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Colette

Colette – Saint Sauveur en Puisaye

Biographie de Colette.

 

 

Colette

 

« Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne ».

 

Sidonie-Gabrielle Colette naît le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l’Yonne. Sa mère, Sidonie Landoy, avait épousé Jules Robirieau-Duclos de qui elle eut deux enfants : Juliette (ma sœur aux longs cheveux) et Achille (l’aîné sans rivaux). Après le décès de ce premier mari, elle épouse le capitaine Joseph-Jules Colette le 20 décembre 1865. Ce dernier est un ancien officier de carrière. Blessé durant la campagne d’Italie et amputé de la jambe gauche, il a quitté l’armée et a été nommé percepteur de Saint-Sauveur. De ce second mariage, avant le futur écrivain, était né Léo.

La jeune fille fréquente l’école communale et cette éducation s’achève au moment où elle passe avec succès son brevet élémentaire, les 1er et 2 juillet 1889 dans la ville voisine d’Auxerre. La même année, la maison familiale de Saint-Sauveur est vendue par autorité de justice. Les Colette sont à présent très endettés, Joseph-Jules Colette ne s’étant pas montré à la hauteur des responsabilités financières qui lui incombent. Ils doivent quitter la ville et se réfugier à Châtillon-Coligny, dans le Loiret, chez Achille, devenu médecin. L’adolescente regrettera longtemps l’éloignement et la disparition de la maison de son enfance.

Trois années plus tard, le 15 mai 1893, Sidonie-Gabrielle Colette se marie à Henri Gauthier-Villars, dit « Willy », le fils cadet d’Albert-Gauthier-Vilars, ancien camarade de promotion du Capitaine Colette devenu un grand éditeur. Le couple s’installe peu après au 28 rue Jacob à Paris, puis rue de Courcelles en 1901. A l’époque, Willy collabore à L’Écho de Paris, à La Revue blanche, à la Revue encyclopédique. Le journaliste est aussi un homme de lettres, qui s’est fait connaître par le passé en publiant une série de romans légers : « La Môme Picrate », « Un petit Vieux bien propre », « Suzette veut me lâcher ». Fort goûté pour son esprit et ses calembours dans les salons à la mode, Willy initie sa femme à la vie du Tout-Paris littéraire. Celle-ci fait d’ailleurs bientôt partie de ses « nègres », une équipe de tacherons des lettres, à l’origine d’une abondante production. En 1900, est ainsi publié « Claudine à l’école », sous le seul nom de Willy, puis « Claudine à Paris », un volume signé cette fois ci « Willy et Colette Willy », « Claudine en ménage » en 1902 et enfin « Claudine s’en va » l’année suivante, qui clôt la série. Colette rédige et publie ensuite sous son seul nom « Dialogues de bêtes » en 1904. Ce dernier volume, où elle montre pour la première fois toute la tendresse qui la lie au monde des animaux, est préfacé par le poète Francis James.

Colette s’éloigne à présent de son mari. Avec la fille du duc de Morny, « Missy » la scandaleuse, divorcée d’avec le marquis de Belbeuf, qui fume le cigare et s’habille en homme, elle vit à présent au 44, rue Villejust. Le divorce d’avec Willy ne sera cependant prononcé que le 21 juin 1910, après une séparation de corps et de biens. Dès le début de l’année 1906, Colette prend des leçons de pantomime avec Georges Waag, dit « Wague », un comédien de renom qui a renouvelé l’art du mime. Dans les années qui suivent, de 1907 à 1912, elle joue en sa compagnie de nombreuses pièces sur les scènes parisiennes : « Le Désir », « L’Amour », « L’Oiseau de nuit ». Enfin, le 3 juillet 1907, la comédienne fait scandale au Moulin rouge, en apparaissant dans un léger déshabillé avec Missy dans une autre pantomime baptisée « Rêve d’Égypte ». Deux années plus tard, elle joue également dans la pièce « En camarades », au théâtre des Arts. Colette poursuit également son activité d’écrivain. Elle publie « Les Vrilles de la vigne » en 1908, qui raconte notamment son expérience de la scène, puis « L’Ingénue libertine » l’année suivante et « La Vagabonde » en 1910. A ce dernier volume, le jury du prix Goncourt attribue trois voix.

