Maisons d écrivains

David Herbert Lawrence – Eastwood et Kiowa Ranch

Biographie de David Herbert Lawrence

 

David Herbert Lawrence

« Malgré tout ce que la vie peut réserver, malgré les horreurs dont les hommes sont responsables, le monde est merveilleux, magique, un lieu digne de tous les émerveillements, totalement stupéfiant. »

Né le 11 septembre 1885 dans la petite ville minière d’Eastwood dans le sombre pays minier du Nottinghamshire, au centre de l’Angleterre, David Herbert est l’avant-dernier de cinq enfants. Son père, Arthur John Lawrence, un mineur plutôt frustre et violent avait séduit par sa prestance, Lydia Beardsall une ancienne institutrice issue d’une famille bourgeoise. Celle-ci possédait une éducation bien supérieure à son mari et c’est elle qui a transmis au jeune David Herbert l’amour des livres et la volonté de s’éléver dans l’échelle sociale. David Herbert était profondément attaché à sa mère et celle-ci l’a toujours protégé, en partie çà cause de sa santé fragile, alors qu’à l’inverse il a toujours eut plutôt honte de son père violent et alcoolique.

Son enfance est marquée par la pauvreté et par les conflits permanents existant entre ses parents. Il fut durablement marqué par la différence sociale qui existait entre eux. Dans une lettre de 1910 au poète Rachel Annand Taylor, il écrivit : « Leur mariage fut un combat charnel, sanglant. Je suis né en haïssant mon père : d’aussi loin que je puisse m’en souvenir, je frissonnais d’horreur quand il me touchait ». 

David Herbert étudie au Nottingham High School, mais en sort à l’âge de seize ans pour gagner sa vie comme apprenti dans une fabrique d’accessoires chirurgicaux où il fut, lors de l’hiver 1901, malmené et dénudé par des ouvrières (scène relatée par Henry Moore et qui a profondément marqué le jeune homme). Peu après il démissionne de cet emploi pour raison de santé. Une bourse lui permet de passer deux ans à l’université de Nottingham, il en sort diplômé en 1905 et devient instituteur à la Davidson Road School à Croydon, un faubourg du sud de Londres (1908-1911).

Jeune homme sensuel ne pouvant s’épanouir que dans la recherche des plaisirs et poussé par sa santé fragile à désirer ardemment jouir de l’existence, il s’adonne avec passion à la littérature. Quelques-uns de ses poèmes présentés par Jessie Chambers (son amie d’enfance), à Ford Madox Ford, furent édités, en 1909, dans sa revue, « The English review ». Jessie Chambers et David Herbert s’étaient rencontrés en 1901, elle était la fille d’un fermier des environs et habitait à Haggs Farm. David Herbert se rendait souvent chez la jeune fille et ensemble il faisaient de longues promenades et parlaient de leurs lectures communes (Baudelaire, Verlaine, Nietzsche…) C’est cette ferme, cette jeune fille et sa famille qui sont évoqués dans son premier roman « Le Paon Blanc » publié en 1911.

En 1910, sa mère est emportée par un cancer. David Herbert l’avait aidée à mourir en lui administrant une surdose de somnifère. Cette disparition le plonge dans un deuil dont il n’allait jamais sortir.

En 1912, un nouvel accès de pneumonie contraint Lawrence à abandonner l’enseignement. Lui, qui a été profondément affecté par la mort de sa mère trouve un substitut à cette figure maternelle  en la personne de Madame Weekley de 6 ans son aînée  (dans une lettre de 1918 à Katherine Mansfield, il la qualifie de « nouvelle mère dévorante »). Entre eux le coup de foudre est immédiat. Bien qu’elle soit mariée à un de ses anciens professeurs de Nottingham (elle est née baronne Frieda von Richthofen et est la sœur de l’aviateur Freiherr Manfred von Richthofen), Frieda n’hésite pas à abandonner son mari et ses trois enfants, pour s’enfuir avec David Herbert  en Bavière puis en Autriche, en Allemagne et en Italie.

