Biographie de Pablo Neruda.
« Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette ».
Neftali Ricardo Reyes est né en 1904, à Parral (Chili). Il est le fils d’un cheminot et d’une institutrice qui meurt deux mois après sa naissance. Le futur poète passe son enfance à Temuco, en Auracanie, près d’une vaste forêt. C’est là qu’en 1917, il publie son premier article dans le journal local. L’année suivante paraissent ses premières poésies qu’il signera Pablo Neruda à partir de 1920. Ce pseudonyme deviendra son nom légal en 1946. Il l’a choisi en hommage au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891).
En 1921 Il s’installe à Santiago où il suit, à l’Institut pédagogique, les cours de préparation au professorat de français. Il publie régulièrement des poèmes ainsi que des articles de critique littéraire pour Claridad. En juin 1924, son premier chef-d’œuvre, « Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée » est publié par les Éditions Nascimento (Santiago).
Très tôt reconnu, il abandonne ses études pour se consacrer à la littérature, avec un penchant marqué pour l’avant-garde de l’époque, André Breton et ses précurseurs : William Blake, Rimbaud, Lautréamont. Ne bénéficiant pas des revenus qui lui permettraient, comme tout littérateur qui se respecte, de vivre en rentier, il entre dans la « carrière », comme on dit encore à cette époque où la langue internationale est le français, où Neruda excelle.
En 1927, il est nommé consul ad honorem à Rangoon, Birmanie, puis en 1928 consul à Colombo, Ceylan. En 1929 il assiste au Congrès panindien de Calcutta. L’année suivante, il est consul à Batavia (Java), puis à Singapour. En 1932, il retourne au Chili.
Avec Lorca, à travers lui, Neruda établit un pont avec toute la jeune poésie espagnole. Un poste à Barcelone en 1934 puis à Madrid en 1935, le lie durablement avec cette génération. Il reçoit « l’hommage des poètes espagnols », fonde la revue de poésie Caballo Verde, qui publie des poètes des deux continents. C’est là qu’il rencontre Délia, sa deuxième femme, et Rafael Alberti leur trouve à Madrid la fameuse « maison des fleurs », celle dont il refusera de parler à cause du « sang dans les rues ». La guerre civile éclate, en effet, l’année suivante. Sa vie bascule. Lorca est assassiné. Neruda écrit alors le fameux « J’explique certaines choses » et « le Chant aux mères des miliciens morts », qui figureront dans « Espagne au coeur », recueil qui sera une des parties de la troisième et dernière « Résidence sur la terre ». Ses écrits n’étant pas très diplomatiques, et il est renvoyé.
En 1936, il est relevé de ses fonctions consulaires. Pablo Neruda se rend à Valence, puis à Paris, où il fonde, avec César Vallejo le Groupe hispano-américain d’Aide à l’Espagne. En 1939, Neruda est nommé consul à Paris, chargé de l’immigration au Chili des réfugiés espagnols. Il passe par Montevideo où il assiste au Congrès international des Démocraties, comme délégué de l’Alliance des Intellectuels chiliens.
En 1940, il est de retour au Chili, où il commence « Le chant général ». Il voyage ensuite au Mexique, à Cuba, en Colombie… En 1945, Pablo Neruda est élu sénateur des provinces minières du Nord (Tarapaca et Antofagasta), peu après il adhère au Parti communiste. Il écrit « les Hauteurs de Machu-Picchu ». En 1947, ses œuvres sont censurées. L’année suivante après son discours « J’accuse », il est déchu de son mandat de sénateur et poursuivi. Il passe dans la clandestinité et fuit le pays en passant la cordillère par les régions australes.
En 1949, il séjourne à Paris, à Moscou et dans divers pays communistes. Il assiste au Congrès latino-américain des Partisans de la Paix, à Mexico, mais, malade, il doit rester plusieurs mois alité. Plusieurs pays organisent des soirées en son honneur et éditent ses poèmes. Pablo Neruda continue ses voyages, il retourne à Paris, se rend en Inde où il rencontre Nehru… Il reçoit, avec Picasso et d’autres artistes, le Prix international de la Paix pour son poème « Que Réveille le bûcheron« . Ses œuvres sont traduites dans de très nombreuses langues. En 1950, il voyage dans le bloc soviétique puis se rend de Mongolie en Chine… il tient le rôle de personnage représentatif du communisme mondial. Préoccupé par la question sociale au Chili, où les méfaits du capitalisme sont criants, il ne prête pas attention à la terreur stalinienne.
En 1952, il est de retour au Chili après l’annulation du mandat d’arrêt lancé contre lui en 1948. En 1954, son cinquantième anniversaire est l’occasion d’un hommage particulier. Il continue à voyager dans le monde entier. En 1959, Pablo Neruda commence à construire, à Valparaiso, sa maison « La Sebastiana » où il s’installe en 1962.
En 1969, il est désigné par le Parti communiste comme candidat à la présidentielle. Avec la mise en place de l’Unité populaire (1970), négociée avec le parti socialiste, il s’efface devant Salvador Allende, qu ‘il soutient. Pablo Neruda est nommé ambassadeur à Paris par le nouveau président.
En 1971 Neruda reçoit le prix Nobel de Littérature et se rend à New-York pour dénoncer le blocus organisé par les États-Unis visant à mettre en difficulté le gouvernement de gauche.
Le poète est mis en résidence surveillée par les putschistes du 11 septembre 1973. Il meurt 12 jours plus tard, officiellement d’un cancer. Ses maisons de Santiago et d’Isla Negra, sont plusieurs fois perquisitionnées et saccagées. Ses obsèques sont l’occasion d’une grande manifestation d’opposition à la junte qui vient de prendre le pouvoir, des chants jaillissent de la foule, témoignant, par-delà la mort, du pouvoir subversif de la poésie.
