Biographie de Pierre Loti.

 

LOTI

« Les lieux où nous avons ni aimé, ni souffert, ne laissent pas de traces dans notre souvenir ».

 

 

Pierre Loti est le troisième enfant de Théodore Viaud, receveur municipal et de Nadine Texier.  Il est né à Rochefort le 14 janvier 1850, son véritable nom est Louis Marie Julien Viaud.

Pendant une partie de son enfance il séjourne dans la petite ville de Bretenoux dans le Lot, durant les vacances scolaires d’été de 1861 à 1864. Les souvenirs de cette période sont décrits dans ses derniers ouvrages comme  « Le Roman d’un enfant », « Prime jeunesse » ou « Journal intime ».

En 1867, il entre à l’École navale de Brest. En 1870, année du décès de son père, il prend la mer comme aspirant de première classe et participe sur une corvette de la marine à la guerre contre l’Allemagne. En 1872, il découvre Tahiti lors d’une escale et écrit le « Mariage de Loti ». Il avait reçu de la reine Pomaré le surnom de Loti (nom d’une fleur tropicale) et tenu à une certaine réserve du fait de sa qualité d’officier de marine, il adoptera ce pseudonyme à partir de 1876.

En 1877, lors d’un séjour en Turquie, il rencontre Aziyadé, belle et taciturne odalisque aux yeux verts, avec laquelle il vivra une immense passion. Aziyadé était une jeune Circassienne qui appartenait au harem d’un dignitaire turc. Ils vécurent une très grande histoire d’amour. Avant le départ de Pierre Loti, Aziyadé confectionna une bague en utilisant ses propres bijoux et l’offrit à son amant. Plus tard, lorsque Pierre Loti put revenir à Constantinople, il se lança à la recherche de sa bien-aimée mais il découvrit qu’elle était morte de chagrin. Pour elle, en 1879, il écrit « Aziyadé » qui est une des plus belles histoires d’amour jamais écrite et en 1892 il écrit « Fantôme d’Orient » qui est un ultime hommage au fantôme qui n’a jamais cessé de hanter son cœur. Certains critiques (comme Roland Barthes) évoquant l’homosexualité de Pierre Loti, expliquent que le personnage d’Aziyadé serait en réalité un jeune homme. Comme pour Marcel Proust décrivant les jeunes filles en fleur, qui étaient en réalité des jeunes gens cachés sous des pseudonymes féminins.

En 1880, il revient à Stamboul. En 1881, il est promu lieutenant de vaisseau et publie son premier roman signé  Pierre Loti, « Le Roman d’un Spahi ». En mai 1883, il embarque sur l’Atalante pour participer à la campagne du Tonkin et publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans « Trois Journées de guerre en Annam », texte qui paraît dans les colonnes du Figaro. Loti est alors mis en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry qui lui reproche la férocité et la cruauté qu’il attribue aux soldats français. En 1886, il publie son deuxième grand succès « Pêcheur d’Islande » et le 21 octobre il épouse Blanche Franc de Ferrière qui donnera naissance en 1889 à son fils Samuel.

Il est élu à l’Académie française au fauteuil 13, le 21 mai 1891 au sixième tour de scrutin par 18 voix sur 35 votants contre Émile Zola en remplacement d’Octave Feuillet. Alors candidat, retenu par son service, il fut dispensé des visites. Il fut reçu le 7 avril 1892 par Alfred Mézières. Il reste le seul académicien qui fut capable d’exécuter un salto arrière sur le dos d’un cheval, car il fut également clown au Cirque étrusque en 1878 et acrobate au Cirque Frediani en 1895 (il était le parrain d’Adolphe Frediani, fils du Directeur Willy). Très fier de son corps, il envoya à tous les académiciens une photographie de lui où seul son sexe est dissimulé.

En 1893, il fait la rencontre de Crucita Gainza, d’origine basque. Pour elle, à partir de 1894, il loue à Hendaye, une maison qu’il dénommera Bachar-Etchea dite la maison du solitaire. En 1895, Crucita Gainza donne naissance à son fils Raymond.

