Biographie d’Alexandre Pouchkine.

 

« Il suffit d’un lexique pour contenir tous les mots. Mais à la pensée, il faut l’infini. »

 

Alexandre Serguéiévitch Pouchkine naît le 26 mai 1799 à Moscou. Son père, officier de la Garde impériale, est issu d’une très ancienne famille de l’aristocratie russe, tandis que sa mère, Nadéjda Osiipovna, elle aussi de noble extraction, est la petite fille d’Abraham Hannibal, le « nègre de Pierre le Grand », ramené d’Abyssinie à la cour du Tzar. Dès 1808, l’enfant est confié à des précepteurs d’origine étrangère, suivant les pratiques alors en vogue. Il dévore également les volumes de la bibliothèque familiale et s’initie ainsi à la culture française, dont le prestige est encore immense. Au mois d’octobre 1811, Pouchkine est admis au Lycée impérial de Tzarshoie-Sélo. L’établissement avait été récemment créé dans le but de former la jeunesse aristocratique pour le service de l’État. Parallèlement à ses études, le jeune homme rédige des vers, déjà fort remarqués. Ainsi, « A un Ami poète » est publié dans la revue Le Messager de l’Europe, le 4 juillet 1814. Et l’année suivante, le 8 janvier, dans la salle des fêtes du Lycée, le poète Derjavine s’écriera en entendant quelques vers prononcés par le jeune homme : « Je ne suis pas mort… « .

Au mois de mai 1817, il quitte le Lycée à l’âge de dix-huit ans et obtient un poste de secrétaire de collège au Ministère des Affaires étrangères. A Saint-Pétersbourg, le jeune homme mène une vie dissipée. Dès l’année suivante, Alexandre Pouchkine fréquente également la société littéraire L’Arzamas, avant d’adhérer en 1819 au cercle de La Lampe verte. Au mois de juillet 1826 est publié son poème « Rouslan et Ludmila », à l’origine en Russie d’une « querelle entre Anciens et Modernes ». Déjà la richesse de ses vers le distingue parmi ses contemporains. Ses amitiés cependant l’amènent à se rapprocher de sympathisants du mouvement libéral, futurs « décembristes ». Quelques-uns de ses poèmes d’ailleurs, au contenu frondeur et qui s’échangent sous le manteau, le placent à présent sous la surveillance de la police. Le 6 mai 1820, il est ainsi interrogé par le général Miloradovitch, gouverneur de Saint-Pétersbourg. Grâce à de solides relations – l’appui précieux de l’écrivain Vasili Joukowski notamment – et à l’intervention de ses amis auprès du Tzar, Pouchkine évite le placement en détention et est exilé dans les provinces du Sud de la Russie, auprès du général Inzov.

Pendant l’été suivant, celui-ci l’autorise à voyager dans le Caucase et en Crimée avec la famille du général Radievsky. Le poète est ensuite à Kichinov, du mois de septembre 1820 au mois d’avril 1821, puis effectue un nouveau séjour cette fois-ci en Bessarabie, à Odessa également. Il s’occupe toujours à versifier, publiant « Le Prisonnier du Caucase » au mois d’août 1822, puis « La Fontaine de Bakhtchisarai » au mois de mars 1824. Mais l’éloignement de la société pétersbourgeoise lui pèse de plus en plus et les relations se dégradent avec les autorités chargées de sa surveillance. En exil, Alexandre Pouchkine multiplie les aventures amoureuses et les conquêtes féminines. Amalia Riznitch, la femme d’un riche négociant de Kichiniov, tout d’abord. Il a ensuite une liaison avec Elisa Vorontzov, l’épouse du gouverneur avec lequel les relations s’enveniment… Après que Pouchkine eut donné sa démission, le 8 juin 1824, le Tzar décide de son retour vers la Russie. Le 9 août, le poète, décidément bien encombrant, arrive sous escorte à la propriété familiale de Mikhailovskoie, non loin de Pskov, où il est désormais placé sous l’étroite surveillance de la police et des autorités religieuses. Dans une lettre à un de ses amis, n’a t-il pas osé douté de l’immortalité de l’âme ?

