Biographie de Samuel Coleridge
« L’essence de l’humour est la sensibilité. »
Samuel Taylor Coleridge est né à Ottery St Mary dans le Devon en Angleterre le 21 octobre 1772. Il est le plus jeune des treize enfants du pasteur John Coleridge, qui exerce également à Ottery Saint Mary la fonction de maître d’école. Le jeune Samuel est un enfant délicat, d’un caractère à la fois impulsif et renfermé. Petit dernier choyé par ses parents, il doit subir la jalousie de certains de ses frères. Suite à une dispute avec l’un d’eux, il s’enfuit de la maison, à l’âge de cinq ou six ans, et passe la nuit dehors. On le retrouve transi le lendemain. Il trouve également refuge à la bibliothèque locale, ce qui lui permet de découvrir très tôt sa passion pour la littérature.
Il fait ses premières études à l’école que dirige son père, mais il n’a pas encore dix ans que celui-ci décède, laissant sa famille dans une situation très précaire. Il est alors hébergé quelques semaines à Londres chez un oncle, puis est admis à Christ’s Hospital, pension de bienfaisance de Londres, fondée au XVIe siècle, destinée spécialement aux orphelins, et connue pour sa discipline sévère et sa nourriture médiocre. Entouré de ces vieux murs et souffrant de la nostalgie de la maison maternelle, la vie lui serait insupportable sans quelques camarades sympathiques, tel Charles Lamb avec qui il se lie d’une fervente amitié. De plus il est rarement autorisé à rejoindre la maison familiale durant les vacances, les relations avec sa mère étant extrêmement difficiles, tandis qu’il idéalise son défunt père. Ce manque d’affection durant son enfance le marquera profondément à l’âge adulte.
En 1791, âgé de 18 ans, il obtient, venant de Christ’s Hospital, une place gratuite à Jesus College, à l’université de Cambridge. Il y fait la connaissance de mouvements politiques et religieux radicaux, et commence à abuser de l’alcool et du laudanum pour calmer ses troubles psychiques. Toutefois, en 1792, il obtient une médaille d’or (Browne Gold Medal) en prix de la meilleure ode grecque. Mais malgré son intérêt pour l’antiquité en général, et la langue grecque en particulier, son tempérament enthousiaste l’entraîne vers d’autres voies. C’est la grande époque de la Révolution française, et il est conquis par la mystique révolutionnaire. Il n’est pas le seul, et les événements que connaît alors la France enflamment les cœurs de beaucoup de ces étudiants.
Cependant ses ressources sont modestes, et les dettes s’accumulent. Aussi un jour, par souci d’argent ou pour un problème de cœur, écoutant son démon familier, il s’enfuit brusquement de Cambridge, sans prévenir personne. Il se rend à Londres, et s’engage dans un régiment de dragons sous un nom d’emprunt : Silas Titus Comberbach. Un officier, s’étant aperçu par hasard que cette recrue avait une excellente connaissance du latin, le prend comme ordonnance, et l’amène régulièrement en ville avec lui. Au bout de quelque temps, il est reconnu, et ses amis et ses frères parviennent à le faire rayer de l’armée et accepter de nouveau à Cambridge, bien qu’il n’ait jusqu’alors obtenu aucun diplôme.
Dans le courant de 1794, il fait connaissance avec le poète Robert Southey, et sent s’éveiller en lui la vocation de poète. Les deux jeunes gens deviennent amis, et, en septembre 1794, décident d’écrire en collaboration un drame historique intitulé la Chute de Robespierre, qui restera inachevé. En 1795, il ouvre un cours public sur l’histoire de la Révolution française, dont il est toujours enthousiaste ; il a même un instant l’idée d’aller, avec Southey et un autre poète nommé Robert Lowell, établir chez les Illinois, en Amérique, une république égalitaire utopique, qu’il appelle pantisocratie ; ce projet avorte rapidement.
En 1795, Coleridge et Southey épousent chacun l’une des sœurs Emma et Sarah Fricker. Le mariage de Coleridge, décidé uniquement par les contraintes sociales, ne sera pas heureux. Peu à peu il se distanciera de sa femme, sans que cela n’aboutisse toutefois à un divorce formel, Sarah Fricker y étant fermement opposée. En 1796, Southey part pour le Portugal avec son oncle. Coleridge décide de rester en Grande-Bretagne, à Bristol. Il publie alors son premier recueil de poèmes « Poems on various subjects ». Il se met aussi à écrire des « Adresses au peuple », discours qui font assez de bruit; puis il rédige le « Watchman » (la Sentinelle), recueil hebdomadaire qui cesse de paraître dès le 10ème numéro. Abandonnant alors la politique pour la poésie, il fait paraître sa tragédie « Osorio », composée sur les conseils de Sheridan, et rebaptisée plus tard « Le Remords ».
