Biographie de Mark Twain.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».
Samuel Langhorne Clemens naît le 30 novembre 1835 à Florida, dans le Missouri. Il est le troisième des cinq enfants qu’auront ses parents, Jane Lampton, sa mère, originaire du Kentucky, et John Marshall Clemens, son père venu lui de Virginie. En 1839, la famille Clemens s’installe à Hannibal, où celui-ci, juriste de formation exerce les fonctions de juge. Toujours à l’affût du moindre profit, il se fait également commerçant, spéculant à l’occasion. Ces notables locaux, qui possèdent quelques esclaves, rêvent surtout à une hypothétique fortune. L’enfance du petit Samuel, qui dispose malgré tout d’une grande liberté, est heureuse. Plus tard, il s’inspirera d’ailleurs de ses souvenirs à d’Hannibal, une petite ville de mille habitants située sur la rive droite du Mississipi, pour créer l’univers de ses deux héros favoris.
En 1847 cependant, à la mort de John Clemens, les enfants doivent travailler afin de subvenir aux besoins de la famille. A l’âge de douze ans, Samuel est ainsi contraint de cesser ses études. Celles-ci lui permettent néanmoins de devenir apprenti typographe dans l’atelier de Joseph Ament, qui imprime à l’époque le Missouri Courier. En 1851, il s’emploie ensuite auprès de son frère aîné, Orion, qui vient de faire l’acquisition du Hannibal Western Union. C’est dans cette feuille locale que Samuel Clemens publie ses premiers textes dès l’année suivante. Bientôt, ces petits articles comiques paraissent également dans le Philadelphia’s Saturday Evening Post. L’adolescent quitte Hannibal en 1853. Il s’emploie alors comme imprimeur auprès de divers journaux à New York et à Philadelphie. De retour dans le Midwest l’année suivante, Samuel Clemens mène une existence itinérante le long du fleuve, s’installant quelques temps dans une ville du bord du Mississipi, avant de repartir peu après. Il se fixe néanmoins quelques temps dans l’Iowa, à Keokuk, toujours auprès d’Orion qui a fondé le Keokuk Journal.
En 1857, Samuel Clemens est à la Nouvelle Orléans. Il s’embarque sur un navire à vapeur qui doit remonter le fleuve et fait ainsi la rencontre d’Horace Bixby, le pilote du steamer. Le jeune homme se montre alors persuasif et parvient à décider celui-ci, moyennant la coquette somme de 500 $, de le prendre à bord en apprentissage. Cette période durera deux années, à la suite desquelles, Samuel Clemens obtient enfin son brevet de pilote. Il réalise ainsi un rêve d’enfant en voyageant à bord d’un bateau à aube sur le Mississipi. Avec la Guerre de Sécession cependant, la navigation sur le fleuve est bientôt suspendue, à partir du mois d’avril 1861. Samuel Clemens rejoint alors un groupe de volontaires de l’armée confédérée, qui se fait appelé les Marion Rangers. Après deux semaines de combat cependant, cette unité de cavalerie est dissoute.
L’été suivant, il suit encore son frère Orion au Nevada, qui vient d’être nommé par le Président Abraham Lincoln, secrétaire du gouverneur du Territoire. En sa compagnie, Samuel Clemens s’installe à Carson City, une ville envahit à l’époque par les chercheurs d’or. Il s’essaie quelques temps à la prospection, sans grand résultat, puis se fait négociant en bois. Au mois de septembre 1862 enfin, Clemens accepte la proposition du Viriginia City Territorial Entreprise, à qui il a déjà livré quelques textes par le passé. Le journal l’emploie pour 25 $ de la semaine, en tant que reporter. Après dix-sept mois de collaboration, Samuel Clemens part pour San Francisco où il passera les quatre années qui suivent au service des journaux locaux : le Golden Era, The Californian… Devenu grâce à sa plume alerte une des principales figures du journalisme dans la ville, The Sacramento Union l’envoie quatre mois en reportage à Hawaï (à l’époque, les Îles Sandwich).