Alexandre Pouchkine, reclus forcé, travaille alors à l’écriture. Commence à cette époque la publication « d’Eugène Onéguine », qui s’échelonnera jusqu’en 1833. Il prend bientôt connaissance des événements de Saint Pétersbourg, le complot des « décembristes », ces jeunes officiers de la haute noblesse qui ont tenté de renverser le régime au moment difficile de la succession d’Alexandre Ier. Le règne du nouveau souverain commence donc par une violente répression, qui touche aussi des amis de Pouchkine. Et celui-ci, bien qu’éloigné de la capitale, s’empresse de détruire certains documents de sa correspondance, nombre d’entre eux pouvant le compromettre. Le 8 juillet 1826, le poète est reçu au Kremlin par Nicolas Ier. Celui-ci lui rend sa liberté de mouvement, mais lui déclare en même temps qu’il sera désormais son censeur, chacune de ses œuvres devant être soumis à l’agrément impérial avant leur impression. Aussi Pouchkine reste t-il placé sous la surveillance du comte Benkendorf, chef de la police impériale.

En 1827, est publié « Les Tziganes », suivi de « Poltava », un poème épique à la gloire de Pierre le Grand, au mois d’octobre de l’année suivante. Le poète, fêté par la Russie, séjourne à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. Il mène une vie brillante et mondaine ; buvant, jouant et courtisant. Pendant l’été 1829, il effectue un voyage au Caucase, se dispensant de l’autorisation de son chien de garde. A son retour et avec l’aide de quelques amis, il lance La Gazette littéraire au mois de janvier 1830. La même année, est publié « Boris Godounov », au mois de décembre. Sa demande ayant enfin été acceptée par la mère de l’intéressée, le poète se marie le 18 février 1831 avec Nathalie Gontcharova, une jeune fille âgée de seize ans. Dès le mois de mai suivant cependant, afin de s’éloigner des tracasseries familiales, les jeunes époux s’installent à Tzarshoie-Sélo. Une fille, Marie, naît le19 mai 1832, puis un fils, prénommé Alexandre, au mois de mai de l’année suivante, Grégoire, le 16 mai 1835, et enfin Nathalie, le 23 mai 1836.

Revenu en grâce auprès du pouvoir, Pouchkine est à présent réintégré à son poste dans l’administration impériale. Le 30 décembre 1833, Nicolas Ier le nomme gentilhomme de la Chambre, ce qui contraint néanmoins le poète à paraître lors des fêtes et autres réceptions officielles. Le Tzar en effet souhaite voir auprès de lui Nathalie Pouchkine, à la beauté angélique. Poursuivant son activité littéraire, un volume de ses poésies paraît au mois d’octobre 1831, année où Alexandre Pouchkine fait la rencontre d’un de ses jeunes admirateurs, Nicolas Gogol. En 1834, ce sont « Les Récits de Belkine » qui sont publiées, un recueil de nouvelles parmi lesquelles figurent « La Dame de Pique », ainsi que « l’Histoire de la révolte de Pougatchev », puis « La Fille du capitaine », un roman historique, en 1836. Cette dernière œuvre est d’ailleurs éditée dans la quatrième livraison de la revue Le Contemporain, fondée par l’écrivain.

Pouchkine s’inquiète de plus en plus des assiduités du baron Georges Dantès, un Français émigré, fils adoptif de l’ambassadeur des Pays-Bas à Saint-Pétersbourg, le baron de Heeckeren, auprès de sa femme. D’autant plus que des rumeurs circulent à ce sujet dans la capitale. Le 10 janvier 1837, l’importun, admis à servir en tant qu’officier dans la garde russe, épouse Catherine Gontcharova, la propre sœur de Nathalie. Cependant, l’écrivain accuse celui qui est devenu son beau-frère de continuer ses agissements. Le 25 janvier suivant, le baron Dantès provoque alors Pouchkine en duel. La confrontation a lieu le lendemain et, à treize heures, le poète national est profondément blessé à l’aine d’une balle tirée par son adversaire. Transporté à son domicile, il doit subir le défilé de ses amis et de curieux, avant de décéder dans de terribles souffrances, le 29 janvier 1837. A l’aube disparaît alors Alexandre Serguéiévitch Pouchkine, à l’âge de trente-huit ans.

 

Sa maison rue Arbat à Moscou.