La même année, il rencontre William Wordsworth, avec qui il se lie d’une amitié telle que, lorsqu’il s’installe à Nether Stowey, dans le comté de Somerset, Wordsworth et sa sœur Dorothy viennent habiter près de lui, à Axfolden. La compagnie de Wordsworth, les promenades quotidiennes et les longues conversations de deux amis sont pour Coleridge un stimulant précieux, et c’est sans doute la période la plus féconde de sa vie. En 1798, ils publient un recueil commun, « Lyrical Ballads » (Ballades lyriques), manifeste de la poésie romantique, qui contient la première version du célèbre poème « Rime of the Ancient mariner » (La Complainte du vieux marin). Vers cette époque, il se met à l’opium, toujours pour calmer la douleur de ses maladies et de ses troubles psychiques. C’est après un rêve dû à l’opium qu’il écrit le poème « Kubla Khan ». C’est également durant ces années qu’il commence son grand poème médiéval, « Christabel », et rédige « Frost at Midnight » (Gel à minuit) et « The Nightingale » (Le rossignol).
Deux admirateurs, les frères Josiah et Thomas Wedgewood lui offrent une subvention de 150 livres par an, qu’il accepte et qui lui permet d’aller en Allemagne avec Wordsworth à l’automne 1798. Là, pendant 14 mois, il s’intéresse à la pensée de Kant, de Schlegel, de Lessing et de Schelling. Il puise dans les chants des Minnesänger et dans les légendes locales le sujet de nouvelles œuvres. Il apprend l’allemand en autodidacte, et traduit le poème « Wallenstein » de Schiller à son retour en Grande-Bretagne, en 1800. Il va s’installer alors à Greta Hall, dans le Pays des Lacs (Lake District of Cumberland), pour être près de Grasmere, où vit Wordsworth. C’est cette circonstance qui leur vaut, avec Southey, d’être appelés les Poètes des Lacs (the Lake Poets) ou les Lakistes. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Sara Hutchinson, sœur de la future femme de William Wordsworth, qui sera le grand amour de sa vie sans que cette passion se concrétise jamais, les sentiments de Sara Hutchinson à l’égard de Coleridge demeurant ambigus. Coleridge lui consacrera de nombreux poèmes, dont le plus célèbre est « Love ».
Depuis son retour d’Allemagne, ses opinions ont changé de façon surprenante ; en politique, de jacobin, il est devenu royaliste ; en religion, de rationaliste, il est devenu un fervent croyant du mystère de la Trinité. Aussi, il combat avec violence la Révolution française qu’il avait d’abord exaltée. Pour vivre, il accepte la direction du Morning-Post, dans les colonnes duquel il soutient la politique du gouvernement. Il en est récompensé par le titre de poète de la Cour et par une riche pension. Il passe neuf mois à Malte en tant que secrétaire du gouverneur, sir Alexander Ball, puis il visite l’Italie avant de revenir à Londres et à Bristol reprendre le métier d’homme de lettres et de conférencier. Une conférence sur Shakespeare est particulièrement remarquée.
En 1816, alors que sa dépendance à l’opium a encore augmenté, il devient pensionnaire du médecin James Gillman, à Highgate dans la banlieue nord de Londres. C’est là qu’il achèvera sa grande œuvre de prose, « la Biographia Literaria », mi-biographie, mi-recueil de critique littéraire. Il y meurt en 1834.
Coleridge Cottage à Somerset.
Coleridge Cottage est une maison située à Nether Stowey, Somerset en Angleterre. Elle a été construite au 17ème siècle et comprenait alors un salon, une cuisine et une salle de service au rez de chaussée, ainsi que trois chambres à l’étage.
En décembre 1796 le jeune Samuel Taylor Coleridge, son épouse Sarah et son fils David s’y installent pour trois ans.
C’est en ce lieu que le poète à écrit bon nombre de ses oeuvres dont « Fears in Solitude » (Craintes dans la solitude), « This Lime Tree Bower My Prison », « The Nightingale » (le rossignol), « Frost at Midnight » (Gel à minuit), la première partie de « Christabel » and « The Rime of the Ancient Mariner » (La complainte du vieux marin, ou le dit du vieux marin), avec de nombreuses références aux lieux alentours.
C’est également ici, qu’il a ébauché dans son sommeil suite à un abus d’opium, le poème qui deviendra « Kubla Khan ».
En 1797, William Wordsworth et sa soeur Dorothy s’installent à Alfoxden à Stowey et passent le plus clair de leur temps chez Coleridge et son épouse. A la même époque, Charles Lamb est aussi un visiteur assidu.
Coleridge et Wordsworth étaient de fervents adeptes de sorties nocturnes, emportant avec eux des carnets et des tabourets pliants, ils parcouraient la campagne. C’est d’ailleurs à la suite d’une de ces sorties nocturnes, que Coleridge ébaucha ce qui allait devenir « The Rime of the Ancient Mariner » (La complainte du vieux marin ).
