Biographie de Madame de Staël.

 

 

« Pourquoi les situations heureuses sont-elles passagères ? Qu’ont-elles de plus fragile que les autres ? »

 

Madame_de_StaelAnne-Louise Germaine Necker naît à Paris le 22 avril 1766. Son père Jacques Necker, solide bourgeois de Genève, habile aux affaires, s’était fait une grosse fortune avant d’épouser Suzanne Curchod, du canton de Vaud, fille d’un pasteur devenue orpheline et restée pauvre. Ce sont des protestants convaincus, avec ce que cela sous-entend de  moralité, de tolérance et d’ouverture d’esprit. Si ils sont calvinistes fervents, ils ne sont ni puritains, ni dogmatiques. Ils élèvent donc Germaine dans la religion, mais avec humanisme et respect des vertus humaines.

Bientôt établis à Paris, les talents financiers de Jacques Necker  sont rapidement si bien reconnus  qu’il devient, avec son associé Thelusson, directeur général des finances, poste qu’il va occuper de 1777 à 1781. Cette année là, sa franchise ne lui porte pas chance : sa critique des dépenses publiques et des gaspillages de la cour lui valent son renvoi. Sept ans plus tard, Louis XVI le rappellera au même poste.

La mère de Germaine, de son coté, a tenu un salon dans la capitale, en fait le dernier des grands salons de l’Ancien Régime, où l’on discute amplement littérature, mais aussi politique. Ici les Encyclopédistes côtoient, croisent les Buffon, Diderot, d’Alembert, Grimm, Mably, Raynal, Bernardin de Saint-Pierre, Mme Geoffrin, Mme Du Deffand, etc. Et aussi des amis de Suisse, car les Necker ont l’amitié solide.

Lorsque son père prend pour la première fois la responsabilité des finances du royaume, la petite Germaine n’a que dix ans. Lorsque l’on sait que sa mère l’admet déjà dans son salon, on conçoit l’influence que va avoir sur elle ces rencontres avec tous ces familiers des affaires de l’État, ces ministres, ces diplomates. Bientôt elle va même avoir « son » cercle et conversera dignement avec eux.

Tout ceci n’empêche pas que l’on s’attache à l’éducation de Germaine. Sa mère lui dispense une éducation très soignée, qui dépasse de loin celle qu’on donne aux jeunes filles du même milieu. Germaine apprend l’anglais et le latin, la diction, la musique, la danse ; on l’envoie au théâtre très jeune. Elle lit et écrit beaucoup.  Bientôt, elle  diffère tellement des autres femmes qu’elle déconcerte ses contemporains.

En mai 1784, les Necker achètent le château de Coppet, destiné à jouer un grand rôle dans la vie de leur fille. Germaine ne s’habituera pas tout de suite à ce ui deviendra plus tard son asile.

Le 14 janvier 1786, Germaine Necker épouse Son Excellence Eric Magnus, baron de Staël de Holstein, chevalier de l’Ordre de l’Épée, chambellan de Sa Majesté la Reine de Suède et ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté suédoise à la Cour de France. L’heureux époux est de 17 ans l’aîné de l’épousée, mais il est protestant, et les Necker ne veulent pas d’un catholique pour leur fille.

Ce n’est pas vraiment un mariage d’amour et Germaine, sa vie durant, ira chercher le bonheur ailleurs, de Narbonne à Benjamin Constant (elle rencontrera celui-ci dès 1794, à Paris).

De cette union naîtront quatre enfants : Gustavine (1787 – 1789), Auguste (1790 – 1827), Albert (1792 – 1813) et Albertine,  futur duchesse de Broglie (1797 – 1838), celle-ci prendra fin en mai 1802 avec la mort du baron, mais elle lui aura ouvert  les portes de l’aristocratie. Prenant exemple sur sa mère, la nouvelle baronne de Staël-Holstein ouvre un salon qui va bientôt accueillir tout ce qui représente les nouvelles idées, notamment celles venues d’Amérique. Bientôt passeront sa porte, parmi beaucoup d’autres : le marquis de La Fayette, Noailles, Clermont-Tonnerre, Condorcet, et puis, surtout, ses préférés d’alors : Louis de Narbonne (1755-1813), qui sera vite sa première grande passion, Mathieu de Montmorency (1767-1826), à qui elle conservera son amitié sa vie durant, Talleyrand, enfin, le traître à l’amitié.

