Biographie de Maxime Gorki.

 

Maxime_Gorky

 

« Les gens ne cessent de chercher, ils veulent toujours trouver mieux ».

 

Maxime Gorki est né le 28 mars 1868 à Nijni Novgorod sur la Volga dans un milieu modeste. Il passa les toutes premières années de sa vie à Astrakhan où son père était agent maritime après avoir quitté son atelier d’artisan de Nijni Novgorod, mais l’enfant revint dans sa ville natale quand son père mourut alors que Maxime avait trois ans et que sa mère retourna chez ses parents qui tenaient un petit atelier de teinturerie. Orphelin de mère un peu plus tard, à dix ans, il fut élevé durement par un grand-père violent et une grand-mère excellente conteuse, douce et pieuse : il apprit ainsi à survivre dans un contexte difficile mais pittoresque qu’il évoquera dans le premier volet de son autobiographie « Enfance ».

Forcé par son grand-père de quitter l’école à douze ans, il pratiqua plusieurs petits métiers comme cordonnier ou graveur dans la ville de Kazan. Très affecté par la mort de sa grand-mère, il tenta de se suicider en décembre 1887 mais survécut à la balle qu’il s’était tirée près du cœur, celle-ci cependant endommagea gravement son poumon et il souffrit toute sa vie de faiblesse respiratoire. Il entreprit ensuite une très longue errance à pied de plusieurs années dans le sud de l’empire russe et les régions du Caucase, lisant en autodidacte, effectuant différents métiers comme docker ou veilleur de nuit et accumulant des impressions qu’il utilisera plus tard dans ses œuvres : il racontera cette période de formation dans « Mes universités ».

A 24 ans, il décida de rentrer dans le rang et devint journaliste pour plusieurs publications de province. Il écrivait sous le pseudonyme de Jehudiel Khlamida, nom évoquant par sa racine grecque le masque et les services secrets, puis il commença à utiliser aussi le pseudonyme de « Gorki » (qui signifie littéralement amer) en 1892 dans un journal de Tiflis : ce nom reflétait sa colère bouillonnante à propos de la vie en Russie et sa détermination à dire l’amère vérité.

Le premier ouvrage de Gorki « Esquisses et récits » parut en 1898 et connut un succès extraordinaire, en Russie et à l’étranger, ce qui lança sa carrière d’écrivain pittoresque et social. Il y décrivait la vie des petites gens en marge de la société (les bossiaks, les va-nu-pieds), révélant leurs difficultés, les humiliations et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur profonde humanité. Gorki acquit ainsi la réputation d’être une voix unique issue des couches populaires et l’avocat d’une transformation sociale, politique et culturelle de la Russie, ce qui lui valut d’être apprécié à la fois de l’intelligentsia, il entretiendra des liens de sympathie avec Anton Tchekhov et Léon Tolstoï, et des travailleurs.

Dans le même temps, à partir de 1899, il s’affichait proche du mouvement social-démocrate marxiste naissant et s’opposait publiquement au régime tsariste, d’où de nombreuses arrestations : il sympathisa avec de nombreux révolutionnaires, devenant même l’ami personnel de Lénine après leur rencontre en 1902. Il gagna encore en célébrité quand il démontra la manipulation de la presse par le gouvernement lors de l’affaire Matvei Golovinski, qui fut contraint à l’exil après la dénonciation de Gorki prouvant l’implication de la police secrète, l’Okhrana, dans la rédaction et la publication du « Protocole des sages de Sion ». Son élection en 1902 à l’Académie Impériale fut annulée par le tsar Nicolas II, ce qui entraîna par solidarité la démission des académiciens Anton Tchekhov et Vladimir Korolenko.

Les années 1900-1905 montrent un optimisme grandissant dans les écrits de Gorki et ses œuvres les plus déterminantes dans cette période sont une série de pièces de théâtre à thèmes politiques dont la plus célèbre est « Les Bas-fonds », représentée après des difficultés avec la censure en 1902 à Moscou avec un grand succès et montée ensuite dans toute l’Europe et aux États-Unis. Maxime Gorki s’engagea alors davantage dans l’opposition politique et fut même emprisonné brièvement pour cet engament en 1901. Il fut de nouveau incarcéré à la Forteresse Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg durant la révolution avortée de 1905 : il y écrivit sa pièce « Les Enfants du soleil« , formellement située durant l’épidémie de choléra de 1862, mais clairement comprise comme représentant les évènements de l’actualité.