Ce comportement plutôt excentrique, les accents nordiques des ces « étrangers » ainsi que le teint foncé de Dorothy Wordsworth contribuèrent à l’apparition d’une rumeur : ils étaient des espions français ! Le ministère de l’intérieur de l’époque dut envoyer des hommes sur place pour en vérifier le bien fondé, et ils ne purent que conclure qu’en fait le petit groupe n’était pas constitué de fanatiques, mais de poètes bien inoffensifs.
Au 19ème siècle la maison a subi d’importants remaniements, et seules quatre pièces ont conservé leur état d’origine.
Ayant été utilisée pendant de nombreuses années en tant qu’auberge sous le nom de « Moore’s Coleridge Cottage Inn », la maison a été rachetéé par l’Etat en 1908 et l’année suivante inscrite au National Trust. En mai 1998, à la suite d’un appel de fonds de £25,000, les « Amis de Coleridge » et le National Trust, ont pu restaurer deux pièces à l’étage et ainsi les proposer à la visite.
De nombreux souvenirs du poète sont exposés, son encrier massif, des mèches de ses cheveux ainsi qu’une correspondance bien fournie.
Des représentations du village du Devon où il est né, l’église où il s’est marié,la pièce où il est mort sont également visibles, ainsi que des images de ses connaissances, notamment Dorothy et William Wordsworth.
Le petit jardin à l’arrière de la maison possède toujours le laurier planté par Coleridge mais le tilleul mentionné dans un de ses poèmes a depuis longtemps disparu.
Procurez vous des ouvrages de Samuel Coleridge
LOCALISATION DE LA MAISON :
Encore de l’excellent travail Fred ! Auteur inconnu, que tu m’as donné envie de connaître. Et sa maison est tout ce que j’aime : une maison anglaise du XIX !
Alors que du bonheur !
Mais peut être connaissais tu « le dit du vieux marin » sans le savoir au travers d’une chanson d’Iron Maiden
http://www.ironmaidencommentary.com/?url=album05_powerslave/rime/rime00&lang=fra&link=albums
Il faut cliquer sur Chanson :
‘Rime Of The Ancient Mariner’
Bonne découverte si non et comme quoi tout mène à tout 🙂
quel éclectisme dans la culture 🙂
mais le bon vieux poème me plait mieux que l’interprétation d’Iron !
Peut être préfères tu le poème Kubla Khan et ses effluves d’opium 🙂
http://www.youtube.com/watch?v=4fhhrGCMxm0&feature=related SaveFrom.net
In Xanadu did Kubla Khan
A stately pleasure-dome decree:
Where Alph, the sacred river, ran
Through caverns measureless to man
Down to a sunless sea.
So twice five miles of fertile ground
With walls and towers were girdled round:
And there were gardens bright with sinuous rills,
Where blossomed many an incense-bearing tree;
And here were forests ancient as the hills,
Enfolding sunny spots of greenery.
But oh! that deep romantic chasm which slanted
Down the green hill athwart a cedarn cover!
A savage place! as holy and enchanted
As e’er beneath a waning moon was haunted
By woman wailing for her demon-lover!
And from this chasm, with ceaseless turmoil seething,
As if this earth in fast thick pants were breathing,
A mighty fountain momently was forced:
Amid whose swift half-intermitted burst
Huge fragments vaulted like rebounding hail,
Or chaffy grain beneath the thresher’s flail:
And ‘mid these dancing rocks at once and ever
It flung up momently the sacred river.
Five miles meandering with a mazy motion
Through wood and dale the sacred river ran,
Then reached the caverns measureless to man,
And sank in tumult to a lifeless ocean:
And ‘mid this tumult Kubla heard from far
Ancestral voices prophesying war!
The shadow of the dome of pleasure
Floated midway on the waves;
Where was heard the mingled measure
From the fountain and the caves.
It was a miracle of rare device,
A sunny pleasure-dome with caves of ice!
A damsel with a dulcimer
In a vision once I saw:
It was an Abyssinian maid,
And on her dulcimer she played,
Singing of Mount Abora.
Could I revive within me
Her symphony and song,
To such a deep delight ‘twould win me
That with music loud and long
I would build that dome in air,
That sunny dome! those caves of ice!
And all who heard should see them there,
And all should cry, Beware! Beware!
His flashing eyes, his floating hair!
Weave a circle round him thrice,
And close your eyes with holy dread,
For he on honey-dew hath fed
And drunk the milk of Paradise.
Bon… encore un gars que je ne connais pas. Tes merveilleux billets me montrent combien mon inculture est grande !
Ce monsieur changea manifestement radicalement d’avis, un peu comme nos chers et inconséquents « nouveaux » philosophes. Je pense notamment à cette andouille d’André Glucksmann qui passa du maoïsme le plus dur au néo-libéralisme le plus extrême.
Bien vu LF ! 🙂
Quel blog au thème original – et bien traité ! GENIAL !
Merci et bonne visite 🙂