Biographie de William Wordsworth.
« La poésie est la surabondance spontanée de sentiments puissants; son origine se trouve dans l’émotion dont on a souvenance dans la tranquillité ».
Deuxième d’une famille de cinq enfants, William Wordsworth est le fils de John Wordsworth et d’Ann Cookson. Il naît à Cockermouth, dans l’ancien comté du Cumberland, aujourd’hui le comté de Cumbria.
Sa sœur est la poétesse Dorothy Wordsworth. Son frère aîné, Richard, fut homme de loi, le quatrième, John, veut également devenir poète quand il meurt lors d’un naufrage en 1805, Christopher, le puîné, devient un savant. Leur père est le représentant légal de James Lowther, premier comte de Lonsdale.
À la mort de sa mère en 1778, son père l’envoie à la Hawkshead Grammar School. Son père décède en 1783, laissant un maigre héritage à ses descendants.
Wordsworth entre au St John’s College de Cambridge en 1787. En 1790, il se rend en France et soutient les républicains de la Révolution française. Il obtient son diplôme l’année suivante, sans mention, puis part pour un tour d’Europe incluant les Alpes et l’Italie. Il s’éprend d’une Française, Annette Vallon, avec qui il a un enfant, Caroline, née le 15 décembre 1792 à Orléans. La même année, le manque d’argent le contraint à retourner, seul, en Grande-Bretagne.
Accusé d’être girondin sous la Terreur, il prend ses distances avec le mouvement républicain français ; de plus, la guerre entre la France et la Grande-Bretagne l’empêche de revoir sa femme et sa fille.
C’est en 1793 qu’il publie ses premiers poèmes dans les recueils « An Evening Walk » et « Descriptive Sketches ». Il reçoit un don de £900 de Raisley Calvert en 1795, ce qui lui permet de continuer à écrire et de s’installer avec sa sœur à Racedown. Il rencontre Samuel Taylor Coleridge à Somerset cette même année. Les deux poètes deviennent rapidement des amis proches.
En 1797, Wordsworth et sa sœur Dorothy déménagent pour Somerset, à quelques kilomètres de la maison de Coleridge, à Nether Stowey. Ensemble, ils publient « Lyrical Ballads » (1798), qui s’avère d’importance capitale pour le mouvement romantique en Grande-Bretagne. L’un des poèmes les plus connus de Wordsworth, Tintern Abbey est publié dans ce recueil ainsi que The Rhyme of The Ancient Mariner (Le dit du vieux marin) de Coleridge.
Wordsworth, Dorothy et Coleridge se rendent en Allemagne. Durant l’hiver 1798-1799, Wordsworth vit à Goslar et commence à écrire un poème autobiographique, « The Prelude ». Sa sœur et lui reviennent en Angleterre et s’installent à Grasmere, dans le Lake District, non loin du lieu de résidence de Robert Southey. Wordsworth, Southey et Coleridge deviennent alors les » poètes du Lac » (Lake district poets).
En 1802, Wordsworth se rend en France avec Dorothy pour revoir Annette et Caroline. Il se marie ensuite avec son amie d’enfance, Mary Hutchinson. Dorothy n’apprécie pas ce mariage mais continue à vivre avec le couple. L’année suivante, Mary donne naissance au premier de leurs cinq enfants, John.
Lorsque Napoléon devient Empereur des Français en 1804, les derniers rêves de libéralisme de Wordsworth s’écroulent et il se décrit alors comme conservateur. Il travaille beaucoup cette année-là, ce qui lui permet de terminer « The Prelude » en 1805, mais il n’aura de cesse de l’améliorer et le recueil ne sera publié qu’à titre posthume. Il sera, cette même année, profondément affecté par le décès de son frère John.
En 1807, ses « Poems in Two Volumes » sont publiés, incluant « Ode: Intimations of Immortality from Recollections of Early Childhood ». Pour un temps, Wordsworth et Coleridge se sont éloignés l’un de l’autre en raison de l’addiction de ce dernier à l’opium.
Deux de ses enfants, John et Catherine, meurent en 1812. L’année suivante, il emménage à Rydal Mount, Ambleside, non loin de la propriété de Harriet Martineau, essayiste engagée et militante qui vit seule au milieu de ses moutons et de ses chèvres, c’est là qu »il passera le reste de sa vie. Il publie « The Excursion » en 1814, prévue comme deuxième partie d’une trilogie. La critique moderne souligne que ses œuvres, plus particulièrement celles qu’il écrit au milieu des années 1810, ont perdu en qualité.
Dorothy tombe gravement malade en 1829, ce qui la laisse invalide. En 1835, Wordsworth verse une pension à Annette et Caroline. Le gouvernement lui accorde une pension civile d’un montant de 3 000£ par an en 1842.
À la mort de Robert Southey en 1843, Wordsworth devient le « Poet Laureate ». Lorsque sa fille, Dora, meurt en 1847, il arrête d’écrire momentanément.
Wordsworth meurt en 1850 à Rydal Mount et est enterré à St Oswald’s Church, Grasmere. Mary publie son long poème autobiographique, « The Prelude », plusieurs mois après sa mort.