Devenu riche par ces activités de romancier, de dramaturge et d’éditeur, il apporta son aide financière au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) en même temps qu’il soutenait les appels des libéraux pour une réforme des droits civiques et sociaux. La brutale répression de la manifestation des travailleurs demandant une réforme sociale le 9 janvier 1905, évènement connu sous le nom de « Dimanche sanglant » qui marqua le début de la Révolution de 1905, semble avoir joué un rôle décisif dans la radicalisation de Gorki. Il devint alors très proche du courant bolchevique de Lénine sans qu’il soit assuré qu’il adhéra à ce mouvement : ses relations avec les Bolcheviques et Lénine demeureront d’ailleurs difficiles et conflictuelles.

En 1906, les Bolcheviques l’envoyèrent aux États-unis pour lever des fonds de soutien et c’est pendant ce voyage que Gorki commença son célèbre roman « La Mère » (qui paraîtra d’abord en anglais à Londres et finalement en russe en 1907) sur la conversion à l’action révolutionnaire d’une femme du peuple à la suite de l’emprisonnement de son fils. Cette expérience de l’Amérique, où il rencontra Théodore Roosevelt et Mark Twain mais aussi les critiques de la presse qui se scandalisait de la présence à ses côtés de sa maîtresse Moura Budberg et non de sa femme Yekaterina Peshkova, l’amena à approfondir sa condamnation de l’esprit bourgeois et son admiration pour la vitalité du peuple américain.

De 1906 à 1913, Gorki vécut à Capri à la fois pour des raisons de santé et pour échapper à la répression croissante en Russie. Il continua cependant à soutenir les progressistes russes, particulièrement les Bolcheviques, et à écrire des romans et des essais. Il bâtit aussi avec d’autres émigrés bolcheviques comme Bogdanov ou Lounatcharski, un système philosophique controversé intitulé « Construction de Dieu » qui cherchait, en prenant appui sur le mythe de la révolution, à définir une spiritualité socialiste où l’humanité riche de ses passions et de ses certitudes morales accèderait à la délivrance du mal et de la souffrance, et même de la mort. Bien que cette recherche philosophique ait été rejetée par Lénine, Gorki continua à croire que la culture, c’est à dire les préoccupations morales et spirituelles, était plus fondamentale pour la réussite de révolution que les solutions politiques ou économiques. C’est le thème du roman « La Confession », paru en 1908.

Profitant de l’amnistie décrétée pour le 300e anniversaire de la dynastie des Romanov, Gorki revint en Russie en 1913 et poursuivit sa critique sociale en guidant de jeunes écrivains issus du peuple et en écrivant les premières parties de son autobiographie, « Ma vie d’enfant » (1914) et « En gagnant mon pain « (1915-1916).

Durant la Première Guerre mondiale, son appartement de Petrograd fut transformé en salle de réunion bolchevique mais ses relations avec les communistes se dégradèrent. Il écrivit ainsi deux semaines après la Révolution d’octobre : « Lénine et Trotsky n’ont aucune idée de la liberté et des droits de l’homme. Ils sont déjà corrompus par le sale poison du pouvoir … « . Son journal « Nouvelle vie » fut censuré par les bolcheviques et Gorki écrivit en 1918 une série de critiques du Bolchevisme au pouvoir intitulées « Pensées intimes » qui n’ont été publiées en Russie qu’après la chute de l’Union soviétique. Il y compare Lénine à la fois au tsar pour sa tyrannie inhumaine d’arrestations et de répression de la liberté de penser et à l’anarchiste Serge Netchaïev pour ses pratiques de comploteur. En 1919, une lettre de Lénine le menaça clairement de mort s’il ne changeait pas ses prises de position.

En août 1921, il ne put sauver son ami Nikolaï Goumiliov qui fut fusillé par la Tcheka malgré son intervention auprès de Lénine. En octobre de la même année 1921, Gorki quitta la Russie et séjourna dans différentes villes d’eau en Allemagne et ayant achevé le troisième volet de son autobiographie, « Mes universités » publié en 1923, retourna en Italie pour soigner sa tuberculose : installé à Sorrente en 1924, il resta en contact avec son pays et revint plusieurs fois en URSS après 1929, avant d’accepter la proposition d’un retour définitif que lui fit Staline en 1932 : on discute les raisons de ce retour expliqué par des difficultés financières pour les uns comme Soljenitsyne, ou par ses convictions politiques pour les autres.

