Les livres de William Faulkner
Le bruit et la fureur
C’est avec cet ouvrage explosif que William Faulkner fut révélé au public et à la critique. Auteur de la moiteur étouffante du sud des États-Unis, Faulkner a réellement bouleversé l’académisme narratif en plaçant son récit sous le signe du monologue intérieur, un monologue d’abord « confié » à un simple d’esprit passablement dépassé par les événements qui se déroulent autour de lui. Confusément, les images qui lui parviennent font remonter ses souvenirs : il brosse de façon impressionniste et chaotique l’histoire douloureuse de sa famille. Vient ensuite le moment d’écouter les confessions de Quentin, son frère, exposant les raisons qui le pousseront à se donner la mort. D’amours déçues en déchirements, la fratrie (qui compte un troisième membre ayant lui aussi son monologue) se désagrège. Jouant subtilement avec les différences de registres en passant d’un personnage à l’autre, Faulkner conclut en tant que narrateur extérieur ce roman violent, où chacun se débat tant bien que mal sans réellement pouvoir se soustraire à un destin funeste.
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Tandis que j’agonise
Tandis que j’agonise est un roman paradoxal. Paradoxal, d’abord au vu du faible succès public qu’il rencontra, alors qu’il allait marquer un grand nombre d’écrivains ou d’artistes tel Jean-Louis Barrault qui fit du roman une de ses premières pièces (Autour d’une mère).
L’autre paradoxe veut que l’auteur se soit peu investi dans la rédaction de ce texte. Faulkner l’aurait écrit en six semaines, entre minuit et quatre heures du matin, au fond d’une soute à charbon. Un véritable tour de force, dont, à n’en pas douter, il était plutôt fier.
Totalement novateur, le récit allie farce grotesque et tragédie humaine. Anse Bundren et sa famille entreprennent un voyage funéraire pour aller enterrer la femme de ce dernier, quelque part dans le Mississippi. Sous la chaleur de juillet, le corps se décompose, les mulets se perdent, un des fils se casse une jambe, l’autre perd la raison, tandis que le père ne pense qu’au nouveau dentier qu’il va s’acheter.
Autour du cadavre de la mère, les monologues intérieurs recomposent les vies de chacun, jusqu’au point final. Quand, venant tout juste d’enterrer son épouse, Anse Bundren, muni de son nouveau dentier, se présente devant ses fils avec une nouvelle femme, il dit comme ça : « Je vous présente Mrs Bundren. » Et le convoi mortuaire retourne à son désert.
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Lumière d’août
« La main allait, lente et calme, le long du flanc invisible. Il ne répondit pas tout de suite. Non qu’il essayât de l’intriguer. Il avait l’air de ne pas se rappeller qu’il devait en dire davantage. Elle répéta la question. Alors, il lui dit : – J’ai du sang noir.Elle resta étendue, parfaitement immobile, mais d’une immobilité différente. Mais il ne parut point s’en apercevoir. Il était couché, calme aussi et, de sa main, doucement lui caressait le flanc. »
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Sanctuaire
C’est Sanctuaire qui valut à Faulkner sa réputation d’auteur ténébreux et scandaleux. L’écrivain n’a-t-il pas tenu à inventer, selon son expression, « l’histoire la plus effroyable qu’on puisse imaginer » ? En réalité, il s’est inspiré d’un fait divers, survenu dans un night-club de la Nouvelle-Orléans : le viol d’une jeune fille avec un « objet bizarre », devenu un épi de maïs dans le roman, suivi d’une étrange séquestration. Dans un climat de violence, de bassesse et de corruption, remarquablement diffus et persistant, la jeune fille subit une sorte d’initiation au mal, à travers laquelle Faulkner livre son interrogation sur l’homme, avant de l’élargir et de la faire porter sur la société tout entière.
Sanctuaire, septième roman de Faulkner, est aussi son récit le plus direct. Paru la même année que La Clé de verre et un an après Le Faucon maltais, les deux chefs-d’oeuvre de Dashiell Hammett, ce roman noir est un des précurseurs du hard-boiled novel, auquel Hammett, Raymond Chandler ou James Cain donnèrent ses lettres de noblesse.
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Absalon, Absalon !
Absalon, Absalon ! est tout d’abord l’histoire de Thomas Sutpen et de sa descendance – l’histoire de son dessein : créer une plantation et y établir une dynastie pérenne, en sorte que ne puisse se reproduire la scène où s’origine ce dessein, lorsque le petit garçon qu’il était fut empêché par un esclave noir de franchir la porte d’entrée de la maison du planteur où son père l’avait envoyé porter un message. Cette porte-miroir lui renvoie, précisément parce qu’elle est barrée, l’image de son impuissance et de sa précarité de pauvre Blanc dans une société où pouvoir, prestige et loisir appartiennent à la classe des planteurs.
