Enfance
Celui que Staline érigea plus tard en pilier du pouvoir soviétique vivait en exil lorsqu’il rédigea, entre 1913 et 1920, sa grande trilogie autobiographique. Enfance, qui en constitue le premier volet, débute à la mort de son père (son premier souvenir), pour s’achever avec la mort de sa mère : il a douze ans. Évoquant par endroits Oliver Twist ou David Copperfield, Gorki décrit pourtant une misère bien plus morale que matérielle. Terrible réquisitoire contre la violence, ce récit âpre et sauvage est baigné par une mélancolie profonde. Confronté à la folie, à la sauvagerie brutale et destructrice de ses proches, l’enfant se réfugie auprès de sa grand-mère, personnage haut en couleur dont l’affection le sauve. Ses relations, également, avec son ami l’aveugle, puis le Juif, illuminent et adoucissent avec bonheur un climat autrement irrespirable, soulageant la si vive tension de ce texte ténébreux, bien éloigné de tous les clichés sur l’enfance ou la misère.
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Les Vagabonds
Les trois nouvelles dans `Vagabonds’ donnent une image terrible de la Russie au début du 20ème siècle par l’intermédiaire de ses bas-fonds : mendiants, vagabonds, journaliers ou petite criminalité; en un mot, par tous les marginaux qui luttent journellement contre la faim.
Dans `Tchelkache’, un malfaiteur cynique rencontre un pauvre paysan à la recherche d’argent `pour être vraiment un homme’. Le malfaiteur fait la noce après chaque coup, alors que le paysan veut enfouir l’argent dans la terre. Le petit criminel ne connaît qu’un évangile : `Sois ton seul maitre’.
Dans `Mon Compagnon’, un débardeur rencontre un vagabond, qui prétend être un prince géorgien perdu. Ensemble, ils font la route vers le pays d’origine de ce dernier, en cherchant du travail comme journaliers.
Ce retour est une véritable traversée de l’enfer peint avec des tableaux dignes d’un J. Bosch: `des individus désirant comme nous du travail, se contentaient de regarder en spectateur la construction des Docks. La ville entière était infestée de hordes moroses, de gens épuisés, de crève-la-faim; les va-nu-pieds y grouillaient comme des loups.’ Ou, `il était effrayant de voir le nombre de gens qui sollicitaient du pain. Tous ces enfants étaient blafards; ce n’était pas du sang qui paraissait circuler sous leur épiderme bleui, mais un liquide immonde, fétide et corrompu. Leurs yeux semblaient demander à leurs parents de quel droit ils les avaient mis au monde.’
Dans `Grand-père Arkhip et Lenka’, deux mendiants essaient de survivre dans un monde sans pitié : `l’aumône qu’on te jette, doit – s’imagine-t-on – ouvrir les portes du paradis.’ `Sais-tu pourquoi les hommes font l’aumône? pour se mettre en paix vis-à-vis de leur conscience.’
Ces nouvelles brillent par leur `philosophie de la vie’, la caractérisation précise des personnages, leur réalisme social sans qu’elles tombent dans un misérabilisme pleurnicheur, et par la force des images (`Ainsi couché, les jambes écartées, il ressemblait à une paire de ciseaux gigantesque.’)
Lecture hautement recommandée.
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Les bas-fonds
Les Estivants – Les Enfants du soleil
Cette pièce pamphlétaire de 1904 critique la partie de l intelligentsia russe qui ne s intéresse qu aux problèmes philosophiques et religieux. Il voudrait lui en substituer une qui soit au service du peuple et qui réfléchisse avant tout aux questions politiques et sociales.
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La Mère
Portrait étonnant et fort d’une femme du peuple. Pélagie, l’humiliée, la sainte, va devenir le symbole à la fois de la misère et du courage. Face aux persécutions et aux déportations, elle relève le drapeau et reprend le combat de son fils, Paul, et de ses compagnons… Un roman dont la dimension féministe, et l’aspect précurseur, ont sans doute été méconnus.
Mon Compagnon
» Je regardais Chakro et pensais : « C’est mon compagnon de route… Je peux le planter là, mais je ne peux pas lui échapper, car son nom est légion… C’est le compagnon de toute ma vie… Il m’accompagnera jusqu’à la tombe ». » Le récit autobiographique et pittoresque d’une amitié inattendue.
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Une confession
Ce court roman (1908), considéré par Gorki comme son œuvre » la plus mûre « . salué à sa sortie par un immense concert d’applaudissements – et de sarcasmes (Lénine condamnera sans appel son » mysticisme « ) -, traduit en français dès 1909 (mais de façon scandaleusement amputée). sera exclu des Œuvres complètes de l’écrivain par la censure marxiste… et condamné, par le fait, à près d’un siècle d’oubli. C’est donc un quasi-inédit que l’on propose aujourd’hui aux lecteurs de langue française. Et un inédit de la meilleure eau… Raconteur-né (comme Jack London à qui il fait si souvent penser), Gorki empoigne dès les premières pages les rênes de sa troïka pour un galop picaresque de sa façon… et fouette. cocher ! … Matvei, son héros – qui lui ressemble comme un frère -. fait ses classes sur la route avec les vagabonds. pratique tous les métiers et finit par trouver la Voie – celle’ d’un christianisme social parfaitement hérétique – au fil de rencontres hautes en couleur. La sainte Russie est vaste, et vaste aussi ce court roman qui contient la terre immense. Cette générosité-là, seuls les Russes de la grande espèce savent la pratiquer. Et peu importe, dès lors. qu’on adhère ou non aux idées de l’écrivain, aussi sympathiques qu’irréalistes. Il nous suffit daller avec lui sur ces chemins perdus semés d’embûches et de merveilles, qui finissent par rejoindre ceux des Mille et Une Nuits. Marx se perdra en cours de route, et Jésus lui-même… mais nous nous y retrouvons. Et c’est ainsi que Gorki est grand.
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En gagnant mon pain
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Thomas Gordeïev
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