Bientôt, la passion de l’écriture l’envahit : elle va s’y donner avec passion. Elle s’essaye à tous les genres, dresse des portraits, des amis de ses parents, de son père, compose des pièces de théâtre (en 1790-1791, elle  « publie » : « Sophie ou les sentiments secrets », intime et grave à la fois, et « Jane Gray », tragédie politique comme d’autres, encore inédites, mais qui ont subsisté), collabore à la célèbre Correspondance de Grimm.

Mais sa notoriété se fait jour en 1788. Grâce à un ami de ses parents, et à son insu, le public prend connaissance de ses « Lettres sur J.-J. Rousseau », éloge vibrant du philosophe, sous une forme nouvelle pour l’époque : sa critique est en effet basée, non pas sur des critères abstraits totalement extérieurs à l’œuvre elle-même, mais sur la sympathie qu’elle éprouve à sa lecture. Une critique « de l’intérieur » de l’œuvre elle-même.

Le salon de Mme de Staël devient bientôt un des centres de la vie parisienne. Il se politise aussi Germaine se jetant avec passion dans la politique. Ce qu’elle tentera, sa vie durant, de faire triompher, à savoir la démocratie dont l’Angleterre offre, pour elle l’unique, naît à cette époque.

Grande lectrice de Rousseau, marquée par les idées des Lumières, Germaine de Staël accueille avec joie la Révolution. Le 5 mai 1789, elle assiste à l’ouverture des États-Généraux, dans les places réservées aux familles des ministres.

Pourtant, sa situation, à partir de 1792, devient intenable : elle soutient la monarchie constitutionnelle, se met à dos les républicains et la noblesse. Cette année là, qui voit la chute de la royauté et les massacres de septembre,  les Staël , comme tant d’autres, doivent fuir et rejoindre, en Suisse, à Coppet, ses parents qui l’ont précédée. Mais elle reste fidèle aux idées républicaines comme le montre l’ouvrage qu’elle écrira en 1798 (sans le publier) : « Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la république en France ».

Le gouvernement de Thermidor la rassure : elle regagne Paris en mai 1795. Pourra-t-elle, enfin, jouer un rôle actif auprès du gouvernement qui succède à la Terreur ? En fait, on se méfie en haut lieu de cette femme. Sa tolérance est suspecte. Surtout si elle s’enseigne dans un salon, vivier toujours possible pour l’opposition. Alors, le 15 octobre 1795, elle se voit signifier l’ordre de quitter la France. Elle séjourne quelques temps dans la région de Paris, puis se rend en Suisse, en compagnie de Constant, dont elle a fait la connaissance en septembre de l’année précédente.

Le 3 janvier 1798, elle rencontre le général vainqueur de la campagne d’Italie, lors d’une réception organisée, dans le magnifique hôtel Galliffet , par Talleyrand, le nouveau ministre des Relations extérieures, que  Germaine de Staël avait fait rayer de la liste des émigrés et à qui il doit en partie sa nomination (une plaque commémorative apposée au 50 rue de Varennes rappelle cette rencontre). Elle s’est approchée de lui, presque de force, s’est fait nommer, et l’assaille aussitôt de questions. « Général, qu’elle est pour vous la première des femmes ? » – « Celle qui fait le plus d’enfants, Madame «  lui répond Bonaparte.

Elle le rencontrera plusieurs fois. Il l’impressionne vivement. Elle imagine que Bonaparte sera le libéral qui fera triompher la liberté, sa liberté, après les échecs de la Révolution. De son coté, Bonaparte est décontenancé par cette femme aux idées si contraires aux siennes. Il ne sait comment se conduire avec elle, reste vague. Mais il la ménage, comme s’il sentait un danger qu’il n’arrive pas à cerner. Germaine revient de ses illusions après le 18 Brumaire et  la promulgation de la Constitution de l’an VIII : c’est dans l’interdit et la clandestinité qu’elle devra continuer son œuvre de philosophie politique.

Peu à peu, la combativité de Madame de Staël se mue en franche opposition. Son salon devient le rendez-vous des mécontents. Le pouvoir s’inquiète. Une femme, la séduction qu’elle exerce autour d’elle – sa liaison avec Benjamin Constant est connue de tous y compris dans l’entourage de Bonaparte – un salon, une puissance non négligeable sont autant de raisons de se méfier. Leur affrontement est celui de deux conceptions du rôle de l’écrivain. D’un coté, c’est la revendication d’une liberté absolue. De l’autre la nécessité, sinon la volonté, d’une remise en ordre de cette liberté.