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Sartoris
Pour pénétrer dans l’univers du vieux Sud qui hante l’œuvre de Faulkner, la meilleure introduction est sans doute Sartoris. On y trouve le grand thème social de la décadence, après la guerre de Sécession. Dans une atmosphère lourde de cauchemars, pleine de souvenirs du passé et de mystères jamais élucidés, apparaissent les principaux personnages de la saga faulknérienne et, au premier rang, ces Sartoris, héroïques et fanfarons, dont aucun, de mémoire de vivant, n’est mort de façon naturelle.
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Treize histoires
La renommée de Faulkner romancier a trop souvent obscurci un aspect pourtant capital de l’œuvre de celui qui fut l’un des plus grands écrivains de notre siècle : les nouvelles.À ce titre, ce recueil, le premier qu’il publia aux États-Unis en septembre 1931, aussitôt après Sanctuaire, est particulièrement précieux. Dédié à sa femme et à son premier enfant qu’il devait perdre en bas âge, il comporte, entre autres, la plus célèbre nouvelle de Faulkner, Une rose pour Emily.On interprète généralement cette nouvelle comme une allégorie de la décadence, construite autour de la vie d’une vieille fille de Jefferson, Miss Emily Grierson. On peut voir dans ce texte une image de la séduction du Sud aristocratique (Miss Emily) par le Nord, vigoureux et entreprenant (Homer Barron).Un rose pour Emily fut aussi, avec Septembre ardent, le premier texte de Faulkner à paraître en français, dans l’hiver 1931-1932.
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Les Snopes
Les convulsions que subit le comté de Yoknapatawpha, Mississippi, se propagent à partir d’une horde d’intrus rusés et opportunistes, les Snopes, ces canailles de petits blancs sans foi ni loi, dont l’ascension et la multiplication mettent en péril l’identité du Sud. Une fois l’onde de choc appréciée à sa juste mesure, le vieux Sud sort de sa léthargie et relève le gant. Une guerre inavouée, pernicieuse et sauvage, sorte de pendant de la guerre de Sécession.
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La ville
La ville met en scène l’ascension de Flem Snopes, avide de considération plus encore que de richesse, qui, parti d’une gargote sordide, va s’élever lentement dans la hiérarchie de la ville. Mais cette chronique d’un bourg du Mississippi, dévoilée à travers le prisme de trois narrateurs, est aussi une grande et pathétique histoire d’amour dont Eula Snopes, une nonchalante et fatale beauté, est l’héroïne. «J’ai pensé à toute cette histoire d’un seul coup, comme un éclair fulgurant illumine le paysage et que vous apercevez tout, mais il faut le temps de l’écrire. J’ai cette histoire en tête depuis environ trente ans.» William Faulkner.
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Requiem pour une nonne
Sanctuaire, l’un des romans les plus célèbres de Faulkner, racontait l’aventure scandaleuse d’une jeune collégienne américaine, Temple Drake, séquestrée dans une maison close par un gangster dégénéré, Popeye. Elle était libérée par l’arrestation de son «protecteur», condamné quelques mois plus tard et exécuté pour meurtre.Sept ans après, Temple Drake est devenue une bourgeoise américaine, mariée au jeune homme qui fut responsable de son infamie, et mère de deux enfants. Elle a à son service une négresse, ancienne prostituée, Nancy Mannigoe. Survient un louche individu qui possède sur la vie passée de Temple des renseignements compromettants et qui la fait chanter. Temple est-elle amoureuse de cet homme, ou bien reprise par le goût du vice ? Elle décide de s’enfuir du domicile conjugal. Pour la retenir, Nancy Mannigoe imagine un horrible forfait : de ses propres mains elle tue l’un des enfants confiés à sa charge. Nancy est condamnée à mort. Mais Temple, sous la pression de son oncle Gavin, avocat de la criminelle, se rend chez le gouverneur pour arracher la grâce de la coupable. Elle ne peut y parvenir, mais trouve au moins l’occasion de confesser sa propre turpitude et de se racheter par l’humiliation, première station du long calvaire qui l’attend.Telle est l’étrange et dramatique histoire que conte le grand romancier dans cet ouvrage, sorte de roman dialogué dont Albert Camus a tiré une pièce.