En 1896, sa mère Nadine Texier-Viaud meurt. En 1898, il achète la maison dite des aïeules, ses tantes, dans l’île d’Oléron, dans laquelle il a séjourné dans sa prime jeunesse et à différents moments de sa vie. Entre 1900 et 1902, il est mis en retraite puis réintégré dans la marine pour laquelle il séjourne en Asie, ce qui va lui permettre d’écrire « Les Derniers Jours de Pékin » (1902) et « L’Inde sans les Anglais » (1903). À partir de cette même année, il séjourne vingt mois à nouveau à Stamboul, la Constantinople chargée d’Orient, « la ville unique au monde », pour préparer « Vers Ispahan » (1904).

En 1910, il séjourne à Stamboul et appuie la candidature de l’historien moderniste Louis Duchesne élu au fauteuil 36. En 1913, de retour à Stamboul, il lutte contre le démantèlement de l’Empire Ottoman voulu par les puissances occidentales et publie « La Turquie agonisante ».

Il a racheté puis restauré le château de la Rochecourbon (commune de Saint-Porchaire), à l’époque à l’abandon.

Il meurt, le 10 juin 1923 à Hendaye et après des funérailles nationales est enterré dans la maison de ses aïeux. Peu après son décès sont publiés des extraits, en collaboration avec son fils Samuel, de son journal intime sous le titre « Un jeune officier pauvre ».

Il est Grand-Croix de la Légion d’honneur.

Chacun de ses romans correspond à un pays différent. C’est une étude sur chaque pays. Il s’immerge dans la culture du pays. Il a une vision de l’altérité qui n’est pas intellectuelle mais sensible (sensations éprouvées). Selon lui, il n’y a plus rien à faire chez nous, c’est ainsi qu’il part à l’étranger pour trouver de quoi s’exalter (vision nihiliste du monde).

Sa plus grande fascination allait à l’empire Ottoman, où la tolérance se confond avec la sensualité. Les femmes sont le passage obligé pour connaître l’autre civilisation. Pierre Loti recherche l’exotisme à travers les femmes. Il est en quête d’une certaine pureté dans le contact avec les femmes étrangères (mythe d’une pureté primitive qui doit régénérer le monde occidental). L’exotisme de Loti n’est pas un dialogue avec l’autre : il se fond plutôt avec l’autre, il ne s’agit donc pas de tolérance.

 

Rochefort sa maison.

 

 

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Pierre Loti, a passé une grande partie de sa vie à transformer sa maison natale rochefortaise en un lieu théâtral, où il se mettait en scène lors de fêtes mémorables.

Les décors de la maisons son inspirés du passé : salle gothique et salle Renaissance, mais aussi des pays lointains d’Orient et d’Extrême Orient, qu’il connut lors de ses lointaines missions…

Maison d’écrivain, unique et féerique, la maison de Pierre Loti est certainement la plus dépaysante et la plus originale des demeures de la fin du XIXe siècle.

C’est une jolie maison du XIXe siècle, au n°141 d’une rue tranquille. La visite commence par un charmant salon pourpre chargé de souvenirs évoquant déjà, subtilement, les différentes vies de Pierre Loti. Un tout petit tableau, à droite de l’entrée, le montre en famille et… dans les nuages. Image miniature et prémonitoire, tant l’homme semble se débattre avec le réel. Puis nous traversons le salon austère et conventionnel de Madame Loti et… tout bascule : la maison devient château Renaissance, chapelle gothique ou encore mosquée arabe, au gré des voyages et des amours de l’auteur de Pêcheurs d’Islande. Partir et revenir: la quête de Pierre Loti, mystique ou décadente, reste peut-être celle d’une paix intérieure jamais atteinte. Sa maison est à son image, extravagante, mélancolique mais toujours d’une beauté fracassante.