Le droit absolu de l’écrivain à sa liberté est une idée que le Premier Consul ne peut accepter. Et qui lui fait peur. C’en est trop : il faudrait interdire à l’auteur de publier. Bonaparte commence à voir partout autour de lui l’empreinte de Madame de Staël. Ses principaux rivaux, dont Bernadotte, Moreau et Constant, ne fréquentent-ils pas son salon ? C’est le début d’ une lutte permanente, perdue d’avance. Toutes ces idées sociales, politiques et religieuses l’exaspèrent. Le Premier Consul fait savoir à Madame de Staël qu’elle est indésirable dans la capitale; comme elle persiste, il lui donne ordre, le 15 octobre 1803, de se tenir à quarante lieues au moins de Paris (cette « zone d’exclusion » sera maintenue jusqu’en 1810).

Madame de Staël est chassée de France sans recours possible, puisqu’on la tient pour étrangère. Elle voyage beaucoup, mais « sa demeure » est le château de Coppet. Elle publie « Corinne », « De l’Allemagne ». Ce drnier contient une critique implicite de la politique napoléonienne. Napoléon voit le danger, interdit le livre le 24 septembre 1810 et le fit détruire. Savary, est alors le tout nouveau ministre de la police, nommé à la place de Fouché. Il fait saisir la totalité de l’édition. Deux mille exemplaires sont brûlés. Par miracle, les manuscrits et plusieurs jeux d’épreuves échapperont à la vigilance policière. « De l’Allemagne » sera publié trois ans plus tard, à Londres.

Elle est de nouveau assignée à résidence à Coppet, dont elle ne doit pas s’éloigner de plus de quatre lieues, étroitement surveillée par la police de Genève, avec interdiction de publier quoi que ce soit. Napoléon fait même écrire à Schlegel pour lui interdire de revoir Madame de Staël. Il empêche le jeune Auguste d’entrer à l’École Polytechnique. Sous le coup de cette condamnation de « De l’Allemagne », Mme de Staël commence les « Dix années d’exil », d’abord conçu comme un violent pamphlet contre l’empereur qui l’écrase de sa toute-puissance. Espionnée, tourmentée sans relâche, réduite à vivre à Coppet et Genève, ne pouvant plus rien publier, elle décide de s’évader de l’Europe napoléonienne.

En 1812, elle s’enfuit avec ses deux enfants, et un jeune officier suisse, grand blessé de la guerre d’Espagne, M. de Rocca, qu’elle épousera secrètement en 1816 et dont elle aura un enfant. Elle gagne d’abord Vienne, Metternich, qui se trouve alors à Dresde, n’est pas vraiment enclin, pour le moment, à déplaire à Napoléon. Il sait ce que celui-ci pense de Madame de Staël.  Il donne instruction à la police viennoise de lui rendre la vie aussi désagréable que possible. Alors elle se rend à Brünn, d’où elle espère, sitôt ses passeports obtenus, passer en Russie, et au terme d’un long périple, elle séjourne à Saint Petersbourg.

Le 24 septembre, elle arrive à Stockholm où l’attend Bernadotte, l’ami de longue date devenu prince héritier de Suède et régent du royaume. La lutte contre l’Empereur prend une nouvelle ampleur. L’enjeu : préserver l’esprit des Lumières. Partout Madame de Staël tente de stimuler l’ardeur des ennemis de Napoléon. Elle va vivre là plusieurs mois (mettant la main à la deuxième partie des « Dix années »), puis elle rejoint l’Angleterre, en juin 1813. Là, elle publie « De l’Allemagne », et travaille aux « Considérations sur la Révolution française ». A Londres elle rencontre le futur roi Louis XVIII en qui elle veut voir l’homme capable de réaliser la monarchie constitutionnelle idéale. Lucide, elle perçoit la désastreuse influence que vont avoir sur le roi les émigrés arrogants.

Elle est alors à l’apogée de sa vie, devenant l’inspiratrice d’une politique d’alliance anti-napoléonienne. Son éloquence naturelle se donne libre cours, aidée en cela par ses relations politiques.