Sa visite du camp de travail soviétique des Îles Solovetski, maquillé à cette occasion, le conduisit à écrire un article positif sur le Goulag en 1929, ce qui déclencha des polémiques en Occident : Gorki dira plus tard l’avoir écrit sous la contrainte des censeurs soviétiques. Il fut honoré par le régime qui exploita dans sa propagande son départ de l’Italie fasciste pour retrouver sa patrie soviétique : il reçut la médaille de l’Ordre de Lénine en 1933 et fut élu président de l’Union des écrivains soviétiques en 1934, ce qui lui valut d’être installé à Moscou dans un hôtel particulier qui avait appartenu au richissime Nikolaï Riabouchinski et est devenu le Musée Gorki aujourd’hui, et on lui accorda également une datcha dans la campagne moscovite. Une des artères principales de la capitale, rue Tverskaïa, reçut son nom comme sa ville natale qui retrouvera son nom primitif de Nijni Novgorod en 1991, à la chute de l’URSS. Le plus gros avion du monde construit au milieu des années trente, le Tupolev ANT-20, fut baptisé lui aussi « Maxime Gorki ». Cette consécration soviétique est illustrée par de nombreuses photographies où il apparaît aux côtés de Staline et d’autres responsables de premier plan comme Kliment Vorochilov et Viatcheslav Molotov. Par ailleurs, Gorki participa activement à la propagande stalinienne comme dans l’éloge du « Canal de la mer Blanche » à propos duquel, évoquant les bagnards du goulag chargés des travaux, il parle de « réhabilitation réussie des anciens ennemis du prolétariat ».

Cependant, Gorki semble avoir été partagé entre sa fidélité au bolchevisme et ses idées sur la liberté indispensable aux artistes. Il était d’ailleurs suspect aux yeux du régime et après l’assassinat de Sergueï Kirov en décembre 1934, le célèbre écrivain a été assigné à résidence à son domicile. La mort soudaine de son fils Maxim Pechkov en mai 1935 et la mort rapide, attribuée à une pneumonie, de Maxime Gorki lui-même le 18 juin 1936 ont fait naître le soupçon d’empoisonnement mais rien n’a jamais pu être prouvé. La presse internationale annonce cette mort le 19 juin comme en témoignent les numéros de L’Humanité et d’Ouest-Éclair en France. Staline et Molotov furent deux des porteurs du cercueil de Gorki lors de ses funérailles qui furent mises en scène comme un événement national et international le 20 juin 1936 sur la Place Rouge à Moscou. André Gide qui commençait son célèbre voyage en URSS y prononça un discours d’hommage.

Maxime Gorki est inhumé dans le cimetière du Kremlin derrière le mausolée de Lénine.

 

Moscou sa maison.

 

 

ScreenHunter_01_Jul

 

Cet hôtel particulier est le chef-d’œuvre de Féodor Ossipovitch Chekhtel, architecte peu connu en dehors de Russie, mais dont l’œuvre d’importance internationale est parallèle à celle de Frank Lloyd Wright et de Charles Rennie Mackintosh.

 

L’escalier de marbre sculpté tout en courbes est l’un des éléments marquants de cette maison. Sa torchère en bronze, ses vitraux rétro-éclairés et tout son équipement furent dessinés en même temps que les plans de la maison. Une restauration récente a remis en valeur l’éclat de la serrurerie de cuivre et les coloris délicats des motifs Arts Nouveau peints sur les murs et les plafonds. Malheureusement, la façade de brique aux mosaïques naturalistes n’a pas eu la même chance et aurait grandement besoin de réparations.

La maison fut commandée en 1900 par Stephan Riabouchinsky,(frère de Dimitri Riabouchinsky) grand mécène des arts d’avant la Révolution et membre de la secte des Vieux Croyants. Les pratiques religieuses de celle-ci ayant déjà été interdites avant 1917 (son fondamentalisme déplaisait à l’église orthodoxe), il avait fait construire une chapelle secrète sous l’avant toit de sa demeure.