Wordsworth est le fondateur de la « Literary Society ».
La vie de Wordsworth et de Coleridge, et, en particulier, leur collaboration pour les « Lyrical Ballads », sont au cœur du film Pandaemonium (2000).
Cockermouth sa maison natale.
William Wordsworth est né le 7 avril 1770 dans une superbe maison géorgienne à Cockermouth, maison aujourd’hui appellée « Wordsworth House ».
Construite en 1745 pour le shérif de Cumberland Joshua Lucock, elle fut rachetée en 1761 par Sir James Lowther, le fils de Sir John Lowther qui fut l’architecte de Whitehaven et son port.
John Wordsworth, le père du poète, alors au service de Sir James, fut muté à Cockermouth en 1764 ; en tant qu’agent immobilier, il était logé gratuitement dans cette demeure. En 1766 il épouse Anne Cookson et 5 enfants viennent au monde : Richard (19 Aout 1768), William (7 Avril 1770), Dorothy (25 Decembre 1771), John (4 Decembre 1772) and Christopher (9 Juin 1774). Leur mère décède en 1778 alors que William est âgé de huit ans, c’est à cette période qu’il passe la majeure partie de son temps à Penrith dans la famille de sa mère. Cinq ans plus tard son père meurt à son tour dans cette maison, le 30 décembre 1783, et c’est en 1784 que tous les enfants la quittent pour aller vivre chez des parents.
La maison est restée un logement privé jusque dans les années 1930. En 1937, la bibliothèque de Cockermouth a essayé de réunir la somme nécessaire à l’achat de la maison, mais la compagnie locale de bus l’a doublé, avec l’intention de la démolir et d’ériger à sa place une gare routière. La presse et la radio ont alerté l’opinion publique et de nombreux dons ont permis à la ville de racheter la maison. Celle-ci a été inscrite au National Trust en 1938. Le 3 juin 1939 elle a ouvert ses portes en tant que mémorial de Worsdworth.
En 2003, une dotation de plus d’un million de livres sterling a permis des travaux de grande envergure et de redonner à la maison un cachet 18ème siècle. Le 22 juin 2004 la demeure a réouvert ses portes, elle représente la maison familliale des Wordsworth dans les années 1770. Elle offre une visite animée et participative avec des activités manuelles et costumées. On peut y voir une cuisine du 18ème siècle, les chambres des enfants, le bureau de monsieur Wordsworth ainsi que bien d’autres pièces. Le jardin et sa terrasse surplombant le fleuve Derwent, terrain de jeu favori des enfants Wordsworth, a retrouvé lui aussi sa splendeur du 18ème siècle.
Dove Cottage (1799 – 1808)
Dove Cottage situé à Grasmere fut la maison de William Wordsworth et de sa soeur Dorothy de 1799 à 1808, c’est là qu’il écrivit la plupart de ses poèmes et que sa soeur tint son fameux journal.
Dove Cottage a été construit au tout début du 17ème siècle et pendant près de 170 ans il abrita une auberge appelé « ‘Dove and Olive » (la colombe et l’olive). Cette auberge ferma ses portes en 1793, William et sa soeur y emménagèrent en 1799. En 1802 le poète se maria avec avec Mary Hutchinson, leur trois premiers enfants naquirent dans cette maison : John en 1803, Dora en 1804 et Thomas en 1806. Sara Hutchinson, soeur de Mary ainsi que Thomas de Quincey, grand ami de William y vécurent aussi.
La famille recevait beaucoup de monde, parmi les visiteurs on peut nommer : Walter Scott, Charles et Mary Lamb, Robert Southey et bien évidemment Samuel Taylor Coleridge.
Les nombreuses visites, la famille grandissante, autant de raisons qui firent que la maison devint vite trop petite et en 1808 la famille déménagea pour Allan Bank, toujours à Grasmere.
Comme beaucoup de maisons à Lake District, Dove Cottage est faite de pierres locales avec les murs extérieurs blanchis à la chaux afin d’empêcher l’humidité de s’infiltrer. Le toit est recouvert d’ardoises et les cheminées ont des dispositifs empêchant la fumée de refouler. Toutes les pièces à l’étage ont un plancher d’ardoise, les pièces du rez de chaussée sont la salle de séjour, la cuisine et les dépendances. A l’étage se trouvent la chambre de Dorothy, le bureau de William, les chambres des enfants ainsi qu’une chambre d’invités.
Le jardin et le verger prenaient une grande place dans la vie familiale, ils ont retrouvé toute leur splendeur.
En 1891 fut créé le Wordsworth Trust afin de préserver Dove Cottage. En 1981 un musée ouvre ses portes ainsi qu’une bibliothèque qui peut s’enorgueillir de posséder, encore de nos jours, la plus importante collection de manuscrits, livres et peintures, consacrée au Romantisme Britannique.
En 2004 pour remplacer l’ancienne bibliothèque, Jerwood Center fut créé. Il est doté d’équipements modernes facilitant la conservation des oeuvres ainsi qu’un département recherche.
