Biographie de Paul Claudel.

 

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« Il y a une chose plus triste à perdre que la vie, c’est la raison de vivre, plus triste que de perdre ses biens, c’est de perdre son espérance ».

 

 

Paul Claudel est né le 6 août 1868 à Villeneuve sur Fère où il a passé son enfance. Issu d’une famille de petite bourgeoisie. Sa sœur Camille Claudel, née en 1864, est le « moteur » de la famille : elle parvient à faire installer sa famille à Paris afin de faire de la sculpture. À l’âge de 18 ans, Paul Claudel connaît deux « chocs » :

* Arthur Rimbaud (1854-1891) : Claudel découvre les « Illuminations » et « Une Saison en enfer »  Il qualifia ce jeune poète de « mystique à l’état sauvage ».

* La conversion : Claudel prend conscience de sa foi en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris à la Noël 1886. « J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la Maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus ».  Sa foi catholique devient dès lors essentielle dans son œuvre qui chantera la création : « De même que Dieu a dit des choses qu’elles soient, le poète redit qu’elles sont ».  Cette communion de Claudel avec Dieu a donné ainsi naissance à près de quatre mille pages de textes. Il y professe un véritable partenariat entre Dieu et ses créatures, dans son mystère et dans sa dramaturgie, comme par exemple dans « Le Soulier de satin » et « L’Annonce faite à Marie ».

Parallèlement à ses activités d’écrivain, Paul Claudel devait mener pendant près de quarante ans une carrière de diplomate. Reçu en 1890 au petit concours des Affaires étrangères, il fut nommé en 1893 consul suppléant à New York, puis gérant du consulat de Boston en 1894. De la Chine (1895-1909) à Copenhague (1920), en passant par Prague, Francfort, Hambourg (où il se trouvait au moment de la déclaration de guerre) et Rio de Janeiro, ses fonctions le conduisirent à parcourir le monde. C’est au titre d’ambassadeur de France qu’il séjourna à Tokyo (1922-1928), Washington (1928-1933), et enfin à Bruxelles, où il devait achever sa carrière en 1936.

Son œuvre est empreinte d’un lyrisme puissant où s’exprime son christianisme. C’est à la Bible qu’il emprunte sa matière préférée : le verset dont il use autant dans sa poésie « Cinq grandes Odes », ses traités philosophico-poétiques « Connaissance de l’Est », « Art poétique » que dans son théâtre « Partage du Midi ». Œuvres de maturité, la trilogie dramatique : « L’Otage »,  « Le Pain dur »,  « Le Père humilié », puis « L’Annonce faite à Marie », et enfin « Le Soulier de satin », son œuvre capitale, devaient lui apporter une gloire méritée. « Le Soulier de satin », pièce épique et lyrique à la fois, où convergent tous les thèmes claudeliens, et d’une longueur inhabituelle pour la scène, fut représentée à la Comédie française pendant l’Occupation. Mais nul n’en tint rigueur à Claudel, pas plus que de son « Ode au maréchal Pétain », car là aussi sa conversion fut rapide.


Il avait très amèrement ressenti son échec devant Claude Farrère, en 1935, qui apparut à beaucoup comme un scandale. Il devait être, onze ans plus tard, élu à l’Académie française, sans concurrent, le 4 avril 1946, à presque quatre-vingts ans, « l’âge de la puberté académique » comme il se plaisait à dire, par 24 voix au fauteuil de Louis Gillet. Il n’avait effectué aucune des visites rituelles, pas plus qu’il n’avait fait acte de candidature. On lui doit un mot resté célèbre, la première fois qu’il participa à un vote académique : « Mais c’est très amusant, ces élections : on devrait en faire plus souvent ! « .

Paul Claudel meurt à Paris en 1955. Ses derniers mots sont : « qu’on me laisse tranquille, je n’ai pas peur ». Sur sa tombe on peut lire : « Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel ».

 

Brangues sa demeure.

 

branguesSitué à l’entrée du village de Brangues, et à six kilomètres de Morestel, au coeur d’un parc de 17 hectares, le domaine s’organise autour d’un corps de bâtiment flanqué d’une tour ronde, de communs et d’un élégant pavillon qui servait d’orangerie en bordure de l’allée qui mène au château.


Construit du XIVe au XVIIIe siècle. Son histoire débute avec les Rossillon, puissante famille delphinale, mais qui s’attira les foudres de Louis XI et se fit confisquer ses biens au profil d’Imbert de Barthernay. En 1609, les Gratet, famille de grands parlementaires dauphinois achetèrent le château et le conservèrent jusqu’en 1834. Puis ils le cédèrent au marquis de Quinsonnas et c’est à ses descendants que Paul Claudel acheta le domaine.

C’est en 1927 que Paul Claudel acheta le château de Brangues et y séjourna chaque été avant d’y vivre définitivement à sa retraite, il y reçut les grands de l’époque comme le président Edouard Herriot, l’écrivain François Mauriac….

« Cela m’a fait une curieuse impression, moi, l’éternel exilé, de sentir enfin au-dessus de ma tête un toit qui m’appartient ».

Malgré une certaine austérité qui transparaît dans sa chambre et dans son cabinet de travail où seuls les ouvrages religieux ont droit de cité, le Claudel qu’évoquent ses enfants n’a rien à voir avec l’image figée du haut fonctionnaire, chantre des vertus catholiques. Aimant la vie, y baignant par tous les sens, volontiers farceur, ne tenant pas en place, détestant les mondanités, il inspire le respect mais non la crainte. Pour preuve, les enfants se faufilaient dans son bureau pour lire en cachette son journal intime ou sa correspondance. Il aime choisir le mobilier de sa maison qui garde la trace de ses séjours à l’étranger, en particulier au Japon. Sur la cheminée, un buste sculpté par Camille rappelle le destin tragique de sa sœur. Ses livres sont rassemblés dans la grande bibliothèque du 1er étage. Ils seront déposés dans le Centre culturel que souhaitent créer ses proches à Brangues, afin de permettre à cette demeure privée de devenir le foyer de rayonnement de l’œuvre claudélienne.