La résidence Riabouchinsky, dans laquelle vécut l’écrivain Maxime Gorki impressionne autant par son style Art Nouveau que par le luxe de ses détails : escalier principal spectaculaire, boiseries merveilleusement travaillées, ferrures des portes et des fenêtres, vitraux et verrières. Ils montrent la recherche d’un équilibre entre l’utilitaire et le décoratif. Même dans cette maison, d’inspiration essentiellement européenne, le profond désir russe d’harmonie entre l’homme et la nature transparaît. Dans leur recherche d’un nouveau confort, les meilleurs créateurs du XIXe siècle tentèrent d’insuffler davantage de poésie dans la vie quotidienne, comme savaient le faire les paysans dans leur pauvre isba. A la différence de l’opulence exacerbée des palais et des grandes demeures, les maisons bourgeoises russes aspiraient moins à la prétention qu’au charme et à la Gemütlichkeit, manifestant cet idéal profondément ressenti que la beauté peut parfaire l’homme et l’enrichir.

L’escalier de marbre crée un lien fluide entre le second niveau et l’étage principal tout en équilibrant le vestibule central. Ses courbes intègrent jusqu’à la marqueterie du parquet. Le vitrail a sans doute été réalisé à Saint-Pétersbourg. La torchère a été dessinée par l’architecte. A l’étage supérieur, un chapiteau en plâtre sculpté met un point final à l’envolée de l’escalier. Dans toute la maison, les couleurs pâles des peintures contrastent fortement avec les tonalités profondes des boiseries. Les portes de chêne vernis de chaque pièce étaient sculptées selon des motifs tous différents. Les poignées en cuivre sont remarquablement délicates et élégantes.

L’architecture est une longue variation sur un même thème. Elle s’affirme dès l’entrée, très simplement aménagée, où les boiseries de chêne sont incrustées de cuivre. Le sol aux anneaux concentriques est en mosaïque de marbre et de granit. De lourdes draperies étaient tirées pour se protéger des courants d’air.

L’hôtel Riabouchinski est un excellent exemple d’art total associant architecture, peinture, sculpture, arts appliqués dans un même édifice, jusqu’au moindre détail, des façades aux ustensiles de cuisine. L’Art nouveau transforme tout objet en objet d’art, chaque détail devient partie d’un tout, qui ressemble à un organisme vivant.

Riabouchinski vécut dans cette maison jusqu’à son départ pour l’Italie lors de la révolution bolchevique. Après la révolution le bâtiment sera nationalisé. En 1918, il est dévolu aux services de visas et de passeports. En 1919, il devient le siège des Editions nationales de l’URSS. Il abrite à partir de 1923 l’Institut de psychanalyse et en 1926, la Société d’échanges culturels internationaux.

En 1931, l’hôtel est attribué à Maxime Gorki (les intérieurs ont, à cette époque, été modifiés et les meubles changés). Lorsque Gorki emménage dans cette maison il ne lui reste que 5 ans à vivre et sa carrière d’écrivain est sur le déclin. On y trouve cependant exposés, de nombreuses photos de l’auteur en compagnie de fonctionnaires ambitieux, son chapeau, son manteau et sa canne, ainsi que sa collection de sculptures orientales, de nombreuses lettres et des livres, dont quelques premières éditions.

En 1932, une rencontre mémorable entre Staline et les écrivains socialistes a lieu dans la salle à manger, c’est là que le terme de « réalisme socialiste » est inventé. Depuis 1936, c’est le musée Gorki. La femme de Gorki, bien plus jeune que lui, habitera le premier étage de la maison jusque dans les années 1970.

 

 

ScreenHunter_02_Jul

ScreenHunter_03_Jul

ScreenHunter_04_Jul

ScreenHunter_05_Jul

Maison_Gorki_1

DSC_0279

Maison_Gorki_2

Maison_Gorki_3

Maison_Gorki_4

Maison_Gorki_5

Maison_Gorki_6

 

ScreenHunter_06_Jul

IMG_1457

2477816123_23067e4949

2477819947_9daa080cd7

gorki2

Maison_Gorki_7

Maison_Gorki_8

Maison_Gorki_9

Maison_Gorki_10

Maison_Gorki_11

Maison_Gorki_12

Maison_Gorki_13

DSC_0273

2478622146_3211130f8f

2477818289_47f8d21174

2477807679_db76d72fe2

2477809623_bc6e81360b

gorki7

gorki1_bis

2477805869_d777f97cbd

Maison_Gorki_14

ScreenHunter_07_Jul

2477814541_8bf6819112

Musee_Gorki

 

 

Procurez vous des ouvrages de Maxime Gorki

  

 LOCALISATION DE LA MAISON :