Rydal Mount (1813 – 1850)
Rydal Mount, au coeur de Lake District, surplombant le lac Windermere et la rivière Rydal, fut la dernière demeure de William Wordsworth, il y vécut de 1813 à 1850.
La maison qui appartient encore de nos jours aux descendants du poète a su conserver son atmosphère de maison familiale et a très peu changé depuis l’époque où William et sa famille y vécurent.
Ils louaient cette demeure à Lady Le Fleming qui habitait la maison voisine Rydal Hall.
On peut visiter les chambres de William et Mary, Dorothy, et Dora, ainsi que le bureau de William situé dans le grenier. La maison possède de nombreux portraits de famille, des objets personnels et de nombreuses premières éditions des recueils du poète.
La salle à manger située dans une partie de la maison datant de l’époque Tudor date de 1574 et contraste avec les grandes pièces que sont les salons et la bibliothèque, qui ont été rajoutées en 1750.
Wordsworth aimait la nature, il passait des heures à façonner son jardin. Les quatres acres sont restés tels qu’il les avait conçus. On y trouve des arbustes rares, des cultures en terrasse , de la pelouse, des bassins et un tertre antique. Ce tertre date du 9ème sicèle, c’est là que l’on érigeait un feu qui servait de balise frontière.
A la belle saison, les jonquilles, les jacinthes et les rhododendrons éclatent en une palette de couleur spectaculaire. De la maison la vue sur la rivière Rydal est splendide.
A la mort de sa fille Dora, en 1847, William et sa femme plantèrent dans un champ des milliers de jonquilles à sa mémoire. Le Dora’s Field, appartient de nos jours au National Trust. Aux jonquilles, succèdent en avril les jacinthes.
Procurez vous des ouvrages de William Wordsworth
LOCALISATION DES MAISONS :
Un site qui allie goût de la littérature et plaisir des maisons. Et ce post donne envie d’aller faire un tour du côté du Lake District !
Je ne connais absolument pas ce poète ! (smiley qui rougit). Il faut dire que j’ai d’énormes lacunes dans cette branche de littérature….
Dove Cottage me plait beaucoup et j’y finirais volontiers mes vieux jours.
Bon, je vais essayer de trouver quelque chose à lire du père William.
Merci Alexandra !!! Cela fait toujours plaisir de voir des visiteurs charmés 🙂
Pour toi LF, le poème le plus connu de William, tu l’as déjà lu, je l’ai posté dans mon « cercle » 😉
I wandered lonely as a cloud
That floats on high o’er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils;
Beside the lake, beneath the trees,
Fluttering and dancing in the breeze.
Continuous as the stars that shine
And twinkle on the Milky Way,
They stretched in never-ending line
Along the margin of a bay:
Ten thousand saw I at a glance,
Tossing their heads in sprightly dance.
The waves beside them danced, but they
Out-did the sparkling waves in glee:
A Poet could not but be gay,
In such a jocund company:
I gazed–and gazed–but little thought
What wealth the show to me had brought:
For oft, when on my couch I lie
In vacant or in pensive mood,
They flash upon that inward eye
Which is the bliss of solitude;
And then my heart with pleasure fills,
And dances with the daffodils.
Et une traduction, mais forcément moins puissante :
J’errais solitaire comme un nuage
Qui flotte au-dessus des vallées et des monts,
Quand tout-à-coup je vis une nuée,
Une foule de jonquilles dorées ;
À côté du lac, sous les branches,
Battant des ailes et dansant dans la brise.
Drues comme les étoiles qui brillent
Et scintillent sur la Voie lactée,
Elles s’étendaient en une ligne sans fin
Le long du rivage d’une baie :
J’en vis dix mille d’un coup d’œil,
Agitant la tête en une danse enjouée.
Les vagues dansaient à leurs côtés ; mais
Elles surpassaient les vagues étincelantes en allégresse :
Un poète ne pouvait qu’être gai,
En une telle compagnie :
Je les contemplais, les contemplais mais pensais peu
Au présent qu’elles m’apportaient :
Car souvent, quand je m’allonge dans mon lit,
L’esprit rêveur ou pensif,
Elles viennent illuminer ma vie intérieure
Qui est la béatitude de la solitude ;
Et mon cœur alors, s’emplit de plaisir
Et danse avec les jonquilles.
La seconde maison qui ressemble à une chaumière et ses charmilles sont magnifiques, on irait bien danser avec les jonquilles !
Continue de nous dénicher d’autres pépites 😉
Ce blog est splendide et merci pour la ballade photographiques, j’avais le sentiment d’être ailleurs.
Je ne connais pas non plus ce poète mais je vais me reprendre car j’aime énormément la poésie.
Merci Diane, très beau compliment venant de toi !
Bonjour,
reviendrez-vous ? j’apprécie beaucoup votre blog, il y a longtemps que je ne vous ai pas lu…
à bientôt
Claude
Après plusieurs mois d’absence, l’envie de reposter est revenue, j’espère vous procurer encore quelques bons moments de lecture…