Elle prête également sa plume au journal La Vie parisienne. L’écrivain fait ainsi la connaissance du rédacteur en chef du grand quotidien, Henry de Jouvenel des Ursins, avec lequel elle se marie le 19 décembre 1912. Le couple aura une fille, prénommée également Colette mais surnommé par sa mère « Bel-Gazou », qui nait le 3 juillet 1913. Peu après le commencement du premier conflit mondial, Colette assure les gardes de nuit auprès des blessés soignés au Lycée Janson-de-Sailly, qui est transformé en hôpital. « La Paix chez les bêtes » paraît en 1916, puis « Les Heures longues » en 1917 et enfin « Dans la foule », à l’heure où l’armistice du 11 novembre met fin aux combats. C’est l’heure de la reconnaissance. Le 25 septembre 1920, Colette se voit décernée la Légion d’Honneur. Grâce à son talent de plume , elle se voit bientôt confier la direction littéraire du journal Le Matin. Pendant quatre années, jusqu’au mois de décembre 1923, Colette se rend ainsi chaque jour de la semaine à son bureau, situé au quatrième étage et qui donne sur le boulevard Poissonnière, afin d’y préparer les pages qui sont de son ressort. Outre la chronique dramatique et le panorama des dernières nouveautés littéraires, elle doit ainsi sélectionner les manuscrits que lui font parvenir divers auteurs et qui alimentent sa rubrique des « Mille et un matins ».

En 1920, paraît « Chéri ». C’est un nouveau succès, qui se prolonge avec « La Fin de Chéri ». Vient ensuite « Le Blé en herbe » en 1922, un court roman consacré aux amours de jeunesse. L’écrivain se sépare bientôt d’André de Jouvenel. Le divorce sera prononcé le 6 avril 1925. Elle entame une tournée de conférences dans le Midi de la France, à partir du 9 novembre 1923, et adopte à cette époque le simple nom de « Colette » pour signer ses ouvrages. D’avril à septembre 1924, poursuivant une collaboration jusque là fructueuse avec la presse parisienne, elle donne chaque dimanche un article de chronique pour Le Figaro dans une rubrique intitulée « L’Opinion d »une femme ». Au mois de mars 1925, a lieu la première représentation à l’Opéra de Monte-Carlo de « L’Enfant et les sortilèges », un opéra de Maurice Ravel dont l’écrivain a rédigé le livret. L’œuvre suscite l’enthousiasme du public et Colette s’illustre ainsi dans un nouveau registre. A cette époque, elle se lie à Maurice Goudeket, un homme d’affaires. De retour d’un voyage au Maroc, Colette quitte son appartement du boulevard Suchet et s’installe près du Palais-Royal, au 9 rue du Beaujolais, où elle résidera définitivement en 1938. L’écrivain acquiert également une villa, La Treille muscate, à Saint-Tropez, « au bord d’une route que craignent les automobiles ».

De nouveaux romans sont édités dans les années qui suivent : « La Naissance du jour » en 1928, « La Seconde » l’année suivante, « Sido » en 1930. Colette, qui est maintenant reconnue comme une des grandes femmes de lettres de son temps, reprend également ses tournées de conférences, d’abord au Maroc puis en Europe – en Allemagne, en Suisse et en Belgique. L’écrivain se casse la jambe le 5 septembre 1931, un accident dont elle conservera quelques séquelles. Le 1er juin 1932, elle ouvre un institut de beauté, à Paris, rue Miromesnil. Précédent « Duo », « La Chatte » est publiée en 1933, année où Colette renoue avec la critique dramatique dans les colonnes du Matin. Le 9 mars 1935, l’écrivain féministe se marie pour la troisième fois, à Maurice Goudeket. Au mois de juin, les deux époux sont à bord du paquebot Normandie, qui effectue sa première traversée de l’Atlantique à destination de New-York.