En 1974, l’autobiographie de Neruda : « Confieso que he vivido » (Je confesse que j’ai vécu), paraît à titre posthume.
La Isla Negra sa maison.
A 100 Km de Valparaiso, Isla Negra n’a d’île que le nom, il s’agit en fait d’une petite colline boisée dominant la plage.
Pablo Neruda acheta en 1938 une ruine, qu’il retapa et agrandit au fil du temps pour en faire cette merveilleuse maison. Entièrement de granit et de bois, la maison est largement ouverte vers la mer par de nombreuses baies vitrées.
Du haut de la colline la vue est imprenable sur la plage et l’Océan Pacifique. « Cette maison est mon bateau ancré sur terre ».
Pablo Neruda est resté fidèle à son principe architectural favori (tout comme dans sa maison « la Sebastiana » à Valparaiso) il ne bâtit pas « une » maison mais un puzzle d’habitations séparées par des petites portes, des escaliers, des sentiers caillouteux…
Les pièces sont plutôt exiguës, les escaliers étroits, les fenêtres immenses sur la mer… Chez Neruda, on n’entre pas, on embarque !
On y trouve une exceptionnelle collection d’objets insolites, venus du monde entier. Un inventaire à la Prévert, mêlant humour et poésie. De magnifiques figures de proue, des coquillages, des statuettes, des maquettes de bateaux, des instruments nautiques, des carafes colorées, des cartes postales… Dans la cour, face à la mer, un joli bateau de pêche… Et, côté terre, une locomotive à vapeur…
Pablo Neruda a vécu ici les dernières années de sa vie auprès de sa dernière épouse et muse, Matilde Urrutia. Cette maison est une véritable caverne d’Ali Baba, un capharnaüm qui ferait le délice des enfants. « Dans ma maison, sont réunis des jouets petits et grands, sans lesquels je ne pourrais pas vivre », s’amusait à raconter le poète, montrant les multiples objets qu’il collectionnait d’un air enjoué, comme s’il s’excusait de tant de candeur. « L’enfant qui ne joue pas n’est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas perd pour toujours l’enfant qui vivait en lui. (…) J’ai construit ma maison comme un divertissement et je joue dedans du matin au soir ».
Conformément à ses voeux, Pablo Neruda est enterré dans le jardin de sa maison, face à l’océan, aux côtés de sa dernière épouse Matilde.
De nos jours cette maison est devenu un musée et est admirablement conservée.
Mort de Pablo Neruda, un assassinat ?
Procurez vous des ouvrages de Pablo Neruda
LOCALISATION DE LA MAISON :
Pas trop tôt ! (mrgreen)
D’habitude j’ai un peu de mal avec les écrivains sud-Américains mais il se trouve que j’ai un recueil de poèmes de Pablo Neruda que j’apprécie beaucoup. De plus le personnage était sympathique.
Sa maison me plaît beaucoup et son attitude philosophique vis à vis des jouets aussi. (D’ailleurs tout est jouet en fin de compte, même une Harley, même une Ferrari et même le pouvoir hélas)
Tu me donnes envie de le relire tiens…
Vivement dans deux mois pour ton prochain billet ! 😉
Au retour de vacances pluvieuses, voici un paysage et une demeure qui me donnent plein de soleil dans les yeux!
Ah, au fait, il faudrait aussi que je me mette sérieusement à cet auteur que je connais si peu..
C’est vraiment un lieu merveilleux à découvrir je pense ! Tout à fait le genre d’habitat qui me conviendrait ! Faut que je me mette à écrire tiens ! Comme Fantasio, vivement le 18 octobre pour ton prochain billet !
😉 😉 😉
Serait ce une invitation cachée à plus de productivité ??? 🙂 🙂
Oui 😉
Blogger plus pour gagner plus !
Aux bienheureux qui jettent l’ancre sur cet invraisemblable ilôt niché sur l’océan de la Toile
Aux vagabonds qui hantent ce lieu hors du temps, croisant les fantômes d’écrivains qui reprennent vie (celui de Victor Hugo est d’ailleurs un sacré luron)
Aux rêveurs qui se perdent dans ces jardins qui jamais ne défleurissent
Aux amateurs de littérature et à ceux qui le deviendront grâce à ces visites parfois étonnantes, toujours passionnantes
Laisserons-nous l’indolence de pfck égrenner tous les deux mois ses perles de culture ?
NON !
Levons-nous tous, les hantés de cette terre, et réclamons toujours plus, encore plus ! Du rhum ! Euh, pardon… des maisons ! des jardins ! des photos !
Voilà ce que c’est de produire de la qualité…
Pétition Contre la Feinéantise Karactérisée
Mais que vois je ???
Même Red ici pour me forcer la main …
Foi de pfck je ne dirais que 4 mots :
Pitié Fuyons Cette Kabbale (mrgreen)
Il n’y a rien aujourd’hui ?
(Smiley qui sifflote)
Hem !
Ah là là que d’attente encore…
Pour s’occuper pendant que d’autres musardent 🙂 voici un lien pour un des plus beaux poèmes de Neruda, Me gustas, en espagnol et traduit en français, puis lu par l’auteur.
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2007/11/pablo-nerudame-.html
Pour les fervents lecteurs de Neruda, un recueil inédit vient d’être découvert 🙂
Neruda possédait une bibliothèque de 5000 livres glanés à travers le monde par ses activités d’ambassadeurs. Le film le Facteur est assez bien.
Je recommande J’avoue que j’ai vécu.