt élogieux.

Dans la France des XVIIIe et XIXe siècles, Télémaque fut un des livres pour les jeunes les plus lus (Aragon et Sartre l’avaient lu dans leur jeunesse). On le considère parfois comme un précurseur de l’esprit des Lumières.

On lui doit un assez grand nombre d’ouvrages, dont quelques-uns sont perdus, Louis XIV ayant fait brûler, à la mort du duc de Bourgogne, plusieurs de ses écrits qui se trouvaient dans les papiers du prince.

 

Sa demeure : le château de Sainte Mondane

 

 

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Le château de Fénelon, situé sur les hauteurs de Sainte-Mondane d’où il surplombe toute la vallée de la Dordogne, allie élégance et puissance défensive et constitue assurément une étape obligée pour les amoureux de vieilles pierres et de meubles anciens ou tout simplement pour ceux qui cherchent un endroit apaisant.

 

Apaisant et paisible, le château de Fénelon l’est aujourd’hui, mais ça n’a pas toujours été le cas – la guerre de Cent Ans est passée par là : en 1360, conséquence du traité de Brétigny, les seigneurs de Fénelon, qui possédaient Sainte-Mondane et d’autres terres alentour depuis l’an mil, deviennent vassaux du roi d’Angleterre Edouard III. Peu de temps après, en 1375, les Français s’en emparent, mais il faut attendre 1445 pour que la seigneurie de Fénelon devienne la pleine propriété des Salignac. La Révolution transforme le château en métairie et on y élève des vers à soie. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le calme revient lorsque les Maleville reprennent le château et le restaurent.

Cependant, ce qui distingue Fénelon des autres châteaux du Quercy ou du Périgord, ce n’est pas tant son histoire, commune à beaucoup, que son architecture originale. Tout d’abord signalons que l’endroit a été tôt fréquenté : en effet, le puits du château, d’une profondeur remarquable de 90 mètres, a été creusé dans le roc à l’époque mérovingienne (vers le VIIe siècle). Tout le château s’est ensuite bâti autour du puits de sorte qu’il occupe aujoud’hui la cour intérieure.

 

Le château lui-même est ceint de doubles remparts : une fois franchie la première muraille, garnie de larges créneaux et de meurtrières, l’assaillant se trouvait face à une deuxième enceinte qu’il devait entièrement contourner en s’exposant aux tirs ennemis (la porte d’accès est à l’opposé de celle du premier rempart). S’il parvenait à forcer le passage de la seconde enceinte, l’attaquant se trouvait au pied du château, plus découvert que jamais sur cette vaste esplanade, et devait à nouveau contourner les murs du château pour enfin se trouver face à l’escalier d’accès. On voit que la tâche n’était pas aisée.

Mais si le nom de Fénelon est célèbre aujourd’hui, c’est, plus encore qu’à cette double enceinte, grâce à la naissance de l’archevêque de Cambrai François de Salignac de la Mothe Fénelon ici-même en 1651, plus connu simplement sous son nom d’écrivain : Fénelon. La visite du château nous conduit donc à travers les appartements du grand homme ; toutefois seule sa chambre conserve ses meubles, chaque autre pièce illustrant la mode d’un siècle passé : antichambre aux boiseries d’époque Louis XIII et meublée Louis XIV (XVIIe siècle), chambre Louis XIV, salon Louis XV, une autre chambre Louis XVI (XVIIIe) et enfin une dernière au mobilier Empire avec pattes de lion et motifs égyptiens (début XIXe).

On verra aussi un cabinet de curiosités, petite pièce capharnaüm où s’entassent toutes sortes d’objets auxquels le propriétaire attribue des vertus légendaires : dent de géant, morceau du cheval de Troie, tapis de Pénélope, sabot de centaure, etc. Ces cabinets de curiosités ont connu une grande vogue aux XVIe et XVIIe siècles parmi les nobles et la bourgeoisie, et ce n’est qu’avec les Lumières que leur succès s’estompera.

Non moins curieuse est la chapelle, dont l’abside épouse une tour toute guerrière, et surtout dont la nef a été tronquée de manière à aménager une terrasse à l’étage supérieur : la beauté de la vue sur la vallée l’a emporté sur le souvenir du baptême de l’archevêque de Cambrai. Signalons encore la superbe salle d’armes (avec deux lourdes lances de joute, et moult couleuvrines, hallebardes et épées, dont une dont la garde seule pourrait servir de massue et une autre qui porte ciselée dans sa lame l’inscription fougueusement évangélique : « Soli deo gloria », c’est-à-dire « À dieu seul la gloire ») ainsi que les magnifiques cuisines au superbe sol en pisé et à la belle cheminée en anse de panier, qui regorgent d’ustensiles traditionnels en étain et cuivre.

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Les photographies étant interdites à l’intérieur du château, je ne peux malheureusement pas vous en proposer ici.

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