 

L’ancienne Rue Arbat est une rue piétonne pittoresque située dans l’enceinte de la ceinture des jardins de Moscou. De nos jours, c’est l’une des rues les plus touristiques de la ville, avec ses divertissements et ses boutiques de souvenirs. Il faut distinguer le Vieil Arbat du Nouvel Arbat, tout proche, construit dans les années 1960, sous le nom d’Avenue Kalinine et bordée de gratte-ciels soviétiques faits de béton, d’acier et de verre.

On trouve mention de l’Arbat pour la première fois en 1493, en tant que route menant du Kremlin de Moscou à Smolensk. L’origine du nom est Tatars et signifie banlieue (tout comme Rabat). Pendant les XVIe et XVIIe siècles, le voisinage était orné de belles églises, notamment celle mise en scène dans la célèbre peinture de Vassili Polenov A Courtyard in Moscow (Une cour à Moscou) (1878).

Au XVIIIe siècle, l’Arbat commença à être considérée par la noblesse russe comme l’endroit le plus prestigieux pour s’établir à Moscou. La rue fut pratiquement intégralement détruite par le grand incendie qui ravagea la ville pendant l’occupation napoléonienne en 1812 et dut être reconstruite.

Alexandre Pouchkine logea un moment dans l’une des demeures, et une statue le représentant avec sa femme Natalie trône devant cette maison. Une autre personnalité originaire de cette rue est l’écrivain Andreï Biély, dont beaucoup de romans mettent en scène des portraits impressionnistes de cette zone patriarcale.

Au XXe siècle la rue se plia à quelques rénovations limitées en styles Art nouveau et Constructivisme russe. Le monument le plus original en la matière est probablement la demeure Melnikov. Le débouché de la rue sur la ceinture des jardins fut flanqué du flamboyant gratte-ciel en forme de gâteau de mariage abritant le Ministère des Affaires Etrangères. A cette même période, on démolit la plupart des églises de l’Arbat, y compris celle de St Nicolas, pourtant considérée comme un exemple typique de style Godounov.

L’Arbat est à présent décoré par de grands lampadaires qui furent installés en 1986. On y trouve plusieurs statues, l’une de la Princesse Turandot devant le Théâtre Vakhtangov et une autre du poète et chanteur de l’ère soviétique Boulat Okoudjava, qui écrivit plusieurs chants poignants au sujet de l’Arbat.

Pendant la Perestroïka, la rue fut le lieu de rassemblement pour les mouvements de jeunesse (comme les Hippies ou les Punks), ainsi que pour les musiciens ou artistes de rue. Le mur de Viktor Tsoi dans l’une des rues adjacentes de l’Arbat demeure une curiosité, vestige de ces années turbulentes. De nos jours, les jeunes russes se rassemblent régulièrement sur l’Arbat pour chanter les chansons de Tsoi et d’autres chanteurs russes.

Faisant face à une célèbre statue du sculpteur Alexandre Boulgakov, datant de 1999 et représentant Pouchkine et sa femme Nathalie, la jolie maison bleue turquoise est celle que le jeune couple fraîchement marié (Nathalie était moscovite), habita en 1829. Ils y passèrent une longue lune de miel de quelques mois qui se solda par un déménagement précipité. En effet, Pouchkine avait plusieurs vices dont le jeu, où malheureusement il perdit beaucoup. Faute d’argent il quitta ladite maison et s’en repartit pour Saint-Pétersbourg.

 

Par la suite la maison fut occupée par le non moins célèbre Modeste Tchaikovski, le frère de l’illustre compositeur Piotr Tchaikovski. Ce dernier y passa même un Noël.

 

Enfin, comme il se devait, la maison fut transformée en plusieurs appartements communautaires dans les années soixante.

 

À la fin de la période soviétique, et après une bonne rénovation, la maison se transforma en musée littéraire Pouchkine. Les nostalgiques seront très déçus car il s’agit de la seule maison dans laquelle Pouchkine n’a malheureusement écrit aucun livre.

 

La maison sur deux étages est élégante, mais aucun meuble de l’époque de Pouchkine n’a survécu… Il est cependant émouvant de tomber sur certaines lettres d’amour de Pouchkine écrites dans un français parfait à sa future femme Nathalie. Les nombreuses gravures de Cadolle de Moscou au XIXème siècle sont également intéressantes.

 

 

  

Fondation Internationale Pouchkine.

 

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LOCALISATION DE LA MAISON :