En 1914, le divorce de Frieda est enfin prononcé, David Herbert l’épouse le 13 juillet de cette même année. 1914 voit aussi le début de la Première Guerre mondiale, David Herbert est réformé à cause de ses poumons fragiles. Le couple est forcé de rester en Angleterre,  on refuse de leur délivrer des passeports. L’antinationalisme et de l’antimilitarisme de David Herbert, ajouté à l’origine allemande de Frieda, fait que le couple est l’objet de nombreuses tracasseries, des suspicions d’espionnage planent même sur eux.

C’est en 1915 qu’il publie son roman « L’arc-en-ciel ». À travers l’histoire de trois générations de femmes, Lydia, Anna et Ursula, D. H. Lawrence livre le premier volet de sa grande fresque des femmes amoureuses. Dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, en pleine mutation, qui, progressivement, passe d’un monde rural à la société industrielle, Ursula Brangwen réalise enfin les aspirations de sa mère et de sa grand-mère, et incarne une jeune femme moderne accédant enfin à la pleine conscience d’elle-même. Le roman est immédiatement censuré et interdit, en raison « d’outrances » qui paraissent aujourd’hui bien timides. Lawrence n’a de cesse de « proclamer que les mystères et les passions de la chair sont aussi sacrés que les mystères et les passions de l’esprit ».

En 1919 une fois la guerre terminée, le couple est enfin libre de ses mouvements et part s’installer en Sicile jusqu’en 1921. Lawrence termine son roman « La verge d’Aaron » qui aborde le thème de l’amitié entre hommes mais aussi l’art, l’amour, la fausseté de la guerre, la vanité du monde, la misère sociale. Il rédige aussi « Sardaigne et Méditerranée » qui relate le voyage de David Herbert et Frieda en Sardaigne. Il y décrit une île indomptée avec des paysages qui s’étalent à l’infini et des personnages encore reconnaissables aujourd’hui. Puis viennent les « Etudes sur la littérature classique américaine » suivies de deux livres « philosophiques » : « Psychanalyse et Inconscient » et « Fantaisie de l’inconscient ». C’est aussi en Sicile qu’il écrit bon nombre des poèmes composant le recueil « Oiseaux, Bêtes et Fleurs » .

Entre 1923 et 1925, David Herbert et Frieda séjournent au Nouveau-Mexique à Taos dans une maison (Kiowa ranch), que la romancière new yorkaise Mabel Dodge Luhan, leur avait donné en échange du manuscrit original « Amants et fils ». L’écrivain est  très impressionné par les religions ancestrales des Indiens, et cherche à explorer les possibilités de régénération de l’homme blanc par un retour au sacré primitif. Il croit pouvoir, dans la fusion religieuse du Christ et du dieu Quetzalcoat, s’approcher au plus près de l’harmonie naturelle du corps et de l’âme à laquelle il aspire. En 1925, Lawrence et Frieda rentrent en Angleterre. C’est à ce moment là qu’il devient le centre d’un groupe d’admiratrices qui se considéraient comme ses disciples, et dont les querelles pour retenir son attention sont restées légendaires.

En dépit de ses dénégations, les symptomes de la tuberculose dont il devait finalement mourir en 1930, devinrent de plus en plus présents dès 1925.

En 1928 « L’amant de Lady Chatterley » est publié à Florence en Italie. L’histoire du roman est celle d’une jeune femme mariée, Constance, Lady Chatterley, dont le mari, propriétaire terrien, est devenu paralysé et sexuellement impuissant. Une vie monotone, un mari indifférent et la frustration sexuelle poussent Constance à entamer une liaison avec le garde-chasse, Oliver Mellors. Quand le roman se termine, Constance attend un enfant de Mellors. Ils sont provisoirement séparés en attendant d’obtenir le divorce de leurs conjoints respectifs. Le roman est le récit de la rencontre de Lady Chatterley et d’Olivier Mellors, d’un difficile apprivoisement, d’un lent éveil à la sensualité pour elle, d’un long retour à la vie pour lui… ou comment l’amour ne fait qu’un avec l’expérience de la transformation.

Ce roman n’a pu être imprimé au Royaume Uni qu’en 1960, longtemps après la mort de l’auteur (1930). Lawrence avait envisagé d’intituler son livre « Tenderness » (Tendresse), et il a fait d’importants changements au manuscrit original afin de le rendre plus accessible aux lecteurs. La publication du livre a provoqué un scandale en raison des scènes explicites de relations sexuelles, de son vocabulaire considéré comme grossier et du fait que les amants étaient un homme de la classe ouvrière et une aristocrate.