Lorsqu’elle rentre en France, c’est pour retrouver un pays humilié, dont le chef va connaître à son tour les affres de l’exil. Abasourdie, elle réussit cependant à survivre et se remet à écrire, dans le secret. En 1813, c’est « Sapho » (1811), qui rappelle le sujet de « Corinne » sur le fond tragique de la femme géniale victime de l’amour, puis, en 1813, ses  « Réflexions sur le suicide » (1813).

Madame de Staël rentre à Paris le 12 mai 1814. Elle reçoit souverains, ministres et généraux. Un soir, elle rend visite, à Malmaison, à Joséphine, déjà très malade. Celle-ci la conduit dans sa galerie de peintures. Elle ne pas vraiment fait preuve de délicatesse à l’égard de l’impératrice, l’interrogeant sur sa vie avec Napoléon, sur leurs habitudes, sur les maîtresses de l’empereur, n’hésitant pas même à lui demander si elle l’aimait encore. La rencontre éprouve Joséphine terriblement.

Germaine se rallie aux Bourbons à regret. Pendant le premier exil de l’Empereur, elle le fera prévenir d’une tentative d’assassinat à son égard. Au moment des Cent-Jours, elle se réfugie à Coppet, refusant de rentrer à Paris. Elle approuve l’Acte Additionnel, mais n’est pas disposer à oublier le passé et la vie que Napoléon lui a fait mener. Pourtant, ce dernier, pour la rallier, lui fait promettre le remboursement des deux millions de livres prêtés au Trésor Royal par son père, et qui lui serait bien utiles pour doter Albertine, sur le point d’épouser de Broglie. Elle hésite un moment, puis termine la négociation et, en septembre, rallie de nouveau les Bourbons.

La fin de sa vie sera occupée à la rédaction des « Considérations sur la Révolution française », qui paraîtront en 1818. Le 21 février 1817, elle est atteinte de paralysie, et meurt le 14 juillet, dans sa cinquante et unième année.

Germaine de Staël repose dans le parc du château de Coppet, au coté de son père Jacques Necker.

 

 

Sa demeure le château de Coppet.

 

 

facadeSelon une tradition confirmée par un document ancien, la construction du château remonterait à l’époque de Pierre de Savoie, mort en 1268. Elle se serait achevée sous l’un de ses successeurs, les Villars. Dès 1300, le terme de « castellum » ou bourg fortifié apparaît dans les documents de l’époque. Le château avec son donjon dominait les maisons groupées près du lac. Une dérivation de la rivière Versoix, qui prend sa source dans le Jura et se jette dans le lac Léman à Versoix, le Greny, alimentait les fossés qui entouraient les bâtiments et faisait tourner les roues d’un moulin dans le parc. Après les Villars, Humbert d’Allamand, puis Othon de Grandson le poète chevalier, habitèrent Coppet.

Au cours des luttes qui opposèrent les Vaudois aux Bernois, ceux-ci s’emparèrent du château et l’incendièrent en partie. Après sa reconstruction, il fut propriété des seigneurs de Viry, du connétable de Lesdiguières, puis de la puissante famille des princes de Dohna, gouverneurs de la ville d’Orange en France (d’où l’hôtel d’Orange qui subsiste encore à Coppet) dont le philosophe Pierre Bayle fut le précepteur de leurs enfants.

Ce sont eux, puis leur successeurs, les Hogguer, qui ont donné au château son aspect actuel, entre les années 1680 et 1730 environ. Après eux, Gaspard de Smeth fit apposer en 1767 sur le fronton ses armes parlantes : trois fers à cheval (de Smeth =  forgeron).

La renommée du château de Coppet commence en 1784, année de son achat par Jacques Necker, d’origine genevoise, mais ayant fait une magnifique carrière à Paris, où il finit par être choisi par le roi de France Louis XVI pour être son ministre des finances.

Depuis cette époque la maison est restée entre les mains de ses descendants, au premier rang desquels figure sa célèbre fille, Madame de Staël. Après son fils aîné, Auguste, mort jeune, et sa veuve, le château est passé en 1878 entre les mains de la famille d’Haussonville, et l’actuel propriétaire représente la huitième génération depuis Necker et le dixième propriétaire depuis 1784.

Coppet est la seule demeure de la région lémanique encore en mains privées, ayant conservé tous ses meubles, objets d’art, tableaux et souvenirs de famille. Ce n’est pas un musée mais une propriété familiale ouverte au public qui appréciera d’oublier notre époque pendant une heure pour découvrir l’atmosphère des XVIIIème et XIXème siècles.