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Pylône
« Elle était arrivée au sol avec sa robe, que le vent avait déchirée ou libérée des courroies du parachute, remontée jusqu’aux aisselles, et elle avait été traînée le long du terrain jusqu’à ce qu’elle fût rejointe par une foule hurlante d’hommes et de jeunes gens, au centre de laquelle elle était maintenant étendue à terre, vêtue seulement, des pieds à la ceinture, de boue, des courroies du parachute et de ses bas. »
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Monnaie de singe
Dans son premier roman, Monnaie de singe, paru aux Etats-Unis en 1926, William Faulkner règle son compte à la guerre : » Le Sexe et la Mort, porte d’entrée et porte de sortie du monde. Comme ils sont en nous inséparables ! Quand les instincts sexuels sont-ils plus aisément satisfaits qu’en temps de guerre, de famine, d’inondation, d’incendie ?
Pour Donald Mahon, jeune pilote de chasse pendant la guerre de 1914-1918, la bataille a été, comme pour Macbeth, gagnée et perdue.
Il est à la fois le héros et le soldat blessé à mort. Défiguré par une horrible blessure, victime du tir ennemi au-dessus d’Ypres, mais aussi d’une vision insoutenable, il perd progressivement la vue. Retrouver le souvenir de cette scène oubliée motivera la quête de Donald, le personnage immobile, paralysé dans son désir, autour duquel se tissent les passions.
La trame du récit mêle la guerre à l’amour et le passé retrouvé découvre d’autres combats inconscients, explore les causes de l’échec amoureux.
Ironique et implacable, l’écriture Faulknérienne mène l’enquête, aux lieux où forces du destin et forces du désir se déchaînent.
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Le hameau
Flem Snopes, métayer sans fortune, s’introduit dans la famille Warner. Secret et rusé, il parvient à épouser Eula, la fille du vieux Will Warner, supplantant son rival Labove, qui a tenté d’abuser d’elle. Sur le triomphe de Snopes, qui roule tout le monde, et qui symbolise l’avilissement du Sud, s’achève ce premier acte d’une trilogie romanesque qui se poursuivra avec Le domaine et La ville.
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Parabole
Les critiques ont compris dès sa parution que cette œuvre constituait l’effort le plus ambitieux de son auteur.En octobre 1948, Faulkner notait à propos de Parabole : «C’est l’histoire du Christ dans l’armée française, un caporal et une escouade de douze hommes, un général qui est l’Antéchrist, et qui l’attire au sommet d’une colline pour lui offrir le monde. Symbolique et irréel… Le corps du caporal est choisi pour celui du soldat inconnu. Le Christ revit dans la foule.»Parabole est une métaphore : «Quand le dernier glas du destin aura sonné et disparu du dernier et dérisoire rocher suspendu inamovible dans le dernier couchant rouge», disait Faulkner en parlant de l’homme, «il y aura quand même un bruit, un seul : celui de sa petite et inépuisable voix, parlant encore.»Faulkner tente ici l’impossible : élever cette «petite voix» de l’écrivain perdu dans un siècle d’aliénation à la puissance des grandes orgues de l’humanisme.
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L’arbre aux souhaits
Ce texte fut écrit par Faulkner en 1967 comme cadeau d’anniversaire pour les huit ans de sa belle-fille.La veille de son anniversaire, si on monte dans son lit en mettant le pied gauche le premier, et si on retourne son oreiller sens dessus dessous avant de s’endormir, on peut s’attendre à toutes sortes d’aventures merveilleuses. On peut, par exemple, comme Dulcie, découvrir à son réveil un étrange garçon nommé Maurice, qui tire à volonté de son sac des échelles, des poneys tout harnachés, et entraîne la fillette à la recherche de l’Arbre aux Souhaits qui exauce tous les vœux, même les plus extravagants…
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Le gambit du cavalier
Voici cinq nouvelles policières signées William Faulkner. Ces énigmes, traités par un grand écrivain, dépassent toutefois le genre policier. Ce n’est pas seulement l’exposé des déductions d’un détective, mais aussi et surtout des peintures de caractères criminels que meuvent la haine aussi bien que l’intérêt.Le héros des cinq récits est Gavin Stevens, procureur de Jefferson, petite ville du Mississippi, qui est au centre de l’œuvre du romancier. Son ironie et son allure fantastique dissimulent une connaissance de la nature humaine qui lui permet de détourner des catastrophes.La dernière des nouvelles, la plus longue, celle qui donne son titre au livre, est l’histoire d’un capitaine de cavalerie argentin que Gavin sauve de la mort. Elle a les dimensions d’un petit roman.Ce n’est pas à un Faulkner tout à fait inconnu que Le gambit du cavalier nous renvoie, car on retrouve ici la profonde science des êtres du prix Nobel 1949.
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La Pléiade
—> William Faulkner dans la Pléiade