Lors de la première publication au Royaume Uni en 1960, le procès des éditeurs, Penguin Books, sous le coup de la loi sur les publications obscènes (Obscene Publications Act) de 1959, fut un événement public et un test pour cette nouvelle loi qui venait d’être promulguée à l’initiative de Roy Jenkins. Cette loi permettait aux éditeurs de textes « obscènes » d’échapper à la condamnation s’ils pouvaient démontrer que l’œuvre en question avait une valeur littéraire. Dans le cas de ce roman, un des arguments de l’accusation était le fréquent usage du verbe fuck et de ses dérivés. Divers critiques universitaires, y compris E.M Forster, Helen Gardner et Raymond Williams, furent convoqués comme témoins, et le procès se termina sur un verdict d’acquittement. Le procès fit jurisprudence pour ouvrir la voie à une plus grande liberté d’expression  dans le pays.

David Herbert, dont les derniers poèmes contiennent des méditations profondes sur la mort et la renaissance, passa les derniers mois de sa vie à la Villa Beau Soleil à Bandol dans le Var. Sa tuberculose s’aggravant, iI fut admis au sanatorium « Ad astra » de Vence où il mourut le 2 mars 1930 à l’âge de quarante-cinq ans. Lors de ses obsèques, Frieda et ses amis lui dirent : « Good bye, Lorenzo ! » , sa tombe, dans le cimetière de Vence, face à la Méditerranée qu’il aimait tant, fut recouverte de mimosas. Le 13 mars 1935, son corps fut exhumé, et incinéré, ses cendres furent déposées dans une petite chapelle que Frieda fit construire dans leur « Kiowa ranch » à Taos, au Nouveau-Mexique, où elle s’établit, épousant en 1950 Angelino Ravagli, un ancien officier de l’infanterie italienne avec lequel elle avait noué une intrigue en 1925. Elle mourut en 1956.

 

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D.H. Lawrence fut un être complexe, puissant, dur et dominateur, un esprit rebelle et profondément polémique dont l’oeuvre reflète sans aucun doute son inadaptation au monde.

Comme bon nombre d’auteurs, il s’inspira de ses expériences. Il a semblé écrire sur tout ce qui lui arrivait dans sa vie personnelle. La disparité entre les statuts sociaux de ses parents tout comme entre lui et Frieda imposa le motif récurrent dans sa fiction de la nécessité de combler les différences sociales et affectives et sa conception d’une femme socialement et intellectuellement supérieure, souvent frigide, parfois fatalement sensuelle, Circé détruisant l’homme-proie. Dans son oeuvre, les couples ne se mesurent que pour combattre sa tendance vers un amour-anéantissement ayant la mortelle saveur de l’attachement maternel. On soupçonne que la peur de la femme, causée par l’emprise de la mère d’abord, par celle de Frieda ensuite, contribua à renforcer chez lui la crainte et la haine du matriarcat et le sentiment de la vitale nécessité de le fuir dans l’amitié masculine, amitié ambiguë à laquelle ses amis ne pouvaient répondre comme il l’aurait souhaité. Il eut aussi le souci angoissé et croissant de réhabiliter un père trop hâtivement jugé dans l’adolescence.

Prodigieux précurseur dans la découverte du moi, il ne cessa d’explorer ces profondeurs que la psychologie moderne s’applique à scruter : rôle de l’inceste et de l’oedipe, de la bisexualité et de l’ambivalence. Il écrivit : « Nous devons être suffisamment conscients, et conscients de nous-mêmes, pour connaître nos propres limites et sentir en dedans et au-delà de nous un plus grand élan. Alors nous cesserons d’être principalement centrés sur nous-mêmes. Nous apprendrons alors à nous laisser aller dans tous nos centres affectifs, à ne jamais forcer notre sexe. Alors nous pourrons procéder au grand assaut contre le mensonge extérieur, ayant vaincu le mensonge intérieur. Telle est la liberté, et la lutte pour la liberté. » ( »Pornographie et obscénité »).