De retour aux Etats-Unis, Samuel Clemens organise une lecture publique de ses souvenirs de voyage. Devant le succès de cette initiative, il se décide ensuite à effectuer une tournée de conférences en Californie ainsi que dans le Nevada. Le périple dure deux mois entier pendant lequel il crée son image publique, celle de l’humoriste de l’Ouest. A New York dès la fin de l’année 1866, Clemens devient ensuite le correspondant du San Francisco Alta Journal. L’année suivante, il publie son premier ouvrage, un recueil de contes intitulé « The Celebrated Jumping Frog of Calaveras County, and other sketches ». Samuel Clemens prend alors le pseudonyme de Mark Twain, que lui a suggéré son expérience de pilote sur le Mississipi. Ce nom de plume est en fait une expression employée par les marins lorsqu’ils sondent le fleuve pour trouver un chenal au bateau. » Mark Twain ! » (deux longueurs), une mesure de profondeur qui signale au pilote du steamer que les eaux sont encore navigables. En tournée dans l’Iowa et le Missouri, Samuel Clemens est surpris par le succès de sa première œuvre auprès du public, son « misérable conte au fond des bois » comme il l’appellera bien souvent.
A Washington, la capitale fédérale, il est pendant quelques temps le secrétaire du sénateur William Stewart. De retour à New York, Clemens fait la rencontre d’Olivia Langdon, fille d’une famille de la côte Est enrichit dans l’exploitation de gisements de charbon. Il repart en 1868 pour un nouveau et toujours aussi lucratif voyage de conférences en Californie et dans le Nevada. Au mois de juillet 1869, Mark Twain publie « Innocents Abroad » (Le Voyage des Innocents), une œuvre qui raconte un de ses voyages en Europe et en Terre Sainte avec quelques compagnons. Il s’agit de son premier grand succès. En 1870, l’écrivain épouse enfin Olivia Langdon, avec laquelle il était lié par une promesse solennelle. La jeune femme, de dix ans sa cadette, est de santé très fragile. Elle sera toujours une lectrice, une critique et même une correctrice, très écoutée de son mari, qui lui dédiera notamment son « Tom Sawyer ». Le couple s’installe d’abord à Buffalo, près de New York. Et Mark Twain prend à cette époque des parts dans le journal local, le Buffalo Express, pour lequel il écrit également. Puis en 1871, les Clemens se fixent à Hartford, dans le Connecticut. Après l’achat d’un terrain à Nook Farm, Twain fait construire son imposante et dispendieuse maison, dans laquelle ils s’installent enfin en 1874. Celle-ci, qu’il décrit lui-même comme étant « mi cathédrale, mi horloge suisse à coucou », requiert les service de sept à huit employés dans son entretien quotidien. Samuel Clemens et Olivia Langdon y résideront jusqu’en 1888. De leur union, viennent au monde quatre enfants au cours de ces années : un fils prématuré, Langdon, en 1870, qui vivra deux ans, et trois filles, Susan qui naît en 1872, Clara deux années plus tard, et enfin Jean en 1880.
En 1872, Mark Twain fait paraître « Roughing It » (A la dure), le récit de son existence dans le Nevada et en Californie. L’année suivante et en compagnie de son épouse, il effectue un voyage outre-Atlantique. En Angleterre, l’écrivain est ainsi présenté à Lewis Caroll et à Ivan Tourgueniev. A présent fixé à Hartford dans une vie sédentaire, il se consacre tout entier à la littérature. Après « The Gilded Age » (L’Age doré) en 1873, une satire de la première expansion industrielle, paraissent trois années plus tard « The Adventures of Tom Sawyer », une œuvre largement autobiographique qui trouve une suite avec « The Adventures of Huckleberry Finn » en 1885. Entre ces deux récits picaresques, dont Mark Twain ne sait s’il faut les attribuer à la lecture des enfants ou des adultes, il publie également « A Tramp Abroad » (Un vagabond à l’étranger) en 1880, « The Prince and the Pauper » (Le Prince et le Pauvre) deux années plus tard, qui demeure le livre préféré de sa femme et de ses filles. L’année suivante, est édité « Life on the Mississipi » et enfin, en 1889, « A Connecticut Yankee in King Arthur’s Court » (Un Yankee à la cour du roi Arthur), une récit historique sur le mode burlesque. Pendant ces années, Mark Twain poursuit sa carrière de conférencier à travers les États-Unis où cercles, clubs, et autres sociétés littéraires se disputent sa présence. Il voyage et réside aussi longuement en Europe. Les Clemens passent ainsi une année et demi en Angleterre à partir de 1878.