La cour d’arrivée, à laquelle aboutit une longue avenue de platanes, permet d’apercevoir les tuiles rondes du bourg, les eaux bleues du Léman et les cimes enneigées des Alpes: vaste panorama dont la lumière renouvelle à chaque instant la beauté. Elle est flanquée de deux bâtiments, de chaque côté de la grille, deux fontaines en marbre.

On pénètre sous une voûte et l’on arrive dans la cour d’honneur entourée de trois corps de bâtiments terminés par deux tours. Une grille en fer forgé ouvre sur le parc. Elle est surmontée des initiales N.C., celle de Necker et de son épouse née Suzanne Curchod, surmontée d’une couronne de baron.

La visite commence par le vestibule aux vastes proportions. Une statue en pied de Necker semble accueillir les visiteurs: elle est en marbre de Carrare, datée de 1817, par le sculpteur allemand Tieck à la demande de Mme de Staël dont on connaît l’admiration passionnée pour son père. Le ministre est drapé dans une toge à l’antique.

L’ancienne « grande gallerie », dans laquelle Mme de Staël donnait ses célèbres représentations théâtrales, a été transformée en bibliothèque vers 1818 par son fils. Les vitrines ont gardé leur décoration de style « retour d’Egypte »; elles sont surmontées de bustes d’hommes célèbres: Homère, Virgile, Diderot…

Les livres de Necker et de Mme de Staël ont été légués par Auguste de Staël à son beau-frère, le duc de Broglie, et ont quitté Coppet en 1830. Ils constituent maintenant une partie de la belle bibliothèque du château de Broglie, en Normandie. Les volumes que l’on voit aujourd’hui ont appartenu au comte d’Haussonville et à son fils, tous deux prénommés Othenin et tous deux membres de l’Académie française.

Sur l’une des tables, on remarquera un coffret en acajou portant une large étiquette en maroquin vert sur laquelle on peut lire: « Pièces justificatives du Compte Rendu au Roi au mois de Janvier 1781 ». Ce compte rendu des dépenses et pensions de la Cour de France, que les courtisans furieux appelèrent par dépit le conte bleu parce que la brochure (qui fut un immense succès de librairie) avait une couverture bleue, fit l’effet d’une bombe puisque l’on pouvait y voir les pensions fabuleuses accordées à certains favoris, en particulier aux amis de la reine, les Polignac. Le roi fut extrêmement irrité, et Necker dut démissionner et abandonner les sages mesures d’économie qu’il avait préconisées.

Madame de Staël est présente dans cette pièce par un buste du sculpteur Tieck, et un portrait par le peintre genevois Massot, « Corinne devant le temple de Tivoli », d’après le grand portrait peint par Madame Vigée-Lebrun, « Corinne au Cap Misène », que Madame de Staël n’avait pas apprécié. Corinne est l’héroïne d’un des romans de Madame de Staël.

Dans la chambre de Madame de Staël on peut y voir son lit, un des plus beaux exemples de l’art des ébénistes français du XVIIIème, blanc et or, orné d’amours, de colombes, de flambeaux, symboles de l’amour, et d’étoiles symboles de la nuit ou de l’étoile polaire puisque son mari était suédois. Il est recouvert de soierie de Lyon ivoire, cerise et verte.

Le bureau en acajou est celui de Necker. Il est surmonté d’un buste de Necker jeune, et d’un beau portrait de Madame Récamier, la belle des belles, l’amie fidèle de Madame de Staël, qui brava les interdits de Napoléon pour venir à Coppet, et fut pour cela frappée d’un ordre d’exil à Châlons-sur-Marne.

L’on accède au premier étage par un bel escalier de pierre à rampe de fer forgé. Depuis le palier on peut admirer un grand portrait de Louis XVI en costume de sacre, par François Callet et son atelier, bordé d’un superbe cadre aux armes royales, avec la mention « donné par le Roy » (à son ministre Necker). On pénètre ensuite dans un petit vestibule d’où la vue s’étend sur les beaux arbres du parc et le Jura lointain. Une pièce d’eau circulaire rappelle que le parc fut autrefois dessiné « à la française ».

Certains lieux sont parés d’une séduction particulière; non seulement leur beauté attire le visiteur, mais les souvenirs historiques qu’ils évoquent en augmentent encore l’attrait.

 

 

 

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