Dans une période influencée par Freud et Nietzsche, il défendit la force des instincts, des émotions, la force vitale, la spontanéité, la sexualité. Sa façon franche et honnête de décrire les relations sexuelles entre les hommes et les femmes, de traiter de la sexualité, le rendit très populaire auprès de lecteurs qui connaissaient des problèmes sexuels et vivaient des intrigues amoureuses. Il appela de ses voeux une renaissance à partir de la réintégration de la sexualité dans la société, de l’attention portée au subconscient primitif, à l’intuition, à la « conscience du sang » (« Ce que le sang ressent, et croit, et dit, est toujours vrai »), et de l’éveil au sentiment de l’appartenance à la nature. L’être humain ne serait vraiment lui-même que dans une sorte de barbarie éclairée où il retrouverait les vraies valeurs religieuses et primitives du paganisme et du panthéisme, et conserverait sa maîtrise grâce à « l’amour-phallique ». Pour lui, la résurrection est d’abord celle de la chair, et il fait de la femme la médiatrice de cette révélation.

Mais, du fait de ses opinions troublantes sur la sexualité (le plaisir nu remporterait la victoire sur la honte), la virilité (il prônait un respect mystique pour le phallus des cultes dionysiaques des Grecs antiques, un « culte phallique » devant supplanter « l’asexualité chrétienne » dans le mépris des conventions) mais aussi la démocratie, les races, etc., il resta incompris d’un grand nombre de ses contemporains, eut beaucoup d’ennemis. On le prit pour un érotomane, on le taxa de pornographie, alors qu’aujourd’hui ses romans paraissent à peine érotiques, on souleva des controverses, on suscita des affaires de censure largement publicisées, on organisa une persécution officielle, on interdit certains de ses ouvrages. L’influent T. S. Eliot participa dans une grande mesure à répandre l’idée qu’il était un écrivain « sans moralité » (dans  »After strange gods »). Aussi, se décrivant lui-même comme un « pèlerin sauvage », il passa volontairement en exil la seconde partie de sa vie.

Il réfléchit aussi sur les effets déshumanisants de la modernité et de l’industrialisation, civilisation de la laideur et du matérialisme qui met l’accent sur les facultés intellectuelles à l’exclusion des instincts naturels et physiques, qui a faussé la perception que nous avons de la réalité, qui a créé des frustrations et des dérèglements. Il opposa au « monde mécanique » un « monde organique » ou « phallique » où la « tendresse », c’est-à-dire une sexualité dépourvue de culpabilité, pourrait apporter un remède. Pour lui, l’être humain est perverti non pas par le mal et le péché mais par le corset de fer que lui impose la société appuyée sur des fondations morales aussi hypocrites que malfaisantes. En fait, puritain à sa façon, il réclamait une « purification » de l’humanité au besoin sous un dirigeant surhumain. S’il fut parfois envahi par le pessimisme (« L’humanité n’a jamais dépassé l’étape de la chenille, elle pourrit à l’état de chrysalide et n’aura jamais d’ailes »), il fut plutôt le prophète de l’apparition d’un nouvel âge qui verrait le retour à un mode de connaissance à la fois ancien et nouveau qui, loin de se confondre avec une prise de conscience mentale, se développerait dans une zone d’obscurité soigneusement maintenue où triompherait le sexe, la magie, le mystère, le sang.

Il recommanda : « Cherchons la vie où on peut la trouver. Quand nous l’aurons trouvée, la vie résoudra tous les problèmes ». Il affirma : « La vie n’est supportable que quand le corps et l’esprit sont en harmonie et qu’un équilibre naturel s’établit entre eux et que chacun des deux a pour l’autre un respect naturel ». Il proclama : « La seule raison de vivre qui est d’être pleinement vivant ».