Peu satisfait cependant de la publication de ses derniers textes, l’écrivain fonde en 1884 sa propre maison d’édition. Charles L. Webster & Company fait notamment paraître en 1886 « les mémoires du général Ulysse Grant ». Cependant, quelques années plus tard et après cette bonne opération commerciale, la société connaît des difficultés. De plus, Mark Twain est ruiné par un projet de machine typographique nouvelle, dans lequel il avait beaucoup investi. La famille Clemens quitte alors la maison de Hartford et la vie extravagante qu’elle y menait, et gagne l’Europe. Pendant quelques années, Mark Twain vit à différentes adresses en France, en Allemagne, en Suisse et en Italie.
L’écrivain multiplie également les publications, exploitant ainsi avec « Tom Sawyer Abroad « (Tom Sawyer à travers le monde) en 1894 une veine déjà florissante et qui ne s’est pas encore épuisée. Viennent ensuite « The Tragedy of Pudd’nhead Wilson » (Wilson Wilson Tête-de-mou) deux années plus tard, « The Comedy of those Extraordinary Twins » (Les Jumeaux extraordinaires) en 1895, « Personal Recollections of Joan of Arc » (Souvenirs personnels de Jeanne d’Arc) l’année suivante, « Following the Equator » ainsi que « A Journey around the World » (Le Tour du Monde d’un humoriste) en 1897… Le sujet de ce dernier récit vient à Mark Twain pendant une tournée de conférences qu’il effectue à travers le monde à partir de 1895. A présent en effet, l’écrivain américain est mondialement connu et apprécié.
En 1898 enfin, il parvient à liquider ses dettes. Cependant, à ces problèmes financiers se sont ajoutés des malheurs familiaux. En 1896, sa fille Susy décède d’une méningite. Et les médecins diagnostiquent bientôt à Jean des symptômes épileptiques. Cette dernière passera désormais la fin de sa vie le plus souvent dans des cliniques et des maisons de santé.
En 1900, Mark Twain s’installe à New York, au 14 West de la 10ème rue. Il réside également à Riverdale, en banlieue. Avec ses déboires passés, l’écrivain se préoccupe plus que jamais de la valeur financière de son travail d’écriture. En même temps cependant, il est tiraillé par de plus hautes ambitions, souhaitant ainsi laisser à la postérité des textes plus sérieux. Dans cet esprit, il publie ainsi, (entre autres !) « What is Man ? » (Qu’est-ce que l’Homme ?) en 1906 ou « Letters from the Earth » (Lettre de la Terre) en 1909. Twain s’implique également dans les controverses d’actualité. Il publie dans la presse new-yorkaise des articles contre les missionnaires et l’impérialisme made in U.S, attaquant ainsi la politique américaine en Chine et aux Philippines. C’est aussi le moment des honneurs officiels pour l’illustre écrivain, qui reçoit en 1902 un diplôme honoris causa de l’Université de Yale, avant que l’université du Missouri ne le distingue également l’année suivante. Et en 1907, c’est la prestigieuse institution anglaise d’Oxford qui prend la même initiative. En 1905, Mark Twain est invité à dîner à la Maison Blanche par le président Théodore Roosevelt. La même année, un énorme banquet est donné dans la salle du Delmonico’s à New York pour fêter son soixante-dixième anniversaire.
En 1902, les Clemens ont fait l’acquisition d’une nouvelle habitation à Tarrytown. Cependant l’état de santé d’Olivia se dégrade, ce qui l’oblige à de fréquents séjours de repos dans le Maine voisin. En 1903, le couple s’installe en Italie, dans une villa à Florence, espérant ainsi que le climat méditerranéen sera profitable à Livy. Invalide depuis huit ans, celle-ci décède au mois de juin 1904. Son mari regagne alors New York en compagnie de ses filles. Il loge bientôt au 21, de la 5ème Avenue. En 1906, l’écrivain commence une longue collaboration avec Albert Bigelow Paine, à qui il dicte les dizaines de pages d’une autobiographie. Quelques extraits de celle-ci paraissent dès l’année suivante. En 1908, Mark Twain se fixe dans le Connecticut, après avoir fait l’acquisition d’une villa, baptisée Stormfiel, près de Redding. Il crée dans la région l’Angelfish Club, une institution qui se destine à favoriser l’éducation des jeunes filles. Peu après le mariage de sa fille Clara, Jean décède au mois de décembre 1909, en se noyant dans sa baignoire lors d’une crise d’épilepsie. Peu après, l’écrivain effectue un séjour aux Bermudes, pour des raisons de santé.