L’écrivain, meurt à Paris le 23 février 1955 à l’âge de 87 ans, et y repose aujourd’hui dans le parc à l’ombre d’un peuplier, planté par Jean Louis Barrault, (prés de la tombe un jardin japonais, conçu par Olivier Brière, à été inauguré le 7 septembre 2001).

 

 « Brangues, c’est sans doute cette syllabe de bronze monnayée trois fois le jour par l’Angélus, à laquelle mon oreille, à travers ce présent qui est déjà l’avenir, était préparée, pour que, après cette longue enquête poursuivie à travers toute la terre, j’y associe le repos de mes dernières années. Ce fleuve à quoi la rhétorique a bien raison d’assimiler la vie humaine, j’ai maintenant position sur sa berge, et si je suis trop loin pour qu’il m’entraîne de ce courant plein de tourbillons, du moins, tandis que j’arpente d’un pas méditatif cette terrasse ombragée d’une rangée de tilleuls vénérables, on m’a donné un autre Rhône dans le ciel pour que j’en accompagne depuis l’entrée jusqu’à la sortie la mélodie intarissable. Je parle de cette exposition raisonnable, de cette puissante ondulation de collines prosodiques, se relevant et s’abaissant comme une phrase, comme un vers de Virgile, comme une période de Bossuet, que ponctuent çà et là la tache blanche d’un mur de ferme, l’humble feu maintenu à travers bien des siècles d’un groupe de foyers. Ce mouvement immobile, cette ligne en pèlerinage vers l’infini, comme elle parle à mes yeux, comme elle chante ! Que de souvenirs elle amène, et vers quelles promesses encore elle m’entraînerait, s’il n’y avait derrière moi ce gros château plein d’enfants et de petits-enfants qui me dit : C’est fini, maintenant, voyageur ! et vois la forte maison pour toujours avec qui tu as choisi de te marier par-devant notaire !
Cela ne m’empêche pas, quelques enjambées suffisent, d’aller vérifier de temps en temps le fleuve dont la présence invisible et la mélopée diffuse emplit l’heure diaprée du matin et solennelle de l’après-midi, et boire une gorgée vivifiante à son onde glacée. Le psaume nous dit, et l’on m’a posté ici pour témoigner que c’est vrai, que sa source est  » dans les montagnes saintes « , dans le pays de la pierre éternelle et des neiges immaculées ! et quand le soir vient, quel azur ineffable charrie vers mon attention béante cette froide nymphe, quelle nacre, quelle dissolution de rose et de safran, quel torrent de pivoines écarlates et de sombre cuivre ! Chante, rossignol de juin ! et que l’aile coupante de l’hirondelle, que le chant nostalgique du coucou se mêle à ces îles de gravier, à ces saules décolorés auxquels le vieux poète pour toujours a suspendu sa harpe ! Il fait semblant de rester immobile aujourd’hui, mais il est content de voir que tout marche joyeusement et triomphalement autour de lui, non seulement le fleuve, dont il est écrit que la poussée irrésistible ne cesse de réjouir la cité de Dieu, mais la vallée tout entière avec ses villes, ses villages et ses cultures, comme une partition pompeuse ! Tout cela vient de l’orient et s’en va à grand étalage de silence vers l’horizon. Et, doublant la montagne et le fleuve, il y a pour leur indiquer le chemin d’une procession à l’infini, des peupliers. Vieux Pan ! tu auras beau courir, tu n’en auras jamais fini d’épuiser cette Syrinx en fuite ; cette ribambelle à l’infini de tuyaux dont les groupes et les indications verticales donnent repère et rythme aux avancements calculés du regard et qui sont comme la perspective des barres et des notes sur les parallèles de la portée. Je n’ai plus besoin comme aux jours de ma jeunesse de dépouiller mes vêtements pour me mettre à la nage au milieu de cette magnificence symphonique et pour ajouter ma brasse à ce courant à la fois comme le bonheur invincible et persuasif. J’ai épousé pour toujours ce bienheureux andante ! J’ai besoin de cet allègement, de ce recommencement sous mon corps, liquide, de l’éternité, j’ai besoin de cette invitation inépuisable à partir pour constater que je n’ai pas cessé d’être bienheureusement à la même place.`
Alors salut, étoile du soir ! Il y a pour t’indiquer pensivement dans le ciel, au fond du parc, dans le coin le plus reculé de mon jardin, un long peuplier mince, comme un cierge, comme un acte de foi, comme un acte d’amour ! C’est là, sous un vieux mur tapissé de mousses et de capillaires, que j’ai marqué ma place. C’est là, à peine séparé de la campagne et de ses travaux, que je reposerai, à côté de ce petit enfant innocent que j’ai perdu, et sur la tombe de qui je viens souvent égrener mon chapelet. Et le Rhône aussi, il ne s’interrompt pas de dire son chapelet, son glauque rosaire, d’où s’échappe de temps en temps l’exclamation lyrique d’un gros poisson, et n’est-ce pas Marie dans le ciel, cette étoile resplendissante ? cette planète, victorieuse de la mort, que je ne cesse pas de contempler ? »

 


Le château n’est pas ouvert à la visite. Il est cependant tout à fait possible de se rendre sur la tombe de l’écrivain qui est au fond du parc. On y accède par un chemin creux. Celui-ci permet également de faire, assez agréablement, le tour du domaine.

 

 

 

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