Très prolifique, il rédigea plus d’une quarantaine d’ouvrages très divers :
– des poèmes (près de mille) pareils à des cris, parmi lesquels ses évocations de la nature ont eu une influence significative sur de nombreux poètes des deux côtés de l’Atlantique. Il croyait qu’écrire de la poésie était une façon immédiate, brute et vraie d’accéder à la mystérieuse force intérieure qui l’animait. Beaucoup de ses poèmes les plus aimés portent sur la vie physique et interne des plantes et des animaux ; d’autres sont amèrement satiriques et expriment son rejet du puritanisme et de l’hypocrisie de la société anglo-saxonne conventionnelle ;
– des romans dont l’aubiographie et l’auto-analyse ne sont jamais absentes, qui sont écrits dans une prose lyrique et sensuelle qui a presque un ton biblique ;
– des nouvelles qui illustrent de façon cruelle et incisive la guerre des sexes ;
– des écrits de voyage où le lecteur trouve toujours, réunis en une étonnante symbiose, le génie du lieu et le reflet d’une personnalité puritaine et déchirée ;
– des essais critiques et philosophiques qui explicitèrent la leçon des romans, le moraliste s’interrogeant sur lui-même par le biais des autres ;
– des lettres, son importante correspondance ayant été réunie par Aldous Huxley qui la tenait pour exceptionnelle.

À sa mort, sa réputation de pornographe masqua son véritable talent. À la suite d’Aldous Huxley, Edward Morgan Forster, dans une nécrologie, contesta cette perception, le décrivant comme « le plus imaginatif des romanciers de notre génération ». Sa réhabilitation débuta dans les années 1950, notamment grâce à l’influent critique de Cambridge F. R. Leavis qui mit en avant son intégrité artistique et son sérieux moral situant la plupart de ses œuvres de fiction dans la « grande tradition » du roman anglais.

Aujourd’hui, bien que quelques féministes aient mis en cause certains de ses propos sur les femmes et la sexualité, on voit en lui l’un des écrivains anglais du XXe siècle les plus originaux et les plus controversés ; l’un des rénovateurs de la fiction contemporaine qui sentit le lien profond existant entre esthétique, sexualité et idéologie ; un penseur visionnaire.

André Durand.

 

Eastwood sa ville natale

Eastwood, banlieue de Nottingham, est située dans l’est des Midlands en Angleterre. Nottingham est l’une des rares grandes villes industrielles de Grande-Bretagne à avoir un passé médiéval et un passé pré-industriel important. Eastwood était une ville minière, pas moins de 10 mines de charbon étaient en action à la grande époque et la plupart des hommes habitant les environs y travaillaient. 

C’est le 11 septembre 1885 que David Herbert Lawrence naît à Eastwood, d’un père mineur alcoolique et d’une mère mal mariée, avide de voir ses enfants se promouvoir socialement, au 8a Victoria Street. 

Trois lieux sont à visiter à Eastwood :

    •  La maison natale et son musée (Birthplace Museum)
    •  Le centre du patrimoine (Heritage Center : Durban House)
  •  La ligne bleue (Blue line trail)

* La maison natale :

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La maison de Victoria Street est la première des quatres maisons habitées par la famille à Eastwood. Elle a été restaurée et l’atmosphère à l’époque de l’enfance de David Herbert a été recréée. C’est une maison typique de la classe ouvrière de l’époque. Deux pièces en haut, deux pièces en bas, elle semble bien petite pour avoir abrité une famille de cinq enfants. Les garçons dormaient dans le grenier, et une tout petite cour se trouvait à l’arrière de la maison.

En poussant la porte de cette maison on se retrouve à l’époque victorienne. La papier peint floral a été reproduit à partir d’un morceau d’origine retrouvé dans la maison. Les meubles ont appartenu à Lydia, la mère de David Herbert, de même que les tapis. Tout fait que l’on se croit réellement dans l’habitat originel de la famille Lawrence.  On peut également y admirer quelques unes des aquarelles de David Herbert.

Une présentation audiovisuelle évoquant l’enfance de l’écrivain ainsi qu’ une boutique de souvenirs victoriens et de livres, complètent la visite.

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* Heritage Center : Durban House

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A cinq minutes à pied de la maison natale, se trouve l’Heritage Center, Durban House dans Mansfield Road. Ce bâtiment datant de 1876 abritait autrefois les bureaux de la compagnie de charbon Barber, Walker & Co. C’est dans ces bureaux que le jeune David Herbert allait récupérer les salaires de son père.