Peu après la déclaration de guerre à l’Allemagne nazie, Colette anime une émission radiophonique à Paris-Mondial, à destination des pays d’outre-mer. A la fin du printemps 1940, elle fuit Paris, comme des milliers de Français jetés dans l’Exode, et gagne Curemonte, en Corrèze, où réside sa fille. Le 11 septembre, l’écrivain est de retour dans la capitale, alors que commence l’Occupation. En 1941, ses souvenirs paraissent sous le titre de « Journal à rebours ». Bientôt cependant, Colette est clouée au lit par les crises d’arthrite. Une nouvelle épreuve l’attend ensuite. Au mois de décembre 1941, son mari est arrêté et interné au camp de Compiègne, en raison de ses origines juives. L’écrivain, à force de démarches, parvient à le faire libérer le 6 février 1942. « De ma fenêtre » en 1942, puis « Le Képi » et enfin « Trois-six-neuf » sont publiés pendant la guerre. En 1945, Colette est élue à l’Académie Goncourt, devenue après un demi-siècle d’existence une institution du monde des lettres. Elle en devient la présidente en 1949. Cette année-là, les Éditions du Fleuron fondées par son mari entament la publication de ses œuvres complètes.

Le 3 août 1954, Colette décède à Paris. La Quatrième République lui rend hommage par des funérailles nationales, non religieuses, qui sont organisées au Palais royal, le 7 août suivant, tandis que l’écrivain est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

 

 

Saint Sauveur en Puisaye sa maison.

 

 

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« Je m’appelle Claudine, j’habite Montigny, j’y suis née en 1884, probablement je n’y mourrai pas ». Cette phrase est la première du roman « Claudine à l’école ». Tout le monde sait que Montigny dissimule le nom du vrai pays de Colette, Saint Sauveur en Puisaye.

Le 28 janvier 1873, rue de l’Hospice – devenue rue Colette – à Saint-Sauveur, Gabrielle Colette naît de Sido et Jules Colette. Une longue maison dans une rue en pente, une grande cour derrière, qui conduit au « jardin du haut », celui des fouillis de fleurs, et au « jardin du bas », celui du potager.

« Grande maison grave, revêche avec sa porte à clochette d’orphelinat, son entrée cochère à gros verrou de geôle ancienne, maison qui ne souriait qu’à son jardin. Son revers, invisible au passant, doré par le soleil, portait manteau de glycine et de bignonier mêlés, lourds à l’armature de fer fatiguée, creusée en son milieu comme un hamac, qui ombrageait une petite terrasse dallée et le seuil du salon… Le reste vaut-il la peine que je le peigne, à l’aide de pauvres mots ? Je n’aiderai personne à contempler ce qui s’attache de splendeur, dans mon souvenir, aux cordons rouges d’une vigne d’automne que ruinait son propre poids, cramponnée, au cours de sa chute, à quelque bras de pin ».

Si cette maison n’est pas ouverte au public, le Musée Colette quelques dizaines de mètres plus haut, a élu domicile dans le château de Saint Sauveur en Puisaye qui offre une vue imprenable sur la ville et la maison natale de Colette.

Colette habita de nombreuses maisons au cours de sa vie, aucune n’était disponible pour un musée, il a donc fallu en créer une, et le lieu retenu fut le château de Saint Sauveur en Puisaye. Réalisé par l’artiste plasticienne Hélène Mugot, et baigné d’une lumière bleue, affectionnée par Colette, le musée présente une reconstitution de la chambre et du salon du Palais Royal, rue du Beaujolais, dans laquelle a séjourné l’écrivain, ainsi que de nombreuses photographies et objets personnels, comme ses boules de verres et ses papillons.

Le visiteur peut également découvrir des livres illustrés par les plus célèbres artistes des années 1910 à 1950, des dédicaces, des revues contemporaines, des lettres, des cartes postales de Colette, et des photographies de grands artistes : Lee Miller, Pierre Jahan ou encore Pierre Brochet.

Dans la bilbiothèque en trompe l’oeil, 1500 faux livres s’ouvrent sur ses plus belles phrases. Ainsi, Colette peut revivre en son pays natal, même si elle n’y revint que très rarement après son départ.