En découvrant la mosquée, le visiteur remet ses pas dans ceux d’un jeune marin occidental qui tomba tellement amoureux de la Turquie et d’Hatidjé. D’illustres visiteurs, tels Alice Barthou et Robert de Montesquiou, ont raconté comment des serviteurs habillés en Turcs se prosternaient sur les tapis de prière, tandis que du petit minaret s’échappait l’appel lancinant d’un muezzin qui n’était autre que le fidèle Osman Daney.

« J’ai meublé ma chambre d’une manière à peu près turque, avec des coussins de soie d’Asie et les bibelots que l’incendie de ma maison d’Eyüp et les usuriers juifs m’ont laissés, et cela rappelle de loin ce petit salon tendu de satin bleu et parfumé d’eau de rose que j’avais là-bas, au fond de la Corne d’or.« 

« Je vis beaucoup chez moi, ce sont des heures de calme dans ma vie, en fumant mon narguilé, je rêve d’Istanbul et des beaux yeux verts limpides de ma chère petite Aziyadé « 

C’est en 1878 qu’il décide réellement la réalisation de son petit palais. Loti a pour les objets une passion quasi fétichiste. « Il n’y a d’urgent que le décor. On peut toujours se passer du nécessaire et du convenu« . Tapis, étoffes, mosaïques, collections d’armes et coffres rassemblés au gré des voyages, trouvent logiquement leur place dans la maison rochefortaise qui a immortalisé, au même titre que ses romans, son illustre propriétaire. La maison natale est le miroir de sa vie, où les rêves et les fantasmes s’expriment audacieusement. Le visiteur traverse un salon rouge, une galerie de portraits, une salle Renaissance puis une pièce gothique, une pagode japonaise, une chambre des momies, une mosquée, un petit salon mauresque chargés d’objets, qui tranchent singulièrement avec l’austérité de la chambre à coucher, empreinte d’humilité.

Le désir d’un Ailleurs le hantera toujours : « Toute ma vie a passé à cela: souffrir de partir et cependant l’avoir voulu« . Loti, l’éternel insatisfait, dira encore: « A défaut du bonheur impossible, j’espérais trouver un peu de Paix« . « Loti, dit Mauriac, a chéri la douleur comme une volupté ». L’officier-académicien qui s’éteindra, en 1923, couvert d’honneurs et de gloire, restera ainsi fidèle à sa devise: « Mon mal, j’enchante« .

Loti avait un don : lors des escales il dessinait, avec une rapidité et une virtuosité déconcertantes, il photographiait à merveille, en technicien déjà éprouvé de cet art tout neuf, il prenait des notes précises et nombreuses.Ainsi engrangeait-il pour lui-même, et pour les autres, une somme considérable d’images, de scènes de la vie courante, d’anecdotes, qui allaient meubler sa mémoire et lui permettre de retrouver intactes toutes ses sensations de grand voyageur à travers le monde.

Grâce à cette capacité exceptionnelle de pouvoir regarder, capter et retenir, en un temps record, les traits originaux du pays où il se trouvait, cet « auteur-reporter-ethnologue » réussit à écrire des livres entiers, aussi denses que vivants, sur des pays qu’il n’a parcourus que durant quelques jours – c’est le cas pour l’Ile de Pâques et pour Angkor – ou quelques semaines, comme pour la Polynésie, l’Inde, le moyen-Orient.

 

 

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Suite au constat de détérioration des collections et de la maison, la Ville de Rochefort a pris la décision avec le soutien de l’Etat (Direction Régionale des Affaires Culturelles et Monuments Historiques) de rénover la Maison de Pierre Loti depuis fin 2012. 

 La fermeture totale du site est indispensable, car il est impossible de restaurer des collections in situ. En effet, l’étude de conservation préventive réalisée en 2010 atteste la présence active d’insectes amateurs de bois et dresse un bilan alarmant concernant l’état des collections qui doivent subir différents traitements, du simple dépoussiérage à la restauration complète.

En attendant la réouverture vous pouvez vous plonger dans le site de la maison ici et profiter d’une visite virtuelle en 3d ici.

 Pierre Loti un turcophile à Istanbul

Sur les traces de Pierre Loti en Turquie 

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LOCALISATION DE LA MAISON :