Le bâtiment a ensuite été divisé en appartements pour les gestionnaires de l’entreprise, mais dans les années 1980 il est tombé en désuétude. Le conseil local a racheté la propriété en 1995, l’a rénové et lui a redonné son ancienne gloire et ouvert en 1998  le Centre du patrimoine : Durban House.

Ce centre célèbre aussi bien l’écrivain que son mode de vie, enfant de mineur. Un mode de vie qui sera la base de son roman Sons and Lovers (Amants et Fils). Le centre recrée l’univers minier, et contient quelques perles rares telles que les copies du livre de l’auteur, Lady Chatterley’ s Lover (L’Amant de Lady Chatterley), utilisées lors du procès Penguin. On y trouve également une galerie d’art et un restaurant.

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* La ligne bleue (Blue line trail)

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La ligne bleue relie la Durban House aux quatres autres maisons de la famille Lawrence ainsi que d’autres sites clefs à Eastwood.

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1 – Durban House

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2 – Princes Street

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3 – The Mechanic’s Institut

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4 – DH Lawrence Birthplace Museum

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5 – Congregational Chapel & British School

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Ces bâtiments n’existent plus de nos jours.

6 – The Breach House : 28 Garden Road

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7 – Lyncroft House : 97 Lyncroft

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8 – Walker Street House

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9 – Three Tuns Pub

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The David Herbert Lawrence Literary Trail est composé de 14 plaques enchassées dans le sol faisant le tour de la bibliothèque d’Eastwood. En leur centre, elles possèdent toutes une citation de David Herbert Lawrence.

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Kiowa ranch – Nouveau Mexique

Mabel Dodge Sterne Luhan née Ganson (1979-1962) – Native de Buffalo aux États-Unis, fille d’un riche banquier. Elle a tout d’abord épousé Carl Evans, puis devenue veuve le riche architecte Edwin Dodge. Le nouveau couple s’est établi en Italie.

Mabel Dodge a tout d’abord, de 1905 à 1912, tenu un salon à Florence dans une demeure construite pour les Médicis. Elle se costumait en belle de la Renaissance pour recevoir des personnalités célèbres dont : Arthur Rubinstein, Aldous Huxley, André Gide, le frère de Mabel Leo Ganson, Alice B. Toklas, John Reed, Robert Jones, Carl Van Vetchen et Gertrude Stein.

De 1912 à 1914, Mabel Dodge a tenu à Greenwich Village (quartier résidentiel de l’arrondissement de Manhattan à New-York) , un salon au 25 de la 5e Avenue, rendez-vous de la culture parallèle new-yorkaise: artistes, intellectuels, criminels, clochards, millionnaires, fonctionnaires, doux rêveurs, poètes, laissés pour compte, suffragettes ou demi-mondains dont : Louise Bryant, Carl Van Vechten, Charles Demuth, John Reed, Lincoln Steffens, Max Eastman, Peggy Guggenheim, Walter Lippmann, Margaret Sanger, l’apôtre du contrôle des naissances; Bill  Haywood et Emma Goldman.

Son compagnon de route du moment, un journaliste d’âge mur, Hutchins Hapgood qui partageait ses élans mystiques, l’a initié à la fréquentation de cette faune atypique.

Dans cet îlot d’anti-conformisme tenu par l’excentrique hôtesse en peplum et enturbannée, l’exploité pouvait dire son fait au richard, l’hurluberlu pouvait exposer ses savantes élucubrations, certains esprits se déconstipaient… Et les participants revenaient à ces soirées, car ils en redemandaient. Des expériences de liberté sexuelle totale furent tentées. Certains essayèrent des drogues mexicaines. Par malchance, quelques habitués eurent maille avec les autorités.

L’arrivée de la Première Guerre mondiale a vu l’arrivée une vague de méfiance qui rendit le climat intenable et Mabel déménagea à Taos, dans l’état américain du Nouveau Mexique où elle reçut la visite d’innombrables célébrités culturelles. Son carnet de visites comprenait entre autres:  Leopold Stokowski, Jaime de Angulo, Paul Strand, Rebecca Salsbury, Nicolai Fechin, Marsden Hartley, Ansel Adams, Karl Jung, John Marin, Charles Collier, Ezra Pound, Violette Shillito, Edmund Wilson, Mary Austin, Willa Cather, Dorothy Brett, Georgia O’Keeffe, Greta Garbo, Robinson Jeffers, Jean Toomer, Thomas Wolfe, Leo Stein, Witter Bynner et Thornton Wilder. 