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Depuis la rédaction de ce billet bien des choses ont évolué, en 2014, une souscription nationale a permis d’atteindre les 1 300 000 euros nécessaires au projet de réhabilitation de la maison natale de Colette. L’Etat avait aussi apporté une aide exceptionnelle de 100 000 euros, sous la forme d’une subvention, pour en acheter les murs. Protégé au titre des monuments historiques, ce haut lieu du patrimoine littéraire français avait été acquis par l’association La Maison de Colette en septembre 2011.

La maison natale de l’écrivaine deviendra, dès son ouverture officielle le 25 mai 2016, un lieu de culture « ouvert à tous, tout au long de l’année ». La bâtisse comme les jardins ont été reconstitués tels que Colette les a connus et fidèlement décrits dans son œuvre. 

Le projet comprend aussi un Centre d’études Colette, soit le fonds de documentation le plus important la concernant, associé à un studio pour les chercheurs et auteurs en résidence. La programmation culturelle sera consacrée, tout au long de l’année, à l’univers de l’auteure et, au-delà, à des « femmes célèbres et remarquables ».

« Mieux qu’une simple maison d’écrivain, la maison natale de Colette est la genèse de sa création littéraire, précise le communiqué. Sa réhabilitation et son aménagement permettent au grand public, et notamment aux plus jeunes, de découvrir la vie et l’œuvre de celle qui, toute sa vie, resta fidèle à un pays, la Puisaye, et à une région, la Bourgogne. »

 Ici le site officiel de la Maison de Colette

La maison de Colette ressuscitée, un article du Nouvel Observateur ici. 

La maison avant restauration :

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La maison après restauration :

Merci à Catherine pour ses magnifiques photographies et sa très grande gentillesse.

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Le pays de Saint Sauveur 

Toujours de très belles photographies prises par Catherine.

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Le Musée Colette

La naissance du Musée Colette fut aussi tumultueuse que la vie de Colette.

En 1974, Colette de Jouvenel, dite Bel Gazou, fille de l’auteur, souhaite qu’un musée soit érigé à la mémoire de sa mère dans le berceau familial à Saint-Sauveur-en-Puisaye. N’étant plus propriétaire de la maison natale des Colette, Bel Gazou, aidée de la municipalité, se tourne vers le château indivis et abandonné qui surplombe la ville, mais rien n’est encore possible.

Au décès de Colette de Jouvenel en 1981, sa succession fait resurgir le projet. Son frère, Bertrand de Jouvenel (ses enfants Anne, Hugues, Henri) et Foulques de Jouvenel (fils de son autre frère, Renaud de Jouvenel) décident de reprendre le flambeau et de mener à bien cette mission, soit à Paris, soit à Saint-Sauveur-en-Puisaye.

Malgré les interventions du Président de la République, du Ministère de la Culture, de la Mairie de Paris et de la Banque de France, il fut impossible de racheter l’appartement du Palais-Royal à Paris. C’est alors que les héritiers offrent à la commune de Saint-Sauveur-en-Puisaye, devenue entre temps propriétaire du château, le fonds Colette constitué de meubles, livres et objets qui se trouvaient dans l’appartement du Palais-Royal. Cette donation est signée en 1987 sous la condition de la réalisation du musée et d’un Centre d’études et de recherches.

En 1986, la GMF, fidèle à sa politique de défense du patrimoine, devient mécène du Musée Colette et son apport financier permet de réaliser une grande partie des travaux. Grâce à le GMF, à la pugnacité et l’entêtement de la Municipalité de Saint-Sauveur-en-Puisaye, le château retrouve toute sa noblesse.

Au cours de la réalisation du gros œuvre, la Direction des Musées de France et la Conservation Départementale des Musées de l’Yonne (service de la Direction des Affaires Culturelles du Conseil Général de l’Yonne) retiennent le projet d’une artiste plasticienne, Hélène Mugot, qui en devient la muséographe.

En 1995, le Musée Colette ouvre ses portes. Ainsi, 21 ans plus tard, le vœu de Colette de Jouvenel est enfin réalisé.

 

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