Il sent à présent que sa fin est proche. Au printemps suivant, passe la comète de Halley dans le ciel des États-Unis alors que le dernier séjour de l’astre dans la Voie Lactée remonte à 1835, l’année de naissance de l’écrivain. Par le passé, celui-ci avait fait le vœu de l’apercevoir pendant son existence. Suivant ses prédictions, Mark Twain décède le 21 avril 1910, peu après son passage. Dans sa maison de Redding, l’écrivain laisse à la postérité une énorme quantité de manuscrits inédits. Deux jours plus tard, à New York, où il est enterré au cimetière de Woodlawn, une grande procession funéraire lui rend hommage. Ce n’est cependant que dans les années d’après-guerre que l’auteur de « Tom Sawyer » trouvera sa place dans la littérature américaine, grâce notamment aux commentaires élogieux qu’Ernest Hemingway fait alors de son œuvre. Et de nos jours, en souvenir de l’écrivain qui l’a fait connaître au monde entier, la ville d’Hannibal organise chaque année un concours de peinture de palissades…
Sa maison à Hartford.
« Pour nous, notre maison avait un coeur, une âme et des yeux pour nous voir, elle nous approuvait, et avait une profonde sympathie pour nous, elle faisait parti de nous, et nous étions ses confidents, nous y avons vécu en paix sous sa bénédiction ».
Hartford est la capitale du Connecticut. C’est après son mariage avec Olivia Langdon, que Mark Twain s’y installe en 1871. En 1873, ils font appel à un architecte new-yorkais Edward Tuckerman Potter pour réaliser leur maison. Mark Twain et sa famille y passeront leurs plus belles années.
Ce remarquable manoir victorien de 19 pièces, a changé de propriétaires plusieurs fois depuis, le départ de Mark Twain et sa famille en 1891. En 1927, elle a été sauvée par les « amis de Hartford ». Pour la célébration du centenaire de la maison, de nombreux travaux ont été entrepris, la restauration terminée en 1977 a été jugée exemplaire.
Longtemps citée pour sa fantaisie et son apparence particulière, la maison de Mark Twain est maintenant perçue comme inspirée, sophistiquée et pleine de modernité. L’architecte Potter a réussi un mélange entre les briques peintes (réminiscence des travaux de William Butterfield en Angleterre dans les années 1860) et les maisons traditionnelles d’Alsace en France.
La maison de Mark Twain est définie par la variété et l’imprévisibilité de ses éléments. Aucun des niveaux n’est semblable, les pignons, généralement symétriques, ne le sont pas, les ornements extérieurs sont différents, les cheminées se dressent haut vers le ciel, et les briques peintes renforcent ces différences.
Il en va de même pour l’intérieur, conçu par Louis Comfort Tiffany et ses associés, il est exotique et éclectique. L’on voyage beaucoup dans cette maison, l’Afrique du Nord, l’Extrême Orient, les Indes sont représentés.
Outre sa décoration, cette maison comportait de nombreux points de modernité, tel que le système de chauffage par gravité, des conduits de cheminée fendus afin de tenir compte des fenêtres, sept salles de bain et des toilettes munies de chasses d’eau. Mark Twain était particulièrement fier du téléphone, sa maison fut l’une des toutes premières maison individuelle à le posséder.
Procurez vous des ouvrages de Mark Twain
LOCALISATION DE LA MAISON :
Merci pour ces passionnantes visites à travers auteurs et villas (ici de rêve)…
Je suis toujours aussi étonnée par votre fabuleux travail!
Bravo… et merci!
Je vous découvre grâce au blog d’Eric Poindron et je tombe sur une des citations de Mark Twain que je préfère. Je vais revenir et prendre le temps de mieux vous lire.
Merci à vous tous pour vos encouragements !