C’est à Taos que Mabel se marie avec un indien pueblo, Tony Luhan.

En février 1922, répondant à l’invitation de Mabel Dodge, riche américaine qui a pris connaissance des œuvres de Lawrence et souhaite le voir écrire sur le Nouveau-Mexique, David Herbert et Frieda embarquent pour les États-Unis, en passant par le Pacifique. Ils font escale à Ceylan, en Australie – d’où Lawrence tirera la matière de ses romans Kangaroo (Kangourou, 1923) et The Boy in the Bush (Jack dans la brousse, 1924) – ainsi qu’en Nouvelle-Zélande et à Tahiti. En septembre, ils débarquent sur le continent américain, où ils demeureront jusqu’en 1925.

Mabel pensait que Lawrence serait le porte parole idéal pour la civilisation utopique qu’elle voulait créer. En effet celle-ci rêvait d’établir à Taos une nouvelle civilisation américaine basée sur la redistribution des richesses. Mabel pensait que l’écrivain était le seul qui pouvait vraiment voir Taos et ses habitants les indiens et ensuite retranscrire le tout dans un livre et le rendre aussi vivant que la réalité. Elle tenait absolument à ce qu’il vienne avant que la région ne soit exploitée et gâchée par la civilisation.

Bien que ce livre n’ait jamais vu le jour, c’est bien pendant son séjour que Lawrence a écrit ses plus beaux essais, poèmes et romans, tous rendant compte de la mysticité du lieu.

Pour David Herbert, comme pour la plupart des visiteurs de Mabel, la maison était une véritable oasis ausi bien physique que spirituelle. « Je pense que le Nouveau-Mexique a été la plus grande expérience du monde extérieur que je n’ai jamais eue. Il m’a certainement changé pour toujours ».

La présence de Lawrence a aussi changé la vie de Mabel qui publie en 1932 « Lorenzo à Taos » un roman sous forme de lettres adressées et reçues de David Herbert, Frieda et Robinson Jeffers avec des références à Dorothy Brett et Spud Johnson entre autres. Ce livre est une mine d’informations sur la relation intense entre l’écrivain et Mabel, et de nos jours il sert encore de référence. Ce livre a fait croître la notoriété de Mabel et plus tard elle publiera une série de souvenirs intimes : « European Experiences » (1935), « Movers and Shakers » (1936), « Edge of Taos Desert » (1937) ainsi que « Winter in Taos » (1935) et « Taos and Its Artists » (1947).

En mars 1924 Mabel offre à Lawrence et sa femme un ranch qu’elle possédait à 20 miles (32 km) de Taos dans les montagnes Lobo. Une petite propriété de 160 acres (65 hectares) connue sous le nom de Kiowa Ranch, parce que les indiens Kiowa avaient utilisé un sentier traversant la propriété lors de leur rencontre avec les indiens Pueblo le long du Rio Grande.

Situé à 8600 pieds (2600 mètres) d’altitude, le ranch a été créé à la fin des années 1880 par un colon, John Craig. En 1893, il a vendu le ranch à Marie et William L. McClure qui y élévait des chèvres angora. Luhan a acheté le ranch des McClures mai 1920.

Eternel voyageur  Lawrence n’avais jamais eu (et n’aura plus jamais) de logis fixe et personnel. Toujours de passage chez l’un ou l’autre de ses nombreux amis ou dans des locations qui s’inscrivent dans un budget aléatoire, dépendant des droits d’auteur.  David Herbert a des goûts modestes, sans doute dus à ses origines, et il ne rechigne pas devant les tâches ménagères et les contraintes du quotidien. Tous les témoins, ceux qui ont partagé sa vie, ne manquent pas de souligner qu’il était un parfait « homme d’intérieur ». Le ranch donné par Mabel donne bien la mesure de cette modestie. Il y aura vécu seulement cinq mois mais ce séjour le marqua profondément, l’immensité et la beauté sauvage du lieu font partie intégrante de ses écrits du moment : « St Mawr » et « Le serpent à plumes ».

Le ranch comportait deux logements et une petite grange, tout ces bâtiments étaient dans un état de délabrement avancé. Lawrence avec l’aide de trois indiens pueblo de Taos à passé les mois de mai et juin 1924 à restaurer les bâtisses. David Herbert et Frieda occupaient la plus grande des deux bâtisses qui se composait de trois pièces, un espace cuisine/salle à manger, une grande salle centrale et une chambre, tandis que Dorothy Brett occupait la deuxième et plus petite bâtisse.

Un immense pin se dressait devant la maison et c’est là, sous ce pin, sur une petite table, que David Herbert passaiut ses matinées à écrire. En 1929, cinq ans après le départ de Lawrence du Nouveau Mexique, l’artiste Georgia O’Keeffe a passé plusieurs semaines à Kiow Ranch et a peint sa célèbre toile « The Lawrence tree » actuellement propriété du Wadsworth Athenaeum à Hartford dans le Connecticut.

En 1930, Lawrence meurt de tuberculose en France à Vence. Frieda retourne vivre à Kiowa Ranch avec son amant, devenu son mari, Angelo Ravagli. En 1934, elle envoît celui-ci à Vence pour faire exhumer et incinérer le corps de David Herbert afin de ramener ses cendres au ranch pour les placer dans un mémorial qu’elle avait fait construire sur une colline surplombant le ranch. Il y a toujours eu une certaine rivalité entre Frieda, Mabel et Dorothy et plusieurs « histoires » circulent au sujet des cendres de David Herbert, mais la plus communément admise est que Mabel et Dorothy voulaient que les cendres soient dispersées sur tout le ranch et que Frieda tenait à ce mémorial, alors Frieda a jeté les cendres dans une brouette contenant du ciment humide en s’écriant « maintenant voyons comment elles vont voler »… Ce ciment a finalement été utilisé pour façonner l’autel du mémorial. Un autel simple avec au centre les initiales DHL falnquées de feuilles vertes et de fleurs jaunes. au sommet de l’autel, une statue de phoenix, le symbole de Lawrence.

Frieda qui est décédée en 1956 a souhaité être enterrée au ranch. Sa tombe, marquée d’une simple croix se trouve à l’extérieur du mémorial sur la gauche. Six mois avant sa mort, elle a légué le ranch à l’Univesité du Nouveau Mexique, à la condition expresse que celui-ci soit utilisé à des fins éducatives, culturelles et récréatives.

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Maison de David Herbert et Frieda :

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L’arbre de Lawrence et la peinture de Georgia O’Keeffe

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Maison de Dorothy Brett :

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Lawrence Memorial :

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Mabel Dodge, Frieda, Dorothy Brett

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David Herbert et Frieda

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DH Lawrence à Nottingham – Eastwood

Site de l’Université de Nottingham sur DH Lawrence

Site des amis de DH Lawrence

DH Lawrence Ranch

Site de la maison de Mabel Dodge Luhan

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2 Commentaires

  1. lefantasio

    Formidable ! Je n’ai pas d’autres mot pour qualifier ton article. Passionnant, complet et richement illustré. Et bien entendu, comme d’habitude il donne envie de lire (ici de relire) l’écrivain qui fait l’objet de ton billet. Et toutes ces photos qui donnent vraiment l’impression de rentrer dans l’intimité de l’auteur. (On y voit même le pot de chambre sous le lit !:) ) Ici, cette maison ouvrière paraît presque charmante et le quartier propre et paisible sans doute bien différent de l’ambiance qui régnait à l’époque. Un grand merci pour ce nouveau reportage en tout cas. Je reviendrai pour appronfndir…

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  2. pfck (Auteur de l'article)

    Merci mon LF 🙂
    Comme tu le dis si bien à l’époque cela devait être moins « propret », finalement c’est quasi la même période que Jack l’éventreur et ses ruelles sordides et pas si loin de Charles Dickens non plus. Par contre les vastes étendues du Nouveau Mexique sont toujours les mêmes. Quel livre vas tu relire ? 🙂

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